Bordeaux
Depuis le 6 décembre 2025, Bordeaux Métropole a mis en service les nouvelles lignes de tram E et F, accompagnées de la ligne H. Présentée comme une étape majeure pour désaturer le réseau TBM et mieux desservir certains quartiers, cette réorganisation change les habitudes de milliers d’usagers. Mais entre ambitions affichées et premières semaines d’exploitation difficiles, le nouveau visage du tram à Bordeaux suscite autant d’espoirs que de critiques.
Nouvelles lignes E, F et H : ce qui change dans la métropole
Avec l’ouverture des lignes E et F, Bordeaux Métropole poursuit l’extension progressive de son réseau de tramway, entamée il y a plus de vingt ans. L’objectif affiché est clair : renforcer l’offre de transport en commun dans une métropole en forte croissance démographique, où la saturation des lignes historiques A, B, C et D était devenue un problème récurrent aux heures de pointe.
La ligne E traverse désormais plusieurs secteurs stratégiques de l’agglomération, reliant des pôles d’habitat, d’emplois et de services jusque-là moins bien connectés au réseau lourd. De son côté, la ligne F vient compléter l’armature existante en créant de nouvelles liaisons transversales, évitant certains passages obligés par le centre-ville. Quant à la ligne H, elle s’inscrit dans une logique de maillage fin, en lien étroit avec les lignes de tram et de bus express.
Concrètement, ces nouvelles lignes de tram à Bordeaux offrent de nouvelles correspondances avec les lignes existantes, des stations supplémentaires dans des quartiers en développement et une alternative à l’usage de la voiture sur des trajets quotidiens souvent congestionnés. Pour TBM, l’enjeu est aussi de mieux répartir les flux de voyageurs sur l’ensemble du réseau.
Des trajets repensés pour désaturer le réseau TBM
La mise en service du tram Bordeaux lignes E et F s’accompagne d’une réorganisation globale des itinéraires et des habitudes de déplacement. Certains usagers bénéficient de trajets plus directs, sans rupture de charge, tandis que d’autres doivent désormais composer avec des correspondances supplémentaires.
Sur le papier, les fréquences annoncées doivent permettre une meilleure régularité, notamment aux heures de pointe. Les nouvelles lignes sont pensées comme des compléments, destinés à soulager les axes les plus fréquentés. La ligne H, notamment, joue un rôle de liaison entre différents pôles, en connexion avec le tram et les bus à haut niveau de service.
Pour Bordeaux Métropole, cette logique de réseau plus maillé doit permettre de mieux absorber l’augmentation constante du nombre de voyageurs, estimée à plusieurs millions de déplacements supplémentaires chaque année. Une ambition qui s’inscrit dans une politique plus large de report modal, visant à limiter la place de la voiture individuelle.
Entre promesses de fluidité et galère quotidienne des voyageurs
Dans les faits, les premières semaines d’exploitation ont été marquées par de nombreuses difficultés. Retards, rames surchargées, incompréhensions face aux nouveaux tracés : sur les quais comme sur les réseaux sociaux, les témoignages d’usagers font état d’une adaptation parfois laborieuse.
Certains voyageurs évoquent des temps de trajet rallongés, notamment à cause de correspondances mal synchronisées. D’autres pointent un manque de lisibilité de l’offre, malgré les campagnes d’information menées en amont.
La question de la capacité des rames revient également souvent. Aux heures de pointe, la promesse de désaturation tarde à se concrétiser sur certains tronçons, où l’affluence reste très forte. Pour les habitués des lignes A ou B, le sentiment de soulagement espéré n’est pas toujours au rendez-vous.
La position de TBM et de Bordeaux Métropole
Face aux critiques, TBM et Bordeaux Métropole appellent à la patience. Selon l’exploitant, la mise en service de nouvelles lignes constitue toujours une phase sensible, nécessitant des ajustements progressifs. Fréquences, horaires et gestion des correspondances doivent être affinés à partir des retours de terrain.
Les autorités rappellent également que ces évolutions s’inscrivent dans un cadre plus large. Le réseau bordelais a récemment été salué pour la qualité globale de son offre et sa capacité d’innovation. Les nouvelles lignes E, F et H sont présentées comme un investissement de long terme, appelé à monter en puissance au fil des mois.
Pour la métropole, l’enjeu dépasse le simple confort immédiat. Il s’agit de préparer les mobilités de demain, dans un territoire confronté à des défis majeurs : transition écologique, attractivité économique et qualité de vie.
Et maintenant ? Les prochains ajustements possibles
À court terme, des ajustements sont attendus pour améliorer le quotidien des voyageurs. Renforcement des fréquences aux heures de pointe, meilleure information en station, optimisation des correspondances : autant de leviers identifiés pour corriger les dysfonctionnements actuels.
À moyen terme, l’appropriation du nouveau réseau par les usagers jouera un rôle clé. Comme lors des précédentes extensions, le temps est un facteur essentiel pour que les habitudes évoluent et que les bénéfices se fassent pleinement sentir.
Les nouvelles lignes de tram Bordeaux marquent une étape importante, mais non définitive, dans l’évolution des transports en commun métropolitains. Entre attentes élevées et réalités du terrain, le défi pour TBM et Bordeaux Métropole sera de transformer l’essai, afin que les lignes E, F et H tiennent leurs promesses sur la durée.

Ecrit par Jean-Sébastien Dufourg
Créateur du site Bordeaux Gazette et Président de l’association.
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