Très vite accusé d’être le représentant des riches et de ceux qui réussissent, Emmanuel Macron en évoquant la fin de l’ancien monde et en prenant dès son investiture certaines mesures pas vraiment urgentes, tout en employant pour s’adresser aux Français quelques formules à l’emporte-pièce, pas toujours à la hauteur d’un chef d’Etat maîtrisant ses émotions, a détourné nombre de Français de l’idée d’un « nouveau monde » à la française, bénéfique pour tous et ouvert sur l’avenir et ses enjeux, « nouveau monde » tel qu’il l’avait plutôt bien théorisé lors de la campagne électorale.
S’il est clair que les adeptes de la « rupture » vers des lendemains qui chantent ne sont le plus souvent que des baratineurs exaltés aux propositions aussi peu crédibles que simplistes, un nouveau monde, terme d’ailleurs exagéré, n’en demeure pas moins être en train via la mondialisation de s’imposer à nous tous sans vraiment sembler devoir nous demander notre avis et sans être pour autant le nouveau monde souhaitable et souhaité par les Français.
Face à cette situation, deux alternatives ou plutôt trois semblent envisageables. Deux évidentes, mais assez peu porteuses d’avenir, la première installant les extrémistes au pouvoir, idée qui bien que de plus en plus banalisée dans l’opinion n’en demeure pas moins loin d’être souhaitée par les Français encore lucides, la seconde qui en nous ramenant au règne de la politique de la pensée binaire, un coup à droite, un coup à gauche, avec en quarante années un partage quasi égal des années de règne, un partage de l’absence de réformes fondamentales, partage du recours accéléré à l’emprunt, un partage du manque de courage politique, un partage de caricatures d’opposition d’idées, un partage de dissimulations des vrais problèmes faisant qu’après quarante années de ce ballet sans grand intérêt, c’est le moins socialiste des socialistes, le moins énergique des présidents qui est venu couronner la phase stérile de cette opposition binaire aux résultats médiocres pour ne pas dire pires, aujourd’hui constatés.
Phase qui aura eu pour seul mérite d’installer confortablement aux manettes du pays et des instances européennes, une pseudo-élite politique soucieuse avant tout de sa carrière, à mi-chemin entre le fonctionnaire appliqué et l’arriviste prêt à saisir toutes les opportunités. De nombreux chevaux de retour semblent envisager d’ailleurs aujourd’hui de revenir en politique, tristement clair et tout à fait surréaliste !!!
Alors le nouveau monde souhaitable, tout comme hier la fameuse et introuvable troisième voie, c’est peut-être avant tout celui du courage politique, de la lucidité face au défi écologique, du refus des solutions simples et souvent tout à fait fausses et plutôt que ces oppositions binaires entre politiques ayant tous plus ou moins échoué, tous largement amnésiques, le consensus national face à certaines réalités incontournables, la solidarité vis-à-vis des plus démunis, la condamnation des tricheurs de toutes sortes, ainsi qu’un maximum de cohérence politique et sociale, bien loin des démagogues de tous poils confondant trop souvent les élections avec des concours de beauté où faux nez et déclarations mensongères finissent par être particulièrement indispensables et même recommandés.
Sans faire du « macronisme » outrancier et ridicule, il apparaît bien aujourd’hui, qu’à moins de souhaiter l’aventure extrémiste, Emmanuel Macron sans être exempt d’avoir commis quelques d’erreurs, n’est certainement pas le buveur de sang décrit par certains hystériques et que si à l’évidence de nombreux Français souffrent, il ne saurait payer à lui seul « quarante années d’égarements et frilosités divers et variés », et reste actuellement, le recours le plus crédible contre les risques de débordements de toutes sortes et origines qui guettent le pays.
Passer de l’affrontement binaire stérile avec chacun ses chiffres fantaisistes, ses fausses solutions, à une pensée ternaire non pas destinée à abolir les différences et à désigner sans cesse les coupables mais plutôt à aboutir face à tous les problèmes fondamentaux, à fuir les faux chiffres, la démagogie, les postures, voire les mensonges et autres critiques sans consistance et à toucher au plus près aux intérêts bien sûr souvent contradictoires de tous les Français, ainsi qu’aux intérêts de la planète tel est l’enjeu semble-t-il pas vraiment jusque-là, à la portée des hommes que nous sommes.
Dans toute vie d’homme censé réfléchir, le parcours n’est que perpétuelle tentative d’harmonisation des contraires … Ce travail qui commence à l’intérieur de chacun de nous pourrait bien être l’un des signes de ce nouveau monde qui va devoir de plus en plus quant à lui, harmoniser non sans difficultés compétitivité et solidarité, sans rien lâcher, comme on dit aujourd’hui !!!
A part pour les menteurs professionnels, l’affaire est loin d’être simple …
Ecrit par Dominique Mirassou