Il y a 58 ans Emile Tereygeol achetait le château Pontoise-Cabarrus à Saint-Seurin-de-Cadourne. Une propriété de quinze hectares mais dont sept seulement étaient encore en vignes. Mais ce vignoble n’était pas situé n’importe où. Il déployait ses rangs sur la plus belle croupe de graves de Saint-Seurin. Un terroir de choix repéré depuis longtemps comme en témoigne la présence de Pontoise-Cabarrus cru dans le classement des crus bourgeois de 1932 et, avant, dans le premier « Bordeaux et ses vins » de 1850.

Laurent Tereygeol

Pendant des années Emile puis à partir de 1973 son fils François, un ancien de l’INAO, s’attachent à agrandir le domaine pour porter le vignoble à 28 hectares. Cet agrandissement aurait pu se faire sans méthode au hasard des opportunités. Heureusement il n’en a rien été, si bien qu’aujourd’hui le cru s’étend sur quatre parcelles, dont trois sont le haut de la croupe dominant l’estuaire et une plus à l’intérieur sur des terrains argilo-calcaires. Soucieux de mettre en valeur la propriété, les Tereygeol ont su adapter l’encépagement avec des cabernets sur les graves et des merlots sur les argilo-calcaires.

Un auditoire attentif aux questions de Bruno Boidron et aux réponses de Laurent Teyregeol

Cabernets (francs et sauvignons) merlots. La diversité est respectée comme le veut la tradition médocaine. D’autant plus qu’un peu de petit-verdot est venu compléter la gamme et l’ancrage bordelais. Le résultat est un vin qui s’inscrit résolument dans l’esprit du bordeaux comme l’a montré la dégustation du Club Edouard Féret. D’un joli rubis, le côté pontoise 2014 est encre sur le fruit avec des tanins soyeux. Sa finesse se retrouve dans le pontoise cabarrus 2011, un beau millésime où l’élevage, très bien maîtrisé, respecte parfaitement la personnalité du vin. Encore jeune, il montre qu’il possède un solide potentiel d’évolution. Malgré une note d’évolution dans la robe, le pontoise cabarrus 2006 confirme l’aptitude à la garde de vins du cru. Il n’a pas encore atteint son plein apogée et mérite de rester quelques années en cave pour y arriver.

Laurent Tereygeol lors de la soirée

Le pontoise cabarrus est le fruit d’un beau terroir, mais aussi d’une belle continuité. En plus de deux siècles, le cru n’a connu que trois familles de propriétaires : lesTereygeol et avant eux les Bouillaud et les Cabarrus. Ces derniers n’ont pas seulement donné leur nom au domaine. Ils l’ont fait entrer dans l’histoire, la grande. En 1793 la belle Thérésa, fille du comte de Cabarrus, séduit Tallien, révolutionnaire venu à Bordeaux pour réprimer les mouvements fédéralistes. Grâce à elle de nombreux Bordelais échappent à la guillotine , ce qui lui vaut le surnom de « Notre-Dame de Bon Secours ». Par son élégance, le vin des Tereygeol lui rend le plus bel hommage qui soit.