Qui a tué Pollux ?
Au cours d’un séminaire de détente, un assassinat inopiné vint contrarier la zénitude du lieu. CHAPITRE 7
Une lettre déposée dans la boite de la maison de retraite demandait à Léo une rançon pour délivrer Sissi. Le montant n’était pas fixé, mais la menace réelle, en effet, le petit bracelet en pierres de cristal de roche de sa sœur était inclus dans l’enveloppe...Il le reconnut aussitôt.
...
Pendant ce temps, j’ignorais tout de ce qui se tramait. La porte fut ouverte et le paysage désertique autour de la maison me parut au premier coup d’œil une prison bien plus efficace qu’un mur d’enceinte. Mais je fus rassurée devant la mine calme et enjouée de nos hôtes. Quelque chose d’autre me tourmentait. Je pensais avoir perdu mon bracelet sur le bateau avec mon téléphone qui, après être resté muet lors de la traversée, avait disparu. Ce qui m’inquiétait le plus, c’était la disparition de Carmen. Nous avions bien sympathisé et son départ inopiné sans me dire au revoir me chagrinait un peu. On m’expliqua qu’elle avait reçu un coup de fil de son mari qui lui demandait de revenir très vite à cause de la maladie soudaine de sa mère.
La mère de qui ?
La sienne, celle de Carmen, bien sûr !
Ah bon ! je croyais qu’elle était orpheline.
Quoi ! heu oui, si, bien sûr ! il s’agit de sa mère adoptive.
D’accord.
Tout cela me parut bien étrange étant donné que je savais que celle-ci était morte depuis déjà dix ans... Mais je n’insistais pas, après tout, il s’agissait peut-être d’une erreur. La journée s’écoula tranquillement, enfin, c’est une façon de parler, le matin, huit heures, yoga puis gymnastique, puis musique et repas. Sieste d’une heure et je vous assure que nous étions bien fatigués. L’après-midi, randonnée de deux heures dans les parages où on ne vit pas âme qui vive. Au retour musique, quand je dis musique, tout le monde étendu sur le sol sur des bons matelas et écoute passive de différents instruments, dont les gongs qui avaient la vertu de nous secouer les entrailles. Enfin, éreintés, heureux de passer à table, personne n’eut envie de discuter. Ensuite, coucher et à demain !
Tel était le programme qui avait l’avantage de ne pas nous donner l’occasion de trop réfléchir ni de discuter, car, lors des activités, il nous était interdit de parler, pour que nous restions concentrés et méditatifs. Telles étaient les enseignements du centre, mais moi, j’avais envie d’appeler mon frère qui devait s’inquiéter.
Le deuxième soir, malgré la fatigue j’allais toquer à la porte de Wendy, dont la chambre se trouvait à côté de la mienne. Pas de réponse, j’insistais quand je finis par entendre une voix qui marmonnait :
C’est qui ?
C’est moi, c’est Sissi ! Il n’est pas si tard, j’ai perdu mon portable...
Elle ouvrit aussitôt la porte. Le visage démaquillé, en chemise de nuit satinée, elle avait une apparence irréelle, presque méconnaissable sans sa flamboyante perruque blonde.
Ton portable ! J’ai perdu le mien aussi ! avec mon maillot de bain ! tu le crois toi ?
Moi c’est mon bracelet, je ne comprends pas. Je l’ai toujours à mon poignet et là un matin, je ne l’avais plus !
Ça alors, j’envisageais de venir te voir pour que tu me prêtes ton téléphone. Il est quelle heure ? Dix heures, il n’est pas tard, allons voir Tommy.
Il nous ouvrit tout de suite. Il était en pyjama.
Excuse-nous de te déranger, pourrais-tu nous prêter ton téléphone ? Sissi et moi avons perdu le nôtre.
Ah bon, j’allais venir vous en parler demain, j’ai perdu le mien moi aussi !
Sur ces mots, il bailla largement et referma sa porte presque sur notre nez.
Lia ! il n’y a plus quelle, mais je trouve tout cela bien bizarre ! je te propose
d’attendre demain matin. Je lui demanderai en douce si elle a encore son téléphone, mais j’en doute, je sens qu’il y a quelque chose de grave qui se trame.
Le lendemain, je me levais sans avoir fermé l’œil de la nuit. Je me dirigeai aux aurores vers la salle commune pour le petit déjeuner. Sur la table, toujours les mêmes jus d’orange, dont je me méfiais un peu à présent, des tartines et du café. Nicolas était déjà là, Paula arriva, semble-t-il, un peu énervée et, enfin, Miranda, mais pas de Tommy.
Je demandais de ses nouvelles. C’est Paula qui me répondit.
Il est reparti ce matin à l’aube.
Ah bon, je lui ai parlé hier soir, il ne m’a rien dit !
Voyant sans doute mon regard suspicieux elle ajouta agacée.
Ses raisons personnelles ne nous regardent pas.
Au fait, j’ai une télévision dans ma chambre qui ne fonctionne pas, serait-il possible de la faire réparer ?
C’est Wendy qui avait lancé cela depuis sa table.
Moi c’est la même chose cria Lia.
Quant à moi, j’avoue que je ne regarde pas beaucoup la télévision. Mais l’affaire me semblait bien curieuse.
En fait, ici, on ne capte pas la télévision, il n’y a pas de Wifi, nous sommes en immersion totale dans la musique le soleil et la zénitude...
C’est Miranda de sa voix suave qui nous annonçait qu’en fait, si je comprenais bien, nous étions complètement isolés de tout et de tous.

Ecrit par Marie-Laure Bousquet
Rédactrice à Bordeaux-Gazette, elle intervient le plus souvent dans les rubriques sur le théâtre. Elle alimente la rubrique « Et si je vous racontais » avec des nouvelles fantastiques ou d’anticipation. Elle est aussi l’auteure de plusieurs romans : Les beaux mensonges, La fiancée du premier étage, Madame Delannay est revenue, Le voyageur insomniaque, Enfin seul ou presque, Raid pelotes et nébuleuses. D’autres romans sont à venir. https://www.amazon.fr/Marie-Laure-BOUSQUET/e/B00HTNM6EY/ref=aufs_dp_fta_dsk
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