Ils parlent de plus en plus vite, s’indignent sans cesse et ne sourient jamais ou du moins très rarement en une sorte de grimace, nombre de nos compatriotes de moins en moins fraternels, mais de plus en plus convaincus de leur mission et de son caractère salvateur se multiplient. Représentants du bien et de la pureté plus ou moins déclarés mais surtout persuadés d’incarner ce qui est bon et juste pour nous tous, ils ne manquent pas de faire grand bruit sans pour autant convaincre grand monde.

Moralement disqualifiés et pourquoi pas traités d’imbéciles par nos purs esprits, comme le fit un jour Sartre vis à vis de Camus, vous ne comprendrez rien à rien avant d’avoir pratiqué l’indispensable catharsis prônée par nos redresseurs de tort, indignés jour et nuit.

Au stade où nous en sommes, pensées simples, émotions, soif exacerbée du bien et du juste, (mais lequel ?) ont pris le dessus, débattre est devenu impossible ! Le seul avantage de ces tribunes où tout le monde hurle et où personne n’écoute personne est d’épuiser les énergies contraires et d’éviter ou du moins de retarder le moment où il semble prévisible que nous allons en venir aux mains, et même pire. Un parfum, d’agressivité, de non fraternité, de violence et d’isolement flotte dans l’atmosphère.

En ce XXIème siècle, le synthétiseur, le sage, le catalyseur apaisant de ce brouhaha insupportable, ne semble pas être né .... Et la société dont les médias ne cessent de jacasser, d’attendre avec anxiété de voir comment va tourner l’orage. Les éclairs se rapprochent, le ciel est déchiré dans un bruit assourdissant et le Covid n’explique pas tout, loin de là....

Un conseil peut-être, lire le livre de Jean Birnbaum
« Le Courage de la nuance ».
« Nous étouffons parmi des gens qui pensent avoir absolument raison », disait Albert Camus, et nous sommes nombreux à ressentir la même chose aujourd’hui, tant l’air devient proprement irrespirable. Les réseaux sociaux sont un théâtre d’ombres où le débat est souvent remplacé par l’invective : chacun, craignant d’y rencontrer un contradicteur, préfère traquer cent ennemis. Au-delà même de Twitter ou de Facebook, le champ intellectuel et politique se confond avec un champ de bataille où tous les coups sont permis. Partout de féroces prêcheurs préfèrent attiser les haines plutôt qu’éclairer les esprits. »

Ecrit par Dominique Mirassou


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