Bordeaux
« Le futur du travail s’écrira dans les espaces de coworking mais nous pourrions ne plus être là pour le voir ». Voila un des messages forts qu’un collectif de quatre coworkings indépendants bordelais a adressé dans sa tribune à destination de diverses instances dirigeantes. Bordeaux Gazette a rencontré le porte-parole de ce groupe, le fondateur de Coolworking Fabrice Jeannet, pour connaître les intentions de cet appel à l’aide.
Créé en novembre 2012 et installé en 2015 à deux pas des Quinconces, Coolworking est un espace partagé pouvant accueillir 72 clients simultanément. Aujourd’hui rempli à un tiers de sa capacité maximale suite à la crise sanitaire, ce lieu espère rapidement retrouver une situation stable et éviter le pire. Lors du premier confinement en mars dernier, il a dû fermer mais grâce à ses fidèles coworkers qui ont conservé leurs abonnements sur la période, l’entreprise a pu poursuivre son activité sereinement.
Malheureusement, c’est durant l’été que de nombreux clients se sont retirés. L’organisation connaît habituellement deux pics d’entrées aux mois de septembre et de janvier, cependant avec cette situation particulière les potentiels clients ont eu peur de s’engager. Le manque de visibilité, même à court terme, rend la tâche complexe et bien que certains abonnements ont des durées minimes et arrangeantes de deux mois, peu de personnes ont sauté le pas. En quelques mois, les nouveaux arrivants se comptent sur les doigts de la main. Et pourtant, Coolworking s’est adapté aux normes sanitaires, mais par un souci de méconnaissance, les travailleurs n’ont pas eu conscience que cet espace – comme beaucoup d’autres – était resté ouvert durant le deuxième confinement. Il n’y a alors aucune de raison de le faire fonctionner en sous-régime.
- Un des espaces de travail que possède Coolworking dans ses locaux.
Les organisations La Girafe, le Wigi, le MOTA-Coworking et Coolworking se sont associées pour réaliser un manifeste reçu par la Mairie, le député et la Chambre de commerce et d’industrie de Bordeaux. L’objectif de ce cris raisonné est simple : les gérants de ces coworkings ont le sentiment d’être oubliés et souhaitent davantage de mise en avant pendant que la crise sanitaire bat son plein. En connaissance de cause, ces dirigeants pointes les grandes limites au travail chez soi et savent que dans un avenir proche, les tiers-lieux seront essentiels à la reprise de l’activité économique.
Depuis quelques mois, de plus en plus de personnes sont contraintes et forcées au travail à distance, et cela pour une période indéterminée. Mais télé-travailler ne signifie pas uniquement rester à la maison. Pour protéger la santé mentale et la vie privée de nombreuses personnes, les coworkings, comme bien d’autres espaces extérieurs à son domicile, sont la solution toute trouvée. Un accord est en cours de signature pour mieux définir les caractéristiques du télé-travail, mais ces textes seront principalement vus par le patronat et méconnus du grand public.
Les outils mis à disposition – ordinateur, connexion internet, bureau ou encore salle de réunion - au sein de ces espaces partagés sont parfaits pour travailler dans les meilleures conditions. Mais ce n’est pas tout ! Bien plus que d’éviter l’isolement et la déprime, néfaste à la productivité, ces espaces dédiés favorisent la création d’un réseau autant humain que professionnel entre les différents collaborateurs. Vous l’aurez compris, ce collectif ne demande pas une seule seconde des fonds pour leur
coworking respectif. Simplement, ils attendent que les plus hautes instances, le gouvernement en première ligne, annoncent clairement la possibilité de travailler autres parts que chez soi, dans des espaces de coworking, justement prévus à cet effet. Alors avant que ces endroits meurs, ils ont besoin au plus vite d’un réel coup de projecteur !
- Fabrice Jeannet, fondateur de Coolworking et porte-parole du collectif
Notre porte-parole Fabrice Jeannet est aussi passé par la case « travail à la maison » pour une société de services basée sur Paris, puis il s’est rendu compte que ce n’était pas viable à long terme. Fort d’une rencontre avec les fondateurs du premier espace de coworking bordelais, il est devenu client de leur espace. C’est d’ailleurs dans leurs locaux qu’il a développé son propre espace partagé. Dans ce dernier, les secteurs d’activités y sont multiples. Beaucoup travaillent dans les métiers du numérique (développement web, webmarketing, conception graphique) mais on y retrouve aussi des journalistes ou bien des tas d’entrepreneurs innovants. Ses coworkers vont et viennent, changent à maintes reprises de projets et un noyau dur s’est formé pour ceux présents depuis plusieurs ans. Faire parti d’un coworking c’est avant tout rencontrer des individus d’horizons variés, des personnes venues d’une même boîte ou bien seules, qui parfois s’allient pour créer à l’intérieur de cet espace leur société. Comme le souligner enfin Fabrice, les prochains mois risques d’être douloureux pour de nombreuses entreprises. La crise sanitaire va impacter l’économie c’est à n’en plus douter et entraîneront faillites et licenciements. Les personnes au chômage devront alors se reconvertir et possiblement en tant qu’entrepreneurs, histoire de tourner la page sur leur fonction passée. Et rien de mieux que de profiter des avantages du coworking pour se lancer dans une nouvelle aventure ! D’ailleurs, la clientèle de nos coworkings sont des personnes qui, après avoir testé des années en télé-travail, ont su quitter leur domicile pour se réaliser. Au sein de ces TPE gérées par une à deux personnes et où tout le monde se connaît, les compétences, conseils et retours sur expériences pleuvent. Le rapport de proximité, que l’on néglige dans de plus grandes sociétés, y est important et bénéfique pour le travail de tous. En particulier pour les entrepreneurs où le coworking est ce que l’on pourrait appeler « un terreau fertile pour développer des sociétés ». Bien que chacun exerce une activité diverse, leurs problématiques transverses se révèlent être de précieuses aides.
Ecrit par Teddy Perez