Bordeaux

François Magendie, bordelais pionnier de la physiologie et de la pharmacologie modernes

Né à Bordeaux en 1783, François Magendie s’impose comme figure de proue de la médecine expérimentale au XIXᵉ siècle. La ville garde sa trace : un lycée, une rue et un centre de recherche portent aujourd’hui son nom, rappelant l’héritage de ce Bordelais devenu pionnier de la physiologie et de la pharmacologie.



Aux origines : Bordeaux, formation, influences

François Magendie voit le jour le 6 octobre 1783 à Bordeaux, au sein d’une famille déjà tournée vers la médecine. Son père, Antoine Magendie, est chirurgien, profession qui inscrit le jeune François dans un univers où l’observation et la pratique anatomique sont centrales.

L’enfance de Magendie à Bordeaux est rapidement marquée par les bouleversements de la Révolution française. Dans ce contexte troublé, la famille quitte la capitale girondine à la fin des années 1790 pour s’installer à Paris. Ce déménagement met fin à une enfance bordelaise relativement courte, mais significative, qui restera associée à ses origines.

À Paris, il suit une formation médicale classique : il entre à l’École de Médecine et devient interne des hôpitaux. Il se distingue par sa curiosité pour la relation entre structure et fonction, et pour l’expérimentation directe sur l’animal, une démarche encore peu répandue à l’époque.

Expérimenter le vivant : apports à la physiologie

Un des apports les plus célèbres de Magendie est ce que l’on appelle la loi de Bell-Magendie : la distinction entre les racines antérieures (ventrales) des nerfs rachidiens, responsables du mouvement, et les racines postérieures (dorsales), qui transmettent la sensation. En 1822, il publie des expériences conduites sur des chiens, sectionnant et stimulant séparément les racines nerveuses pour établir cette fonction différenciée.

Ces travaux ne sont pas sans controverse. D’une part, la paternité de certaines découvertes est débattue, notamment avec Charles Bell. D’autre part, la vivisection animale pratiquée par Magendie suscite de vives critiques, même de son vivant, et alimente des débats sur l’éthique scientifique.

Il est aussi l’un des premiers à décrire le liquide céphalo-rachidien en 1825, identifiant ce fluide protecteur du système nerveux central. Ses recherches sur la circulation, l’élasticité artérielle et les réflexes posent les bases d’une physiologie moderne.

Vers une pharmacologie moderne

Magendie explore également l’action des substances actives sur l’organisme. Il étudie notamment la strychnine, la morphine, les alcaloïdes du quinquina ou encore l’iode. Ces travaux l’amènent à publier son Formulaire pour la préparation et l’emploi de plusieurs médicaments, véritable manuel d’expérimentation pharmacologique.

Il réfute des théories anciennes, comme celle selon laquelle les substances seraient absorbées uniquement par les canaux lymphatiques, et démontre l’importance de l’absorption sanguine. Ces travaux ouvrent la voie à ce que l’on appellera plus tard la pharmacocinétique et la toxicologie.

Sa démarche, fondée sur le dosage, la comparaison entre animal et humain et la répétition des expériences, introduit une rigueur inédite dans l’étude des médicaments, rompant avec les approches spéculatives ou empiriques encore dominantes.

Héritage et postérité

François Magendie meurt le 7 octobre 1855 à Sannois (Seine-et-Oise) [1]. Il laisse derrière lui une réputation ambivalente : scientifique admiré pour sa méthode expérimentale, mais critiqué pour la brutalité de ses vivisections.

Son influence est considérable, notamment à travers son élève Claude Bernard, qui fut son préparateur au Collège de France à partir de 1841 avant de lui succéder à sa chaire. Magendie est également élu à l’Académie des sciences en 1821, où il défend ses idées et participe aux débats de son temps.

À l’international, la loi de Bell-Magendie demeure un pilier de la neurologie. Ses recherches sur les substances actives ont ouvert la voie à la pharmacologie moderne et inspiré des générations de chercheurs.

Repères chronologiques

  • 1783, 6 octobre : naissance de François Magendie à Bordeaux.
  • 1809 : mémoire sur l’action des végétaux et les organes d’absorption chez les mammifères [1].
  • 1822 : publication de Expériences sur les fonctions des racines des nerfs rachidiens (loi de Bell-Magendie) [3].
  • 1825  : description du liquide céphalo-rachidien.
  • 1831 : nomination à la chaire de médecine du Collège de France, transformée ensuite en chaire de physiologie expérimentale.
  • 1855, 7 octobre : décès à Sannois.

Bordeaux aujourd’hui

Le lycée François-Magendie, situé dans le quartier Saint-Genès, est l’un des grands établissements de la ville.

Une rue Magendie témoigne de la reconnaissance urbaine de son nom.

Le Neurocentre Magendie (INSERM U1215), créé en 2003, est un centre de recherche bordelais en neurosciences qui perpétue son héritage scientifique.

Les Archives municipales de Bordeaux conservent son acte de naissance et des documents relatifs à sa famille.

Ecrit par Jean-Sébastien Dufourg

Créateur du site Bordeaux Gazette et Président de l’association.


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