Dans son livre réquisitoire contre Emmanuel Macron, « Ce pays que tu ne connais pas », le procureur Ruffin affirme que « Macron est un artiste sans œuvre », car il fut un enfant trop choyé, trop privilégié, loin de la vraie vie, vraie vie que François Ruffin affirme, lui, avoir vécue et connaître.
Si enfoncer le clou à propos du Président souvent qualifié de Président des riches est à la portée de tous les opposants farouches et autres commentateurs sérieux ou pas, mus par des motivations diverses et variées, ce long réquisitoire tout au long duquel François Ruffin évoque un homme qui a nié et méconnu les souffrances du peuple, un être se vivant trop supérieur, très très loin des préoccupations des gens, des vrais gens que selon l’auteur, bien sûr il ne connait pas, ne souffre pas d’un excès de nuances et ne laisse cependant pas d’interroger.
Outre quelques remontrances tout à fait justifiées, Emmanuel Macron n’ayant pas manqué d’apparaitre arrogant et orgueilleux en quelques circonstances, la détestation acharnée à l’encontre du chef de l’Etat, dans le plus pur style de la France Insoumise, ne saurait être mieux illustrée que par les outrances et caricatures d’un François Ruffin pour le moins très peu mesuré.
Evoquant le vide et la nullité littéraire d’Emmanuel Macron, il prétend démasquer son imposture intellectuelle. Entre une vision sans nuance de la lutte des classes, selon laquelle seul un prolétaire peut comprendre un prolétaire, une exaspération sans limite vis-à-vis des quelques réussites d’Emmanuel Macron et l’idée bien ancrée dans le cerveau de l’auteur qu’une éducation « privilégiée » ne peut qu’interdire de comprendre le « vrai peuple », le réquisitoire à la mode Ruffin est sans appel et il n’y manque guère que la guillotine …
Cependant, pour le lecteur attentif et calme, du moins plus calme que l’auteur, ce qui n’est pas très difficile, au-delà de ce flot de remontrances sans appel, ni modération, un arrière-goût amer ressort clairement du livre de François Ruffin. Alors que François Ruffin et Emmanuel Macron ont « jadis » fréquenté le même lycée, celui qui prétend aujourd’hui représenter les humbles, semble bien avant tout jaloux de « l’autre », de sa réussite et en plus être doté d’une ambition et d’un orgueil au service d’un ego surdimensionné visant à en faire le rival, le concurrent légitime, l’égal si ce n’est plus, d’un président qui selon lui ne comprend rien à rien.
Une grande propension à se mettre en scène et à songer à sa postérité conduit par ailleurs l’observateur attentif à se questionner en ce qui concerne les raisons profondes à l’origine du credo de ce Robin des bois du 21ème siècle.
Il faut en finir avec le président soleil, dit-il …
Histoire de tempérer les émotions et déclarations intempestives de l’auteur de ce réquisitoire, à qui l’on n’a certainement jamais enseigné que « trop est rarement bien », les sondages, qui certes ne valent que ce qu’ils valent, donnent à son courant de pensée un score qui tendrait à prouver que si François Ruffin connait et comprend les « vrais gens » ces derniers ne lui rendent pas la pareille, si ce n’est dans de très faibles proportions.
Rien n’interdit cependant à François Ruffin, héros autoproclamé au service des humbles, de faire lui-même preuve de temps en temps d’un peu d’humilité et pourquoi pas d’être concrètement à la hauteur des exigences qu’il assène aux autres !!!
Ecrit par Dominique Mirassou