Carmen est revenue !

La jeune femme fut prise en charge par les pompiers et la police qui la dirigèrent vers l’hôpital. Elle avait été retrouvée inanimée dans le parking de la dune du Pyla. Depuis, revenue de ses émotions, elle avait conté une bien étrange histoire.
Léo, le détective chéri de ses dames, comme sa fille, son ex, sa sœur et, en général, toutes les petites grand-mères de la maison de retraite qu’il dirigeait, retrouvait soudain l’espoir en entendant ce témoignage à la télévision. Elle avait l’air fatiguée, les cheveux en bataille, elle avait un peu de mal à parler, à cause de l’effet des soporifiques.

Le centre dans lequel elle était en vacances l’avait abandonné au bord de la route après l’avoir assommé de somnifères dilués dans son jus d’orange. Elle prétendait que d’autres personnes exactement, quatre ; Lia, Sissi, Wendy et Tommy étaient, certainement, séquestrés par cette bande d’assassins de Soleil musique et zen.

Personne ne la crut, car personne n’avait signalé de disparition. De plus, le centre ne fonctionnait plus depuis deux ans.

Mais pour Léo, cela ne pouvait pas être un hasard, le nom du centre correspondait et surtout, le prénom de sa sœur Sissi n’était pas courant. Il fallait qu’ils rencontrent cette femme. Bettina et lui, après avoir passé un coup de fil à leur ami Maximilien, connurent le lieu et quand la rencontrer.

Elle sortait du CHU d’Arcachon quand Léo et Bettina l’abordèrent. Carmen, petite jeune femme rondelette, au teint hâlé, le regard vif, eut un mouvement de recul quand elle vit le couple s’approcher.

 N’ayez crainte, nous sommes de la famille de Sissi. Je suis son frère et voici Mon...ma...mon amie Bettina.

Carmen scrutât Léo des pieds à la tête et parvenue au niveau des yeux, reconnut la petite flamme verte qui brillait aussi dans les yeux de Sissi. Ces deux-là pouvaient bien être de la même famille.

 Vous avez de ses nouvelles ?

 Nous allions vous poser la même question. Son portable ne répond pas depuis un bon moment.

 La dernière fois que je l’ai vue, elle partait en fourgon juste avant que je ne tombe dans les pommes, je veux dire quand je me suis évanouie. Et voilà je me suis retrouvé là sur le trottoir. Ils avaient disparu.
Carmen ne savait où dormir pour cette première nuit, son avion ne partait que le lendemain pour Charleroi depuis Bordeaux. Léo l’invita chez lui.

 Je suis propriétaire d’une maison de retraite, j’ai beaucoup de possibilités de logements ! et j’ai énormément de questions à vous poser.

Elle accepta.

En rentrant chez eux, Léo prit le courrier dans la boite aux lettres. Une longue enveloppe blanche attira son attention. Elle n’était pas timbrée. Il l’ouvrit et lut :
Si vous voulez revoir Sissi, il va falloir payer ! Inutile de vous dire que personne ne doit soupçonner quoi que soit ! Vous êtes surveillés, et cette folle de Carmen ne vous apprendra rien. D’autres instructions suivront. Le logo du centre de vacances trônait au bas de la page.

 Mais comment ... ?

 Comment quoi ? demanda Bettina qui voyait Léo blêmir.

 Ils savent où je suis et tout ce que nous faisons !

 Qui ça ?

 Ceux qui ont enlevé Sissi, maintenant ils veulent une rançon !

Léo se retourna vivement pour voir si quelqu’un les surveillait. Il n’y avait que Robert qui déambulait en clamant des vers de Baudelaire. Le vieil homme ne semblait pas les voir en passant à côté d’eux.

 Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,

Défilent lentement dans mon âme ; l’Espoir,
Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné, plante son drapeau noir.

 Et bien, Monsieur Robert, cela ne va pas fort, on dirait !

 Au contraire, je me porte comme un charme, ce poème est si magnifiquement triste !

Léo se tourna vers Bettina.

 Le spleen, je suis tombé dessus au bac...Il s’arrêta devant la mine interloquée des deux femmes, ah oui, bon, allons au bureau, nous avons à parler.