Talence
Avec une histoire très particulière en dents de scie, cette gare va enfin retrouver sa fonction première de recevoir des voyageuses et des voyageurs après bien des vicissitudes.
Le 6 juillet 1841 sous l’impulsion des frères Péreire banquiers de leur état, le grand Sud-Ouest accueille ses premières locomotives à vapeur, mises en fonction sur la ligne historique Bordeaux - La Teste de Buch. Elle compte 19 stations. La Médoquine, à Talence, est la première halte, après le départ de la gare de Ségur située dans Bordeaux, à l’angle des rues de Pessac, des Treuils et de Ségur, Saint-Jean n’existant pas encore. Cette première gare accueillait voyageurs et marchandises, dont les produits de la mer destinés au marché aux poissons de Mériadeck. En 1854 les gares de Ségur et de la Médoquine sont menacées de fermeture suite au choix de Saint jean comme tête de ligne de la liaison Bordeaux - Cette (désormais ecrit Sète depuis 1927). Avec le choix officiel de la gare de Bordeaux Saint-Jean comme gare de Bordeaux en 1855, la Compagnie du Midi ferme la gare de Ségur et la station de la Médoquine au trafic de voyageurs. Tous les trains en direction de La Teste partent désormais de la nouvelle gare Saint-Jean, mise en service la même année.
- Train sans arrêt passant devant la Médoquine
Durant plus d’un demi-siècle, les Talençais mènent une bataille de longue haleine en faveur du rétablissement de leur gare. En parallèle, en 1910, le chantier de la ligne de chemin de fer de ceinture est lancé (jusqu’en 1917). L’objectif est de relier la gare Saint-Jean à la gare terminus Saint-Louis au nord-est de la ville (actuellement le supermarché Leclerc), d’où partent les trains vers le Médoc. La modeste station de Talence se trouve sur ce tracé. La Compagnie du Midi décide alors de construire à cet emplacement, la nouvelle gare La Médoquine-Talence. les trains s’arrêtent en 1921 à nouveau aux quais de la « nouvelle » Médoquine. Désormais dotée d’un service de factage et de camionnage, elle accueille les trains de marchandises. Un mois plus tard, elle rouvre son service de transport de voyageurs. A partir de 1949, progressivement la gare va perdre de son activité d’abord voyageurs puis marchandises pour être définitivement fermée en 2011.
- Gare de la Médoquine fermée
Depuis 2012 parallèlement au développement du transport urbain collectif, la nécessité s’est faite ressentir de rouvrir cette gare délaissée avec une pétition lancée dès 2014 réclamant une gare multimodale et en juillet 2018 une nouvelle pétition , là, lancée par la ville de Talence. Simultanément un projet de RER Métropolitain était en train de germer dans les esprits d’autant que la Médoquine dessert un bassin de vie et d’emplois de près de 150.000 personnes entre les pôles Santé de Carreire-Perens, du quartier de la Médoquine et du pôle Etudes avec le Campus Talence-Pessac-Gradignan. C’est en fait la population à travers ces pétitions qui a obtenu gain de cause après que la SNCF ait validé suite à des études approfondies le bien fondé de cette demande. Ainsi le maire de Talence Emmanuel Sallaberry a pu annoncer la réouverture de la Médoquine à l’horizon 2023 avec la validation officielle de cette réouverture.
- Christophe Duprat, Vice -Président Bordeaux Métropole chargé du transport
Bénédicte Mazières, Directrice Pôle clients et service de SNCF Réseau Nouvelle Aquitaine
Emmanuel Sallaberry, Maire de Talence
Christine Moebs, Présidente de la commission Infrastructures-Transports-Intermodalités-Mobilités de la Région Nouvelle Aquitaine
Alain Cazabonne, maire honoraire de Talence
Pour Alain Cazabonne c’est la conclusion d’années et d’années de travail que la réouverture de cette gare et il a toujours bénéficié de l’appui d’Alain Rousset dans ce combat. A l’horizon 2023 ce seront quatre trains par heure qui desserviront la Médoquine. Christophe Duprat a souligné le chemin parcouru en moins d’un an et il salué le travail d’équipe qui a abouti à ce résultat avec le RER Métropolitain qui desservira Talence sur l’axe Cestas Libourne avant de devenir Arcachon Libourne en 2025 avec 18 gares rails posés et le RER Metropolitain en 2028 qui sera le terme de l’investissement lié au projet avec la Médoquine devenue gare multimodale. L’objectif de transformation de la Médoquine en un pôle multimodale est soutenu par l’idée de proposer des moyens alternatifs à la voiture. Christine Moebs de la Région a précisé que la Métropole et la Région ont maintenant une feuille de route commune et Bénédicte Mazières de la SNCF a apporté toutes les précisions voulues dans le cadre du projet de réhabilitation de la gare.
Ecrit par Bernard Lamarque
Co-fondateur de Bordeaux Gazette