Un entrepreneur bordelais de 28 ans a eu l’idée d’associer du vin de Bordeaux à du CBD, une molécule non-stupéfiante et relaxante contenue dans le cannabis. L’idée est de viser un plus large public, dont les 40 ans et plus.
Burdi W : c’est le nom de cette “boisson aromatisée à base de vin”, association entre du vin de Bordeaux et du CBD, qui se présente comme la première de ce genre en France. Depuis le 1er février 2021, il est possible de se procurer pour environ 35 euros une bouteille de vin de Bordeaux, associée à du CBD. Raphaël de Pablo, un jeune entrepreneur bordelais de 28 ans, est à l’origine de cette idée. Il est notamment le fondateur de La Ferme Médicale, une entreprise spécialisée dans l’huile de cannabinoïdes 100% naturel, soutenue par la région Nouvelle-Aquitaine.
Qu’est-ce que le CBD ? Abréviation de cannabidiol, il s’agit en en réalité d’une substance active présente dans le plant de chanvre. Contrairement au THC, le composant dit « psychoactif » du cannabis, le CBD ne procure pas d’effets psychotropes et sa commercialisation est légale en France depuis 2017, sous de nombreuses formes (huile, liquide pour cigarette électronique, infusions, nourriture, cosmétiques…). L’exploitation de la feuille et des fleurs de la plante reste cependant interdite. La vente de ce vin est donc totalement légale. Le CBD est de plus en plus prisé pour ses effets anti-douleurs, relaxants, anti inflammatoires et anti convulsifs. Il est souvent utilisé en traitement contre le stress et l’anxiété. Le business est en pleine expansion, partout en France. Et chacun tente de ramener sa petite touche en plus. À Bordeaux, le bar Yeast a son menu de pizzas au CBD, tandis que l’entreprise CBD Bicyclette propose son service de livraison de ses produits directement chez vous à vélo.
"Banaliser le CBD”
L’idée derrière ce produit novateur est de viser un public plus âgé. S’il n’existe pas aujourd’hui de chiffres officiels sur la tranche d’âge qui consomme le plus de CBD en France, l’imaginaire collectif tend à penser que ces consommateurs sont des jeunes, des étudiants ou des jeunes actifs. Ici c’est un public plus âgé qui est visé. Si le public des produits commercialisés par Raphael de Pablo va de 19 à 76 ans, la tranche d’âge des 30-40 ans est celle qui a le plus de succès auprès de l’entreprise. Une façon de “banaliser le CBD” à travers une nouvelle “porte d’entrée” selon Raphaël de Pablo, qui regrette que seuls 36 % des Français sachent de quoi il s’agit. Un de ses futurs projets consiste d’ailleurs en la fabrication de pommades et gélules à base de cannabidiol, pour traiter des pathologies comme l’arthrose, qui peuvent devenir courantes dès 40 ans.
Une stratégie qui a su trouver son public : les 500 bouteilles mises en vente le 1er février ont été écoulées en deux jours. Le projet a été financé grâce à la plateforme de financement participatif KissKissBankBank, et a jusqu’ici reçu plus de 72 000 euros en contributions. Le commerce du CBD est en pleine expansion en France, son aspect légal et facile d’accès attirant bon nombre de personnes. Le 10 février dernier, un rapport parlementaire sur le “chanvre bien-être” en France a été publié. On peut notamment y lire que le chiffre d’affaires issu de la vente en magasin « bio » des produits alimentaires issus du chanvre s’est élevé en 2017 à 3,76 millions d’euros, soit une hausse de plus de 8 % par rapport à 2016.
La même réalisation qu’un vin classique
Pour créer cette boisson, Raphaël de Pablo s’est associé à un ami d’enfance, oenologue et directeur « d’un célèbre château bordelais », qui préfère pour l’instant rester anonyme. Ainsi, même si le produit n’est pas considéré juridiquement comme du vin à cause de cette transformation, mais comme une “boisson aromatisée à base de vin”, sa réalisation est la même que celle d’un vin classique. La boisson est composée à 100% de petit verdot (cépage utilisé dans moins de 10% des crus du Médoc). Pour l’instant, les bouteilles Burdi W, dans lesquelles sont contenues 250 mg de CBD, sont vendues uniquement sur Internet.
Le chanvre utilisé pour couper le vin est cultivé dans le Sud-Est de la Gironde, dans une plantation s’étendant sur 10 hectares, exploitée par Raphaël de Pablo. Le chanvre est ensuite transféré dans un laboratoire en Allemagne, où les molécules de CBD vont en être extraites. Cette dernière étape reste en effet interdite en France, malgré la légalisation récente du CBD sur son territoire. Le premier vin à base de CBD au monde serait “Cannawine”, un vin espagnol non commercialisé en France. La marque française Rozoy & Picot développe quant à elle un vin pétillant sans cannabinoïdes, mais à la saveur du cannabis.
Ecrit par Manon Gazin