Bordeaux

Le nom de Bacalan est apparu vers 1650 comme nom de lieu, car ce serait une famille de parlementaires protestants, particulièrement Arnaud de Bacalan qui aurait fait bâtir hors les murs une maison de plaisance au bord du fleuve laissant ainsi l’utilisation du nom.



Les prémisses du quartier

Au Nord, Bordeaux a toujours progressé par quartier et non par valeurs discrètes car il fallait stabiliser d’importantes surfaces avant de s’y installer. On n’a jamais vu une trace d’atelier de séchage de morue à Bacalan car c’est à Bègles qu’on transformait la morue qui ne faisait que passer par le fleuve dans le ventre des bateaux pour aller rejoindre le port de Bègles. Le terrain à cet endroit était encore beaucoup trop peu sur et instable pour y implanter des ateliers au XVIème siècle. Dans ces parties Nord des faubourg de la ville dénommé "La Palu" dès qu’un mètre carré de terrain était gagné au delà des Chartrons, on y planté des artichauts ou quelques autres légumes avec de modestes rendements en attendant que le sol y soit moins spongieux et un peu plus stable en régulant le cours des esteys et en faisant de menus comblements et aménagements. Il faudra attendre jusqu’à la fin du vingtième siècle pour que ce faubourg Nord de la ville soit complètement assaini avec des terrains stables et utilisables avec le creusement du Lac artificiel de 160 hectares à cheval sur les communes de Bruges et de Bordeaux pour rendre à l’urbanisation 1200 hectares de marais. Encore une fois c’est grâce à des hollandais que cette opération est réalisée entre 1962 et 1969 sous l’impulsion de Jacques Chaban-Delmas, cet espace devenant le poumon vert de Bordeaux avant d’en devenir le poumon béton au cours de ce début de vingt et unième siècle. C’est la construction du pont de pierre qui a amené les premières activités sur Bacalan en y relocalisant la construction marine avec ce pont trop bas qui va empêcher le passage des navires nouvellement construits.

Un bateau dans la forme de Radoub N°1 des bassins à flot

Vers la vocation maritime et industrielle de Bacalan

Le pont de pierre, est donc construit sur ordre de Napoléon Ier entre 1810 et 1822, il a été conçu par les ingénieurs Claude Deschamps et Jean-Baptiste Basilide Billaudel, éloignant l’activité portuaire du centre médiéval de la ville et coupant la route vers Paludate. Il va fournir prétexte au quartier de Bacalan qui s’individualise l’occasion de se développer. Mais déjà auparavant des implantations comme les magasins aux vivres de la Marine dès la fin du dix huitième siècle ont vu démarrer cette évolution du quartier à laquelle vient s’ajouter la construction des moulins économiques des frères Teynac en 1768 qui utilisaient le flux et le reflux de la Garonne. Puis plus tard avec le creusement du premier bassin à flot dont le photographe bordelais Alphonse Terpereau a abondamment photographié les travaux, le quartier va prendre dès 1867 son orientation maritime avec la construction de la forme de radoub achevé en 1882, cette dernière ayant repris du service récemment, qui devrait être remise totalement en état et être protégée de la pluie. Les activités continuent à s’étendre avec les nouvelles compagnies de navires de Bordeaux vers l’Amérique du sud et la proximité avec la gare Saint Louis. La fonction portuaire de Bacalan s’accroît et en 1911, en lien avec le développement du port de Bordeaux, la construction d’un second bassin à flot est décidée. Ainsi, parallèlement au développement des chemins de fer sur la zone Sud depuis la moitié du dix neuvième siècle le faubourg Nord va se développer, s’industrialiser, se peupler et s’animer d’une vie nouvelle souvent festive et joyeuse avec ses nombreux bars au noms évocateurs : Café de l’océan, Au retour du Cap Horn, Au naufrage de la Méduse voire d’un Bar de la Marine qui a toujours pignon sur rue, rue Achard.

