Bordeaux

Bordeaux : Les décrocheurs et la justice avant la "rouste" aux Municipales

Le mercredi 24 juin avait lieu à la Cour d’appel de Bordeaux le procès en appel des décrocheurs·euses de portraits. Une centaine de personnes, issues de différentes organisations militantes, dont Loic Prudhomme, député en Gironde, qui s’est fait remettre un portrait présidentiel



Il y a tout juste un an, en mai 2019, le collectif Action Non Violente Cop 21 Gironde réquisitionnait les portraits présidentiels accrochés aux murs des mairies de cinq villes du bassin d’Arcachon. Derrière ces actions coup de poing, un message clair : dénoncer aux yeux de tous la calamiteuse politique climatique et sociale d’Emmanuel Macron et de son gouvernement. Comme l’affirmaient à nouveau les scientifiques du Groupe d’Expert Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) dans leur dernier rapport de 2019, seul un changement radical de cap permettrait de rester au dessous des 2°C de réchauffement climatique nécessaire à une vie digne sur Terre. Mais pour ces militants climat, malgré l’urgence de la situation, aucune mesure à la hauteur des enjeux n’est encore appliquée. Comme le relève le Haut Conseil pour le Climat, la France n’a pas respecté son premier budget carbone (2015-2018) et n’a pas engagé les changements pour respecter le suivant (2019-2023). Au contraire, en janvier, le gouvernement a revu à la hausse ce budget carbone, s’autorisant à polluer davantage et à remettre à plus tard les efforts. Pour ces actions de décrochage, huit d’entre eux étaient poursuivis par l’État pour Vol en réunion risquant ainsi au maximum 75.000 € d’amendes et 5 ans de prison. Lors du procès de première instance en décembre 2019, le Tribunal avait refusé la relaxe pourtant demandée par les avocates. La défense expliquait alors que cet acte était une réquisition et non un vol et que les portraits seraient rendus en bonne et due forme une fois les mesures nécessaires à la sauvegarde du climat mises en place.

Discussion autour d’un verre

Le concept d’État de nécessité environnemental avait également été invoqué lors du premier procès pour justifier cette action de désobéissance civile. Il avait été refusé par les trois magistrats bordelais au motif que cette action ne permettait pas de se prémunir directement contre le péril climatique. La crise de la COVID jette une lumière nouvelle sur ces décrochages. « Les alertes sanitaires n’ont pas été entendues, provoquant un retard dans la réponse gouvernementale qui a coûté des milliers de vies en France », expliquait une des inculpées avant d’entrer dans le tribunal. Par contre, pour sauver l’économie, on voit bien que “l’argent magique” existe. Le gouvernement doit entendre les alertes climatiques, et utiliser cet argent pour transformer radicalement la société, sinon ce ne sont pas des milliers de vies qui seront menacées, mais bien l’humanité elle même”. Pourtant, la veille, un des inculpés a reçu un appel de la Gendarmerie de Macau l’informant qu’une nouvelle convocation au tribunal l’attendait, suite à la réquisition de portrait ayant eu lieu en juillet 2019 deux mois après l’opération au bassin d’Arcarchon. Le parquet semble décidé malgré l’engorgement des tribunaux à poursuivre les militants pour toutes leurs actions. Mais ceux ci sont déterminés à tout assumer, et étaient soutenus par une centaine de personnes lors du rassemblement de soutien organisé à midi devant le tribunal.

Décrocheuses et décrocheurs réunis à Paris 100 jours avant les Municipales qui ont vu Macron prendre une "rouste"

De nombreux collectifs et organisations (Confédération paysanne, CGT, FSU, UCL, CNT, Pisseurs volontaires, ATTAC, Extinction Rebellion, CLAP 33, Gilets Jaunes, Greenpeace) et des personnalités politiques (Pierre Hurmic, Philippe Poutou, Loïc Prudhomme) ont publiquement affirmé leur soutien aux décrocheurs·euses. Le député LFI s’est même fait remettre un portrait décroché. Lors de l’audience, les avocates des décrocheurs·euses ont plaidé l’état de nécessité mais également la liberté d’expression des citoyens pour demander à nouveau la relaxe des huit prévenu.e.s. D’après Maître Noel, puisque plusieurs "receleurs" de portraits sont connus mais toujours pas inquiétés (Philippe Poutou, Loic Prudhomme pour ne citer qu’eux), ce n’est pas le vol qui pose problème au parquet, mais la démarche politique qui la motive. Le procureur, quant à lui, a demandé "une peine symbolique pour une action symbolique". La décision finale de la Cour d’Appel sera rendue le 16 septembre.

Ecrit par La rédaction


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