En 2007, avant la dernière élection présidentielle, Dominique Voynet, candidate des Verts, était créditée de 1.5% d’intentions de vote par les sondages pendant que Nicolas Hulot recueillait entre 10 à 15% des intentions de vote. Pour expliquer ce phénomène et le relativiser, D.Voynet déclarait en substance que N. Hulot avait présenté l’écologie de façon « très consensuelle » : une manière méprisante de dire qu’il n’était qu’un écologiste de surface et essentiellement médiatique. Lorsque en 2007 l’animateur de TF1 s’est désisté en faveur de D.Voynet, les intentions de vote n’ont pas changé. Elle n’a tiré aucun bénéfice politique de l’apparent élan écologiste qui promettait de se cristalliser autour de N.Hulot.

L’une des raisons essentielles à cela, est que les écologistes n’ont apparemment pas voulu comprendre, ni à l’époque, ni en 2011, c’est que N.Hulot a refusé de se présenter en candidat de gauche alors que les Verts en France en tous cas, ancrent leur positionnement idéologique à gauche- ce qui n’est pas le cas notamment en Allemagne où les écologistes sont du coup un parti crédible et au pouvoir dans de nombreux Länder. C’est ainsi que D. Voynet, mais également E. Joly en 2011, fondent la cause écologiste et la cause socialiste en une seule cause. Ce qui est une erreur factuelle et une simplification abusive du problème car la destruction de l’environnement n’est pas l’apanage des régimes capitalo-parlementaristes. En procédant ainsi les Verts s’aliènent une grande partie de l’électorat français, qui, pour peu qu’il ait une préoccupation écologiste (ce qui reste à démontrer), ne se reconnaît pas dans l’analyse gauchiste des Verts.

La candidature de N.Hulot présentait en 2007 comme aujourd’hui, deux avantages : par sa stature médiatique, il était clairement identifié par l’électorat populaire (dont on sait l’importance du vote) comme écologiste et il n’avait aucun marquage idéologique limitant. Quelque soient ses qualités, E.Joly est largement en retrait sur ces deux points par rapport à N.Hulot.

En choisissant E.Joly à la suite d’un torpillage de N. Hulot (qui était largement en avance sur E.Joly au début des primaires des Verts), torpillage que l’on imagine savamment orchestré en interne par les plus gauchisants du parti, les Verts ont sans doute d’ores et déjà perdu leur pari de 2012 : celui d’inscrire l’écologie dans la politique de ceux qui gagneront en 2012.

Je ne cache pas que c’est un motif réel et sérieux de consternation pour moi. Non pas parce que j’aurais une sympathie particulière pour N.Hulot : ce n’est pas le cas. Non pas parce que je ne partagerais pas avec les socialistes des valeurs humanistes que l’on a peine à retrouver dans les discours et la politique de la droite actuelle : je ne vote pas à droite. Mais parce que la cause écologiste est une cause urgente et non une idéologie partisane. L’écologie n’est pas une idéologie politique, c’est une nécessité objective qui va au-delà du clivage droite-gauche. C’est précisément ce clivage qui lasse une bonne partie des Français et que l’image de N.Hulot permettait de dépasser. C’était une chance pour les Verts.

Sacrifier l’écologie sur l’autel des intrigues politiques, c’est contribuer à entretenir l’illusion que nous, humains, pourrons vivre demain comme aujourd’hui. Ce n’est pas en triant nos déchets et en roulant à l’éthanol produit à partir du colza à grands renforts d’engrais chimiques que l’on fera avancer la cause écologique de façon décisive. Croire, comme certains scientistes délirants, que la science détient ou détiendra sous peu la solution à nos problèmes par des technologies miraculeuses, n’est qu’un opium supplémentaire qui soutient une illusion que les générations suivantes paieront pour nous.

L’absence de volonté politique des gouvernants des grands pays est patente : ils mettent moins de temps à s’accorder pour bombarder quelques dictateurs au nom des droits de l’homme et de la justice internationale qu’à prendre fait et cause pour l’humanité elle-même et plus largement pour les vivants. La politique et ses jeux morbides seraient –ils les ennemis de la cause écologique ? Je le crois.