Structure destinée à régenter la vie des gens, la bureaucratie est bel et bien présente dans nos sociétés depuis des millénaires. Les Egyptiens, les seigneurs féodaux tout comme le régime nazi et nos démocraties actuelles n’auraient su
fonctionner sans une bureaucratie souvent omniprésente et diversement efficace. Si l’on se réfère à l’ouvrage de Jacques Bichot : « Le Labyrinthe. Compliquer pour régner ». il apparaît que très souvent la bureaucratie se développe lorsque les hommes politiques incapables d’agir sur la réalité, compensent en redoublant d’activité sur les textes, plus malléables que les hommes. Comparant l’addiction à la production de textes officiels avec l’addiction à l’alcool, l’auteur nous dit : « Souvent un homme boit pour oublier ses échecs, la médiocrité de sa situation ; les hommes politiques et les hauts fonctionnaires, eux, pondent des textes inutiles. » J’ajouterai très souvent inapplicables. Et l’auteur de poursuivre que le haut fonctionnaire très soucieux d’exister, car son « moi » l’exige, doit donner à sa fonction une importance aussi voisine que possible de celle de son ministre. L’activité du fonctionnaire rejaillissant sur celle du ministre et donc sur sa notoriété, les bureaucrates ne sont pas souvent freinés quand ils commettent des abus de réglementation et parfois de véritables abus de pouvoir. Quant aux failles et égarements liés à ce « bureaucratisme chronique et intense », il suffit actuellement de mesurer le temps passé entre l’annonce de l’arrivée des masques et leur livraison effective pour constater que même si l’affaire est loin d’être simple, l’efficacité et la coordination ne sont pas tout à fait au rendez-vous. L’auteur propose un autre exemple pour illustrer son propos : » Depuis plus de dix ans, les agences régionales de santé ont poussé à la réduction du nombre de lits dans les hôpitaux.
La sortie le plus tôt possible après l’opération devait réduire fortement les dépenses hospitalières en même temps que le nombre de lits. En réalité, un lit inoccupé ne coûte pas grand-chose et un lit occupé par une personne récemment opérée coûte moins cher que l’intervention à domicile d’un infirmier libéral. »
Un choix administratif pas vraiment judicieux, pour quelles économies ?
Ecrit par Dominique Mirassou