Il sera déjà quatorze heures en France quand l’Amérique de la côte Est commencera à voter et la côte Ouest commencera trois heures après et il faudra encore attendre une heure de plus pour que l’Alaska vote et une heure supplémentaire pour Hawaï avant que le scrutin ne soit clos en fin de journée.
C’est ce que l’on appelle la nuit américaine et elle est longue d’autant que si les sondages sont favorables a Joe Biden, rien ne dit que le score est acquis dans la mesure où le scrutin n’a rien à voir avec la majorité d’un électorat sur l’ensemble des votes. La situation avait été fatale à Hillary Clinton avec les Swings States qui peuvent emporter la décision car il faut se souvenir que la quasi-totalité des enquêtes d’opinion donnaient Trump perdant en 2016 et qu’à la sortie il est élu avec deux millions de voix en moins face à sa concurrente démocrate par le jeu de ces Swings States qui en général ne change pas d’allégeance au parti qu’ils soutiennent ( Arizona, Géorgie, Floride, Iowa, Michigan, New Hampshire, Caroline du Nord, Ohio, Pennsylvanie, Texas) mais parfois on voit se déplacer les majorités de ces "Etats du champ de bataille"[traduction de Swings States] car selon où ils basculent, ils entrainent tous les représentants dans le même camp pour la désignation du Président sauf dans certains Etats qui n’ont pas choisi le système du vainqueur.
- Les Etats qui pèsent lourds dans la désignation (Californie 55 - Texas 38 - Floride 29 - New York 29 - Illinois 20 - Pennsylvanie 20 - 18 Ohio - Géorgie 16 - Michigan 16 -Virginie 15 - New Jersey 14 - Caroline du Nord 13 - Washington 12 - Arizona 11 - Massachussetts 11 - Tennessee 11 - Indiana 11
Il est vrai qu’on peut considérer que la réélection de Donald Trump serait vécue comme un traumatisme mondial tant il est décrié du Nord au Sud de la planète et d’Est en Ouest. Pour nous le système électoral américain est complexe et on a du mal à comprendre comment une majorité de un pour cent dans un Etat fait basculer l’ensemble du collège électoral de cet Etat dans le camp du vainqueur ce qui a donné le résultat paradoxal pour nous d’une Hillary Clinton battue avec 61 039 251 votes, contre 60 371 182 pour Donald Trump, donnant les pourcentages suivant de 47,8% des voix en faveur de la démocrate, contre 47,3% pour le républicain, ce qui aurait valu en France un résultat inverse car uniquement basé sur le suffrage universel. Ce qui détermine la présence des candidats dans la campagne dans la dernière ligne droite, ce sont ces "Etats du champ de bataille" qui peuvent basculer au dernier moment, et que les candidats cajolent. Maintenant on attend le résultat.
Ecrit par Bernard Lamarque
Co-fondateur de Bordeaux Gazette