Joël Aubert s’est éteint dans la nuit de mardi à mercredi. Figure du journalisme régional, il fut directeur de la rédaction de Sud-Ouest avant de cofonder le pureplayer Aqui.fr. Hommage à un homme passionné et passionnant.
Originaire de Cavignac, Joël Aubert était diplômé de l’École Supérieure de Journalisme de Lille. Consécutivement à ses études, il intègre l’Équipe avant d’être embauché au sein du quotidien régional Sud-Ouest en 1968. Il se propose pour la création de la page économie du journal et en devient directeur de la rédaction de 1994 à 2000 puis directeur général adjoint avant de le quitter pour, quelques années plus tard, fonder Aqui.fr. Cofondé aux côtés de Jean-Baptiste Rey, il créé de toutes pièces ce webmagazine à portée régionale, la « deuxième grande page de sa vie professionnelle ». Yoan Denéchau, un des poulains de sa « petite équipe d’Aqui » comme il aimait à les appeler, se confie : « nous sommes tous sonnés. On a beau se préparer à ce genre de moments, quand ça arrive, ça met un coup… »
C’est aux côtés de ce dernier que j’ai eu le plaisir de rencontrer Joël, lors de mon stage de fin d’étude à l’EFJ. Mon camarade intervenait à ses côtés depuis deux ans déjà et sur ses conseils je demandais à intégrer l’équipe d’Aqui.fr, un média prônant ce journalisme de proximité que j’aime tant. Couverture des élections européennes jusque tard dans la nuit, salon de l’agriculture de Bordeaux à un rythme effréné et mise en lumière de projets individuels… Travailler à côté de cette figure journalistique fût d’une grande richesse. C’est alors que suite à l’obtention de mon diplôme, Joël me donnait sa confiance et me confiait un bout de la couverture corrézienne, ma terre d’origine. Correspondante en pays tulliste, je grattais le papier pour des portraits d’agriculteurs ou encore des initiatives locales sous sa gouverne. D’une grande générosité et d’une écoute sans pareil, il œuvrait dans l’ombre pour cette région à laquelle il était si attaché, pour son terroir mais surtout pour les gens qui la façonnent.
Engagé, son équipe, installée en premier lieu rue des Capérans à Bordeaux puis au sein de locaux à Cenon, faisait bloc autour de lui. Véritable patriarche, il appuya nombre de journalistes passés par son apprentissage. Marquant la presse bordelaise et régionale, c’est une génération de lecteurs qui portent aujourd’hui le deuil d’une plume aiguisée et d’une grande personnalité. Dans un communiqué, Alain Rousset, le Président du Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine s’est dit « très affecté d’apprendre sa disparition. J’éprouvais une profonde admiration pour l’homme qui maniait si bien les mots, ayant le don rare de conjuguer actualité et sens de l’histoire, pour qui informer relevait d’une authentique mission républicaine, je lui vouais surtout une amitié et une affection qui ne me quitteront jamais. » Joël Aubert est décédé à l’âge de 77 ans des suite d’une longue maladie. Bordeaux Gazette et moi-même présentons nos plus sincères condoléances à sa famille et à son équipe (Julie, Sybille, Solène, Claude-Hélène, Romain, Julien, Yoan…), déterminée à lui rendre hommage, tant à l’homme qu’à ses valeurs. Nous nous souviendrons longtemps du mentor au béret et à la sempiternelle moustache, puissent nos mots s’envoler vers celui qui contribua à alimenter la passion du journalisme.
Ecrit par Sabine Taverdet