« Dans un sac de sport blanc, cinq cent mille euros seront déposés dans la consigne de la gare de Bordeaux Saint-Jean. Sinon, votre gentille petite sœur finira engloutie dans le désert, perdue pour longtemps, grillée comme une petite chipolata. À mardi prochain. Si vous avez été correct, elle vous sera rendue entière, fraiche et reposée dans l’heure qui suivra à votre domicile. »

Bettina intervint :

 À mardi prochain, il veut dire à mardi le plus proche ?

 Non, celui d’après.

 Tu es sûr ?

 Oui pourquoi ?

 Parce que, sinon, ce serait demain, ce serait dommage de louper la marée...

 Oui, certes, mais un problème se pose, je ne suis pas son mari, juste son frère, je n’ai pas accès à ses comptes et 500 000 euros c’est compliqué de sortir ça de son chapeau.

Pendant ce temps au centre de bien-être, Lia Wendy et moi faisions mine de faire comme si tout allait bien. Les activités se succédaient et personne ne bronchait. La peur sans doute que les départs précipités de Carmen et de Tommy ne soient en fait des départs définitifs pour un monde meilleur.

Après un frugal dîner, on se retrouvait dans ma chambre qui devint notre quartier général, pour une partie de poker dont l’enjeu était les graines de tournesol piquées à la cuisine. Lia avait été prévenue de la suspicion de malveillance de nos hôtes. Elle ne paraissait pas surprise et même, elle se sentait soulagée de constater qu’elle n’était pas la seule à s’inquiéter.

 Que veulent-ils ? Ils nous ont pour ainsi dire cloitrées ici et nous n’avons aucun moyen de prévenir nos proches. Mais pourquoi ? que veulent-ils ? qu’avons-nous en commun ?

Lia ne mit pas longtemps à avancer.

 Je pense qu’ils en veulent à mon pognon. Le fait est que je suis devenue très, très riche. Peut-être ont-ils envoyé une demande de rançon à mon conseiller fiscal qui est aussi mon compagnon... Oui, mais vous, pourquoi vous auraient-ils gardé ?

Cette dernière question nous était adressée à Wendy et à moi. Wendy ne mit pas longtemps à intervenir.

 Je suis effectivement tout à fait à l’abri du besoin pour plusieurs décennies, voire plusieurs générations...

Elles se retournèrent vers moi.

 Et bien il se trouve que j’ai reçu plusieurs héritages et c’est pareil, je ne manque vraiment de rien...

Un silence se fit. Tout devenait clair.

 OK, je vois, ils vont effectivement contacter nos proches pour demander une rançon, mais que pouvons-nous faire d’ici ?

 Nous évader, bien sûr !

 Pour aller où ? Et s’ils s’aperçoivent que nous avons compris leur manège et qu’ils décident de nous supprimer ? Carmen et Tommy, que sont-ils devenus ? Si cela se trouve, leur famille a refusé de payer !

Un autre silence s’ensuivit.

 Et si elles avaient payé, mais que, justement, ils avaient quand même décidé de se débarrasser d’eux pour ne pas laisser de trace !

Une ambiance glacée refroidit un peu plus l’atmosphère. D’ailleurs, j’avais remarqué que, depuis que nous avions quitté le bateau, il ne faisait pas si chaud que cela. Je fis part de ce changement climatique à mes camarades d’adversité.

 C’est vrai, ils étaient censés nous ramener en Espagne. Je pense que nous sommes en France. Mais où ? À chaque déplacement ils nous droguent. Mais autour de nous, il n’y a rien, sinon du sable ou la mer. Peut-être ne sommes-nous pas si loin du bassin d’Arcachon ! Au sortir du bateau nous étions au Pyla.

Une idée s’imposa à moi.

 Qui possède des cachets pour dormir ?

 Moi, dit Wendy

 Et moi aussi, dit lia, je suis un peu nerveuse ces temps si, mais qui ne le serait pas...

Je la coupais.

 Parfait, si nous en avons assez, on va leur préparer un cocktail pour qu’ils fassent un gros dodo, ensuite on les ligote... et on s’évade !

Wendy sourit à cette proposition et Lia pâlit. Je crus bon d’ajouter pour lui redonner le moral.

 J’ai bien peur que cela ne soit la seule solution pour nous en sortir. L’avantage c’est qu’ils ne soupçonnent rien. Il va falloir passer à l’attaque !