Un retour très attendu à Sète

Présenté pour la première fois au Festival de Locarno cet été, Mektoub My Love : Canto Due trouve à Bordeaux une scène inédite en France. Le film, d’une durée de 134 minutes, reprend le fil des aventures d’Amin et de ses proches, à la fin de l’été 1994. Sous le soleil méditerranéen, l’histoire poursuit son exploration de l’amitié, des désirs et des désillusions.

Amin, de retour de Paris où il a suivi des études de cinéma, nourrit toujours l’ambition de réaliser son projet, Les Principes essentiels de l’existence universelle. Le hasard place sur sa route un producteur américain qui s’y intéresse, proposant même à sa femme Jess d’en devenir l’héroïne. Mais le récit, résolument tragicomique, montre combien le destin impose ses propres détours.

Entre fresque intime et questionnements contemporains

Le choix du FIFIB d’ouvrir avec ce long métrage ne tient pas seulement à l’attente des cinéphiles. L’équipe du festival souligne que le film interroge des enjeux brûlants : la représentation des classes sociales, les questions de genre, ou encore la manière dont le regard du cinéaste façonne celui du spectateur. Autant de thèmes qui résonnent avec le reste de la programmation, notamment les films de Hafsia Herzi, actrice du projet devenue réalisatrice, également invitée à Bordeaux.

La dimension feuilletonesque du récit, son mélange de comédie et de drame, mais aussi son incursion dans les codes du film de genre, confirment la volonté de Kechiche de bousculer les attentes. Le film, en réunissant plusieurs générations d’acteurs, témoigne aussi d’une aventure collective.

Un film marqué par son histoire de production

Canto Due arrive sur les écrans après un long parcours. En 2019, le projet avait été marqué par l’absence remarquée d’Ophélie Bau au Festival de Cannes, celle-ci estimant que le montage final ne respectait pas les engagements pris. Six ans plus tard, l’actrice a affirmé à Locarno que la version désormais présentée correspond au contrat initial avec le réalisateur.

Salim Kechiouche, autre membre de la distribution, a rappelé lors de la même conférence de presse que l’essence du cinéma réside dans le travail collectif, celui de « cent personnes » réunies pour une œuvre commune. Un témoignage qui éclaire la portée de ce second opus : au-delà des polémiques, il s’agit d’une création façonnée par une équipe soudée.

Une ouverture à forte portée symbolique

En programmant Mektoub My Love : Canto Due en ouverture, le FIFIB affirme son rôle de tremplin pour les films qui interrogent autant qu’ils fascinent. Le festival mise sur une œuvre qui croise mémoire des années 1990 et résonances contemporaines, tout en attirant l’attention sur la vitalité du cinéma indépendant.

La projection aura lieu le mardi 7 octobre à 18h30 à l’UGC Ciné Cité Gambetta, en présence des acteurs du film : Shaïn Boumedine, Ophélie Bau, Jessica Pennington, Salim Kechiouche, Hafsia Herzi, et d’autres membres de la distribution.

Le rendez-vous marque le coup d’envoi d’une semaine de cinéma indépendant au cœur de Bordeaux, entre avant-premières, rencontres et découvertes.