Bordeaux
Le 81 ème anniversaire de la seconde République Espagnole donnait l’occasion aux associations d’inaugurer, au pied de la base sous-marine, un mémorial en hommage aux républicains espagnols, travailleurs forcés à Bordeaux, dont 70 sont morts dans le chantier de construction de la base allemande, "chantier dantesque, lieu de souffrances, de sacrifices et de résistance".
Joan Fabra-Gratacos, président de l’association pour le mémorial, après avoir remercié les autorités présentes et rappelé la genèse de ce projet très complexe à finaliser, a donné la parole à l’artiste sculpteur bacalanais Régis Pedros. Celui-ci a expliqué ses choix artistiques, la composition en 3 tableaux de son bas-relief, orné du « No Pasaran » symbole de résistance à l’oppression. Luis Diez, pour l’association bacalanaise ADIQ, a évoqué à son tour la souffrance créée par la construction de ce bâtiment de guerre. Vincent Maurin, président du groupe communiste de la ville de Bordeaux, a insisté sur la « dimension universelle du combat pour la justice sociale et la démocratie de ceux qu’on appelait les Rouges, ces ouvriers engagés contre le fascisme. » Il a appelé à la vigilance quant aux conséquences de mesures d’austérité « terreau de division et de haine ». Nathalie Delattre, représentant Alain Juppé, a expliqué l’attachement du Maire de Bordeaux au travail de mémoire et a rappelé le succès de l’exposition du photographe Augusti Centelles l’été dernier dans la base sous-marine. Elle a aussi souligné la participation de la Ville au financement du mémorial puis elle a embrassé l’artiste.
- Mémorial des Républicains Espagnols
- photo Bordeaux Gazette - Mireille Rajoely
Michèle Delaunay, députée de la Gironde a rendu hommage « à l’obstination de ceux que l’espoir faisait vivre ». Elle a félicité les descendants des Républicains dont la mobilisation est un « honneur pour la France ». Philippe Madrelle, président du Conseil général de la Gironde, dans un long discours très argumenté, rappela l’histoire de la « retirada » et le courage des combattants espagnols et contre Franco et contre le nazisme en France. Il termina par un vibrant « Viva la Républica », repris par le public en « Viva ! ».
Après les élus, José Lopez, co-fondateur de l’association pour le mémorial, a pris la parole au nom des associations organisatrices de la manifestation : « (…) Durant l’hiver de l’année 1939, des centaines de milliers (465 000 selon les historiens) de républicains espagnols passèrent la frontière française pour fuir la répression franquiste, c’est ce que l’on appela la retirada.. Ces républicains espagnols se retrouvèrent dans des camps de concentration qui furent construits par eux-mêmes. D’abord regroupés pour cause de potentielle dangerosité, le régime de Vichy les utilisera très vite comme une main d’œuvre de guerre pas chère aux compagnies de Travailleurs Etrangers (CTE), puis aux Groupements de Travailleurs Etrangers (GTE) tandis que d’autres seront envoyés dans le cadre du STO sur les chantiers de l’organisation TODT sur la façade Atlantique, entre autres : la base sous-marine de Bordeaux (de 1941 à 1944). L’organisation TODT employa 2 500 prisonniers ou requis (Français, Russes, Espagnols, Portugais et d’autres nationalités) et en plus 3000 républicains espagnols venus des camps.(...) »
- photo Bordeaux Gazette - Mireille Rajoely
Puis Joan Fabra évoqua avec grande émotion, la mémoire de Juan Enrique Gonzales Ranz, décédé quelques jours avant la cérémonie, et qui faisait partie des trois survivants du travail forcé de la Base, honorés ce jour. C’est donc à son fils Floréal, qu’il remit le diplôme.résistants à Bordeaux. Angel n’a pas voulu faire de discours, il a simplement entonné « l’Internationale »... en espagnol, évidemment !
Après une minute de silence, ce fut le dépôt de gerbe au pied du monument au son d’un hymne républicain joué par une cornemuse spécialement déplacée de Gallice, puis le chant des partisans et enfin poésie et chants républicains accompagnés par guitares et percussions... Grand moment culturel fort apprécié par les deux cents participants !
Ecrit par La rédaction