Bègles

Nouveau-né du calendrier musical girondin, le Green Paradize Festival a pris ses quartiers au parc de Mussonville, à Bègles, du vendredi 3 au dimanche 5 octobre 2025. Pour sa première édition, l’événement a mêlé têtes d’affiche et jeunes pousses avec une ambition claire : concilier fête, esprit local et responsabilités environnementales. Présente à la conférence de lancement du 4 septembre puis sur le terrain samedi 4 octobre, Bordeaux Gazette raconte ce baptême du feu où la musique a épousé l’engagement, sans perdre le sens de la fête.



Un parc, un pari vert

On entre au parc de Mussonville par des allées encore dorées de feuilles d’automne. La scénographie privilégie le bois, le vert, les lumières douces. À la lisière des scènes, les food trucks jouent la carte des produits locaux et des circuits courts, avec de réelles options végétariennes et véganes. Plus loin, un point d’information du CEID-Addictions accueille festivalières et festivaliers pour parler prévention et réduction des risques en milieu festif. À côté, les bénévoles de SOS Méditerranée racontent l’Ocean Viking et tendent des brochures ; des échanges calmes, parfois émus, où l’on mesure que l’idée de « paradise » n’a de sens que si elle s’ouvre à l’autre. Le message de la manifestation est clair : ici, on danse, on partage et on réfléchit.

Vendredi : la mise en jambe

Le coup d’envoi vendredi 3 octobre à 18 h a planté le décor avec une soirée d’ouverture à l’énergie crescendo. Zoufris Maracas a déroulé son carnet de voyage en fanfare, guitares et cuivres en bandoulière, pour une foule déjà dense au-devant de la scène. Deluxe a pris la suite, costumes impeccables, chorégraphies millimétrées, une pop-funk qui donne le sourire et de la couleur jusque dans les transitions. Mezerg, artiste du cru, homme-orchestre aux claviers et machines, a transformé la clairière en laboratoire de groove, faisant rebondir la rythmique sur la canopée. La nuit s’est achevée avec Kompromat, dont la techno sombre, tendue, a tranché dans le velours : visuels stroboscopiques, pulsation implacable, finale cathartique. Un lancement sans faux pas, qui annonçait un samedi plus dense encore.

Samedi, cœur battant du festival

Samedi 4 octobre, les portes s’ouvrent à 15 h pour prendre le temps de vivre la journée en larges respirations. Savarah (15 h 30–16 h 30) déroule un premier set en clair-obscur : voix diaphane, batterie parcimonieuse, un folk électrisé qui s’installe comme un soleil timide derrière les nuages. Le public se rapproche, prend ses marques, la journée démarre comme un roman que l’on a envie de lire d’une traite.

Changement de continent et de tempo avec Altın Gün (17 h–18 h) : psychédélisme anatolien, lignes de basse hypnotiques, guitare en pointillés, la transe s’installe par vagues. On danse en cercles, on lève les bras, la lumière de l’après-midi tombe sur un public ravi d’être là, simplement.

Green Paradize festival 1ère édition
Keziah Jones

Keziah Jones (18 h 30–19 h 30) prend alors la scène comme on prend la mer, sans se retourner. 57 ans, une silhouette souple, la guitare en bandoulière, il convoque sa funk percussive avec ce groove nerveux qui claque comme un tambour. « Where is Life », « Beautiful Emilie », et, bien sûr, « Rhythm is Love » : à chaque intro, des exclamations fusent, des bras se lèvent. Les visages s’allument, la foule chante. On se rappelle combien ses refrains ont irrigué les années 90 en France, et combien ils tiennent encore la distance.

Green Paradize festival 1ère édition
Warren de Ko Ko Mo

À 20 h, Ko Ko Mo monte d’un cran le volume et la densité. Format duo, impact massif : Warren (guitare–chant) déroule riffs et soli, glissant des vocalises androgynes qui transpercent le mix ; Kevin « K20 » (batterie–chœurs) cogne avec une intensité féroce, sans perdre la fibre spectaculaire. Le duo classic rock fédère, renoue avec la sueur et la jubilation immédiate ; on pense à ces groupes qui transforment n’importe quelle scène en club exigu, bras et têtes en mouvement.

Green Paradize festival 1ère édition
Odezenne

Le moment « retour au bercail » arrive à 21 h 30 avec Odezenne. On sent d’emblée l’ancrage bordelais : clins d’œil, sourires complices. Leur esthétique entre parlés désabusés, poésies au brouillard épais et électro sous haute tension s’épanouit dans la nuit qui tombe. Une fan, les yeux brillants, nous confie les suivre depuis plus de dix ans et connaître « tous les morceaux ». Le titre « Je veux te baiser » déclenche un chœur paradoxalement tendre, entre rires et frissons ; la référence à Twin Peaks et à Angelo Badalamenti flotte dans les synthés hypnotiques. « On est à la maison », glissent-ils entre deux titres, et le public répond par une ovation qui résonne jusque dans les arbres.

Green Paradize festival 1ère édition
The Blaze

La clôture du samedi (23 h–0 h) appartient à The Blaze. Le duo installe son dispositif lumineux comme une cathédrale contemporaine ; les basses ondoient, les silhouettes se détachent dans la brume. On danse les yeux fermés pour se laisser traverser, puis grands ouverts pour communier : leur électro propose ce dilemme entre introspection et contemplation que la nuit bordelaise embrasse avec ferveur. Le parc semble respirer au rythme des pads, un dernier drop étire les bras vers le ciel ; minuit tombe, le tintement lointain des couverts des food trucks répond à l’écho des kicks.

Dimanche : entrée gratuite, carte blanche à Bordeaux Open Air

Dimanche 5 octobre, le festival s’ouvre gratuitement et confie la programmation à Bordeaux Open Air. Ambiance diurne et conviviale. Les sets se succèdent dans une ligne house & electro au long cours, privilégiant les grooves lumineux et les montées subtiles plutôt que la surenchère. On picore côté food, on échange avec les associations, on revient « juste pour voir » et on reste parce que le parc devient un salon à ciel ouvert. Cette carte blanche parachève l’identité du Green Paradize : un événement qui pense autant à la fête qu’au vivre-ensemble.

Le public & la ville

Ce qui frappe, au-delà des noms à l’affiche, c’est le mélange des générations et l’aisance avec laquelle Bègles s’approprie « son » festival. Les familles arrivent tôt, testent les stands, puis s’éclipsent au cœur de soirée ; les noctambules prennent le relais, attirés par les signatures électroniques. Partout, des fragments de Bordeaux : des étudiants, des habitués des salles locales, des voisins venus « voir ce que c’est ». L’ADN local prend corps, particulièrement pendant Odezenne, où l’on perçoit une forme de gratitude réciproque, celle d’un groupe qui retrouve ses racines, et celle d’un public qui le voit grandir sans partir.

Bilan & perspectives

Opération réussie, incontestablement. Une nouvelle édition a été annoncée sur scène, avec des premiers pass proposés au public en fin de soirée samedi 4 octobre, un signe de confiance et, déjà, un rendez-vous pris. Côté affluence, les premières estimations tournent autour de 7 000 personnes sur l’ensemble du week-end, chiffre à prendre avec prudence tant il s’agit d’une approximation. Pour un premier jet, Green Paradize a trouvé le ton juste : exigeant, accessible, et résolument tourné vers demain.

Ecrit par Jean-Sébastien Dufourg

Créateur du site Bordeaux Gazette et Président de l’association.

Ecrit par Oihana Marco

Photographe, psychologue et anthropologue.
https://www.oihanamarco.com


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