Les Halles de Bacalan

Les cicatrices de la seconde guerre mondiale

Le quartier de Bacalan, très éloigné des combats de 14/18 va se retrouver comme un des centres du conflit de la seconde guerre mondiale avec le port occupé par l’envahisseur et l’installation par les allemands d’une base sous marine pour venir garer, entretenir et réparer leurs U.boat qui prennent la mer via l’estuaire de la Gironde pour aller dans l’Atlantique s’attaquer aux navires qui se dirigent vers l’Angleterre. Ce combat en mer fut féroce entre les belligérants. Avec l’utilisation massive de l’aviation Bordeaux va subir plusieurs bombardement dont un d’intimidation des allemands en juin 1940 sans connaître les dégâts de villes comme Caen ou Le Havre mais dégâts quand même avec la morts de nombreux civils à déclarer. Après les épisodes de la Commune en 1870-1871 et du repli de septembre-décembre 1914, c’est la troisième fois que Bordeaux accueille le gouvernement et c’est depuis Bordeaux que Pétain négociera l’armistice avec les allemands et c’est de Mérignac que Charles de Gaulle quittera Bordeaux pour rejoindre Londres. Le port de Bordeaux va être particulièrement visé et la base sous-marine d’abord en construction sera la cible avec le port de nombreuses attaques des bombardiers anglais à plusieurs reprises comme l’aérodrome de Mérignac de son côté. C’est en 1943 que les bombardements sur Bacalan seront les plus importants dont celui du 17 mai qui fera près de 200 morts et 1944 sera aussi l’occasion de nombreux bombardements dont celui du 28 août 1944 où les américains largueront 121 tonnes de bombes sur l’objectif Bordeaux. Une fois la guerre terminée, elle va laisser cette verrue sur les bassins à flot car bien trop compliqué à détruire.

La base sous-marine construite par l’occupant allemand

Aujourd’hui

La tentative de supplanter le nom de Bacalan par le vocable englobant de Bordeaux Maritime s’est heurté à la forte identité bacalanaise qui perdure dans l’esprit et qui contamine rapidement les nouveaux arrivants. La contagion est d’autant plus facile que ce quartier offre une vraie histoire, une vraie vie, une vraie identité et même les implantations nouvelles, au plus près du Lac, qui ont détruit, en le remplaçant, le poumon vert, n’ont aucune résonance d’autant que pour l’instant on est face à une cité dortoir avec peu de vie et de commerces, le réflexe étant de sauter dans le tram pour aller faire ses courses en ville. Il faudra beaucoup de temps pour que ce nouveau village baptisé Ginko se crée une identité qui lui sera surement propre mais jamais bacalanaise. Dans le cœur du vieux Bacalan le collectif de grande ampleur est mal accepté, car Bacalan ce n’est ni les Aubiers, ni Genko et l’habitat individuel domine encore même si on essaie de le noyer et de l’étouffer car ce qui est inondable pour une maison individuelle ne l’est plus pour un collectif. Il faut saluer l’implantation du nouveau marché qui a eu le courage de se baptiser "Halles de Bacalan" et la brasserie à l’intérieur a repris le nom d’un des deux cinéma qui existaient à Bacalan, le Familia et l’autre portait le nom de Renova. Avec la Cité du Vin, les bassins à flot, la Base sous-marine qui va être aménagée, les Vivres de l’Art, Le Garage moderne, Bacalan fait montre d’une volonté culturelle du meilleur aloi tout en conservant sa mentalité d’irréductible "village gaulois"

Boulevard Brandenbourg

Sources
Bordeaux disparu et secret d’Antoine Lebègue avec la participation d’Yves Simone
Histoire de Bordeaux de Madeleine Lasserre
Dictionnaire des rues de Bordeaux par Annick Descas
Histoire du quartier de Bacalan Alfred Leroux

Ecrit par Bernard Lamarque

Co-fondateur de Bordeaux Gazette


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