Qui a tué Pollux ?
Au cours d’un séminaire de détente, un assassinat inopiné vient contrarier la zénitude du lieu.
Qui a tué Pollux ? Chapitre 4
Où il faut toujours lire ce qui est inscrit en tout petit !
Nous voilà donc sur la petite péniche qui visiblement plus adaptée aux rivières et autres cours d’eau tranquilles, supportait mal le chahut de l’Atlantique. Je me rendis compte que mon portable avait disparu. J’en parlais à Miranda, la chanteuse psychédélique, qui me dit que c’était une très belle opportunité ; l’occasion de couper les liens avec l’extérieur et de ses mauvaises fréquences pour me recentrer sur moi et mon bien-être. Elle ajouta que c’était un signe de l’univers. Ok en attendant, j’étais bien ennuyée.
Il faut reconnaitre que nous étions bien occupés. Les activités de yoga et musique avaient repris, quelques gongs ayant trouvé leur place dans l’embarcation.
Tout aurait été presque parfait, sauf qu’il fallait endurer le roulis incessant de la mer. J’avoue que je souffre d’un léger mal de mer. Celui qui ne connait pas cette sensation nauséeuse qui donne envie de mourir pour que cela cesse est une personne chanceuse. Mes camarades semblaient faire partie de cela, sauf Carmen qui disparut très vite au fond de sa cabine pour n’en revenir qu’à l’heure des repas, le teint blême et les joues creuses. Il va sans dire qu’elle grignotait à peine avant de courir rejoindre sa cabine. Une nuit et l’après-midi suivante, la mer était enfin plate. Je vis Carmen remonter et s’adresser au staff pour demander si nous allions bientôt arriver pour que s’arrête son calvaire. La voyant se diriger vers Paula, la responsable du groupe et accessoirement la professeure de yoga, je la suivis bien décidée à réclamer des explications. Celles-ci débattaient déjà assez vivement quand je m’approchais.
Vous ne pouvez pas nous dire quand nous allons accoster ?
L’Espagne n’est pas à côté ! imaginez-vous bien qu’il faille ...
Carmen excédée lui coupa la parole :
Pourquoi ne pas nous ramener en fourgon comme à l’allée.
Parce que vous êtes en vacances : soleil zen et Aventure.
Je m’étais tenue à l’écart jusqu’à ces derniers mots :
Comment ça aventure ! dis-je, je n’ai pas vu ça sur la brochure !
Pourtant c’était bien stipulé, cela veut bien dire que vous êtes prêtes à vivre des choses nouvelles ? Ou je me trompe !
Elle sortit le dépliant de sa poche comme si elle s’y était attendue, pour nous montrer de son petit index pointu une ligne minuscule en dessous du titre. En effet il y avait bien Aventure. Carmen s’écria :
Je ne savais pas que nous allions vivre un Escape Game ! mais Pollux c’était de la blague alors ?
Paula sourit. Elle se retourna.
Eh ! Nicolas vient voir, montre à tout le monde qui tu es vraiment.
Nicolas s’approcha et devant notre petit groupe médusé, il se mit à parler comme Pollux avec un petit accent qui n’avait rien à voir avec celui plus pointu du natif parisien. Il sortit d’un sac une perruque hirsute, se débarrassa de sa blonde chevelure qui s’avérait factice, posa sur son crâne chauve la perruque ébouriffée et Pollux, tout frais et tout rigolard apparut.
Mais que sont devenus les autres résidents du séminaire qui n’étaient pas dans le fourgon ?
Ils vivent de leur côté d’autres aventures ! Allons ! nous allons accoster bientôt, rejoignez vos cabines pour préparer vos affaires.
Nous étions tous très perturbés parce que nous venions d’apprendre et qui semblait n’être qu’une bonne blague pour Paula.
La péniche accosta bientôt, mais j’avoue que le lieu ne me disait rien, cela ressemblait à une plage de conte de fées avec du sable fin et, quand je levais les yeux, je reconnus la célèbre et sublime dune du Pyla !
Je voulus demander de qui on se fichait, mais on me répondit que, vu le mal de mer ressenti par certaines personnes, le moyen de locomotion allait changer. Après l’escalade pénible, je constatais que le fourgon qui nous avait amenés était là. Nous y grimpâmes et un pot de réconfort après notre effort nous fut servi. Malgré le soupçon qui commençait à me gagner, je l’appréciais avant de plonger à nouveau dans un sommeil profond.
Quand je repris connaissance, nous étions arrivés. À la descente, je vis que nous avions tous sombré dans le même sommeil. Je fis le lien entre la boisson servie pour nous récompenser de nos efforts et le jus d’orange offert quand Pollux fut, soi-disant, assassiné. Je n’eus pas le temps de débattre sur le sujet, il faisait nuit noire, on nous repoussa dans une maison dans les volets étaient fermés et à peine à l’intérieur on entendit le bruit d’une clef dans la serrure. Je me précipitais pour tenter d’ouvrir la porte.
Impossible ! je compris que nous étions enfermés et je constatais en me retournant qu’il manquait quelqu’un ; ma pote Carmen n’était plus là !

Ecrit par Marie-Laure Bousquet
Rédactrice à Bordeaux-Gazette, elle intervient le plus souvent dans les rubriques sur le théâtre. Elle alimente la rubrique « Et si je vous racontais » avec des nouvelles fantastiques ou d’anticipation. Elle est aussi l’auteure de plusieurs romans : Les beaux mensonges, La fiancée du premier étage, Madame Delannay est revenue, Le voyageur insomniaque, Enfin seul ou presque, Raid pelotes et nébuleuses. D’autres romans sont à venir. https://www.amazon.fr/Marie-Laure-BOUSQUET/e/B00HTNM6EY/ref=aufs_dp_fta_dsk
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