Bordeaux
Ils étaient une trentaine dès six heures du matin sur le pied de guerre pour défendre les marronniers de la place Gambetta qui portent tous un nom car ils ont été baptisés en début d’été et bien sûr que des noms célèbres.
On reste quand même extrêmement perplexe, quand durant tout ce très chaud été 2018, on n’a pas arrêté de louer l’ombre propice des arbres ainsi que leur source de fraîcheur par ces chaleurs accablantes, pendant le même temps à Bordeaux on s’emploie à en faire disparaître un certain nombre, des marronniers, si chers à nos cours d’écoles pour faire de la place au bitume et au béton afin d’élargir route et trottoir. Bien sûr, tout cela se fait avec un maximum de discrétion dans le flot des travaux d’été, dans une ville où le maire à quand même été Ministre d’État, Ministre de l’Écologie, du Développement et de l’Aménagement durables (MEDAD) dans le gouvernement Fillon 1 entre mai et juin 2007, malheureusement pour lui son expérience a été de courte durée ayant perdu son siège de député au profit de Michèle Delaunay, il a démissionné. Ces travaux sur la place Gambetta étaient prévus plus tardivement mais sous la pression du nouveau propriétaire de l’emplacement de l’ancien Virgin ceux-ci se sont un peu précipités car il espère sûrement en tirer quelques bénéfices.
- Enchaînés à un marronnier en attendant l’abattage
Le contexte est difficile pour les défenseurs des marronniers car le comité de quartier de Gambetta est divisé, il y a les contre et il y a les pour, plutôt du côté des commerçants qui se frottent les mains de pouvoirs peut être aménager des terrasses pour certains. Ce qui est sur c’est que même du côté de la rue du Palais Gallien nombreux sont les habitants qui ne sont pas au courant de ce qui se trame du fait que la maladie se développe à bas bruit, un peu comme ces cancers qui envahissent l’organisme et brutalement flambent et provoquent la mort du patient. En fait cet aménagement ne va pas dans le sens d’un développement durable et écologique, on se rend bien compte qu’écologie et croissance ne font pas bon ménage, du reste c’est ce qui a amené Nicolas Hulot à démissionner. Sûrement que l’abattage se fera comme la municipalité a donné son feu vert, mais le plus discrètement possible comme cours Victor Hugo où cela s’est passé la nuit mais les défenseurs des marronniers sont bien décidés à donner le maximum de publicité à cette affaire.
- Alain Juppé en point de mire
Cette situation vaut au premier magistrat de la ville quelques quolibets rageurs et d’autres rappellent l’accueil plutôt sévère qu’il avait reçu à Saint Augustin, l’empêchant même de parler, au sujet des places de parking. Le débat semble ouvert au sujet de son éventuelle ré élection à la prochaine échéance municipale, car même si l’homme s’entretient et parait encore vert il aura allègrement croisé le cap des 75 ans lors de cette échéance, certains se demandant s’il ne commencerait pas à faire du Chaban ? Le vrai problème c’est que la conscience collective met beaucoup de temps à saisir les enjeux majeurs de l’écologie, les gens comme les gouvernants sont dans le court terme et seul le bénéfice immédiat les intéresse et comme le bénéfice à long terme ils ne le verront pas, cela n’a aucun intérêt pour eux. Certes sauver 17 ou 18 marronniers ne changera pas la face du monde mais cela prouve que beaucoup ne comprennent rien à ce qui est en train de se jouer pour les générations futures et le combat reste emblématiquement valable car si ceux là ne sont pas sauvés, d’autres pourront l’être avec l’appui de tous ceux qui ont compris mais pas la majorité pour l’instant.
Ecrit par Bernard Lamarque
Co-fondateur de Bordeaux Gazette