Bordeaux
Créée il y a 25 ans dans l’optique d’accompagner les femmes qui se sont lancées ou qui veulent se lancer dans l’aventure entrepreneuriale, l’association Action’elles saisit les opportunités à Bordeaux pour créer une 3ème délégation après s’être développée en Rhône-Alpes et en Île-de-France.
En France, la proportion de femmes parmi les créateurs d’entreprises est passée de 30% en 2006 à près de 40% aujourd’hui. Cette augmentation en dit long sur l’évolution des mentalités. On est en effet loin de l’idée patriarcale selon laquelle la femme doit rester à la maison, entreprendre lui permet d’être totalement autonome. Cela dit, la France a encore du chemin à parcourir par rapport à ses voisins occidentaux en matière d’égalité des genres. Devenir et être chef d’entreprise n’est pas de tout repos, c’est un fait, mais lorsqu’on est une femme, c’est d’autant plus dur qu’il faut s’imposer dans un milieu d’hommes donc s’affirmer avec plus de force. Mais que ces femmes chefs d’entreprise soient rassurées, elles ne sont pas toutes seules : c’est le message que veut leur envoyer Action’elles, un réseau qui leur est exclusivement destiné au vu des obstacles spécifiques qu’elles doivent affronter en tant que femmes. Il s’agit d’accompagner et de soutenir toutes ces femmes par le networking et la formation, du projet de création d’entreprise à sa concrétisation.
Femmes entrepeneures : dépasser les idées reçues
L’entraide est une valeur qu’Action’elles favorise et cela a séduit Thérèse Tarouco, jeune adhérente et créatrice de l’agence web KookiApps ainsi que de l’entreprise MyMillèsime. Il faut bien dire que son parcours professionnel ne manque pas d’embûches. Être attirée par l’informatique, un secteur essentiellement masculin, n’a pas joué en sa faveur : elle affirme que son école ne lui aurait jamais donné une chance sans la pression du ministère des droits de la femme. En ce qui concerne sa démarche entrepreneuriale, obtenir des fonds n’a pas été simple non plus en raison d’une injustice qu’elle dénonce : « des collègues masculins ont réussi à avoir des bourses pour des projets moins innovants que le mien ». Nathalie Froissart explique que c’est un problème courant : « la femme est moins crédible, surtout dans les nouvelles technologies ». Par ailleurs, les entrepreneures tendent souvent à emprunter peu de peur de ne pas pouvoir rembourser par la suite et la Vice-présidente affirme que « cette modestie féminine est une énorme erreur ». Une erreur dont elle est consciente grâce à son expérience acquise depuis la création de son entreprise AtoutSens il y a 11 ans, tout comme celle de ne plus se faire avoir au même endroit par exemple. Son expérience lui a aussi permis de concilier sa vie personnelle et sa vie professionnelle et de ne plus « crever de faim », alors que Thérèse Tarouco affronte la réalité de jeune entrepreneuse : « je n’ai pas de vie privée ».
La force du réseau
Les mésaventures sont inévitables lorsqu’on entreprend, surtout au début. Les entrepreneuses doivent en plus vivre l’anticipation continuelle seules puisque les proches ne peuvent pas vraiment comprendre leur posture. Il y a de quoi avoir des maux de tête... Action’elles organise ainsi des réunions ou encore des soirées conviviales pour qu’elles puissent se poser et réfléchir à leur manière de travailler. Au début des réunions, chaque femme se présente et doit aussi exposer son problème du moment, ce qui crée immédiatement du lien puisque d’autres ayant déjà eu ce problème sont susceptibles d’apporter des solutions. Nathalie Froissart indique que cet échange permet de « changer de lunettes, de voir la même difficulté autrement ». Il y a inéluctablement un enrichissement à en retirer, peu importe son expertise préexistante car « il y a toujours des paliers à franchir, de nouveaux métiers qui surgissent sans qu’on s’y attende » affirme-t-elle. Thérèse Tarouco trouve que l’échange est « phénoménal », qu’il est toujours bienveillant dans le sens où il y a la volonté de prendre mais aussi de donner. Elle a par exemple réussi à obtenir des adresses e-mail précieuses qu’elle aurait mis « des mois à récupérer sans l’aide du réseau ».
Des ateliers utiles et intelligibles
À la fin des réunions, l’association met en place des ateliers pour acquérir des méthodes et des connaissances sur des thématiques telles que « apprendre à pitcher » ou encore « gérer son temps ». Au sommaire de celui du 29 mai qui a eu lieu à Bordeaux, « vivez comme vous le désirer en gagnant toujours plus ! », un thème essentiel pour les entrepreneuses puisqu’il implique la relation à l’argent. Les participantes ont commencé par recevoir un tableau avec plusieurs cases indiquant les différents leviers pour gagner plus d’argent comme « se vendre », puis d’autres pour inscrire la définition des mots ainsi que la situation de l’entreprise relative. Nathalie Froissart, qui animait l’atelier, a par ailleurs utilisé une didactique visuelle à l’aide notamment de « mind maps » pour permettre aux entrepreneuses de prendre du recul sur leur activité. Elle pointe les points forts des entrepreneuses « ça c’est très bien » ainsi que leurs erreurs, n’hésitant pas à taper du poing sur la table et à utiliser un ton affirmé pour déclencher des prises de conscience : « arrête d’avoir des scrupules à monter les prix ! ». Cela a été efficace pour Thérèse Tarouco qui a reconnu faire preuve d’un certain laxisme vis-à-vis de la gestion de la facturation. Elle compte bien se comporter de manière plus forte pour s’implanter à Bordeaux au même titre qu’Action’elles.
Site web : https://www.actionelles.fr/
Ecrit par Joséphine Tangye