Bordeaux
Il était des nôtres car il nous fournissait régulièrement des photos depuis le fleuve nous donnant des vues inédites des navires de croisières venant s’ancrer dans le port de la Lune, vision à ras des flots depuis son frêle esquif.
Nous avions suivi Gérard Lajournade pendant des années lors de ses périples de Bordeaux à la Méditerranée commencés en 2009 alors qu’il pagayait déjà dur sur la Garonne en guise de passe temps. Il aimait ajouter la performance à l’amusement et au délassement, lui l’ancien coureur cycliste qui se rendait à son travail à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit de chez lui, rue Lombard à son travail à Blanquefort. Il avait aussi tâté du Marathon avec des temps honorables. Le premier voyage en kayak vers la Méditerranée, a été entrepris tout d’abord jusqu’à Sète, ainsi la première année il a atteint La Tamarissière à l’embouchure de l’Aude en 11 jours, ce qui était remarquable car il lui fallait sortir le kayak de l’eau à chaque écluse et entre le Canal Latéral à la Garonne et le Canal du Midi ce n’est pas ce qui manque avec des accès pas toujours heureux pour sortir de l’eau. Cette année là, ce fut la dernière étape de son premier périple car par faute de gros temps il n’a pas atteint le port de Sète se faisant chavirer en Méditerranée, le mauvais temps ayant eu raison de sa pugnacité. L’année suivante il attendra Sète avec un trajet un peu différent en passant par l’étang de Thau et Marseillan plage pour déboucher sur la Méditerranée et pousser jusqu’au port de Sète Ainsi lors de sa tentative suivante il reliera Bordeaux à Sète en une douzaine de jours. Lors de ses tentatives suivantes ce qu’il va réaliser à plusieurs reprises il va d’abord pousser jusqu’à Arles par le Grand Rhône où Bordeaux Gazette avait été le récupérer car il nous en avait confié la mission comme chaque année.
- Avant son départ aux couleurs de Bordeaux Gazette en 2011 entre les créateurs du Webzine
Gérard Lajournade était un homme méticuleux et il notait tout, il avait fait le compte du nombre de coups de pagaie nécessaires pour rallier Arles depuis Bordeaux, soient 334 908 coups de pagaie. Ainsi chaque année il poussait un peu plus loin sa randonnée jusqu’à se décider à prendre la direction du petit Rhône pour aller rejoindre Les Saintes Maries de la Mer qui restait son projet initial, qu’il va atteindre à plusieurs reprises à la grande surprise des autorités de port Guardian le voyant débarquer de son kayak bleu préféré qui portait le prénom de sa fille Mélody, sa fille la plus jeune. Il avait ramené des photos de tous ces voyages dont une belle série que vous pouvez consulter ICI réalisée entre Sète et Beaucaire sur le canal du Rhône. ll bâtait pavillon Bordeaux-Gazette lors de ces déplacements depuis 2011 pour faire briller les couleurs du journal jusqu’au bord de la Méditerranée. Il avait toujours son portable avec lui pour saisir des moments inédits et l’objet n’a pas disparu car les pompiers l’ont récupéré mais pour un de récupéré combien sont restés au fond de l’eau. Il faisait son parcours de Bordeaux aux Saintes Maries de la Mer en solitaire dépliant chaque soir sa tente au bord du canal et chaque matin il plier armes et bagages pour continuer son périple tout en songeant à nettoyer méticuleusement l’espace occupé, c’était son côté écolo.
- Gérard Lajournade lors de son dernier départ pour rejoindre les Saintes Marie de la mer en 2018 à bord de Paolo
Son premier parcours le plus accompli, il l’a réalisé en 2014, bientôt dix ans, en faisant le détour par Beaucaire (Gard) et Tarascon (Bouches du Rhône) qui se trouvent de part et d’autre du Rhône, parcours que nous avions relayé en son temps sous le titre "De Bordeaux aux Saintes Maries de la Mer en kayak via Beaucaire/Tarascon" où on trouve le détail d’un parcours qu’il a réalisé plusieurs fois car il lui plaisait avec cette descente du petit Rhone vers les Saintes Maries de la Mer et la Camargue où il croisait le bac du Sauvage avec ses allures de Louisiane. Mais un jour l’âge et la fatigue venant il avait du renoncer. Il avait troquer sa casquette pour son chapeau de broussard qui ne le quittait plus car depuis quelques années avec l’arrêt de ce difficile périple ou il fallait sortir kayak et matériel à chaque écluse car les écluses c’est bien pour les bateaux et les péniches mais pas pour les kayaks car on est trop, à ras de l’eau. Ainsi depuis quelques années il consacrait au moins trois journées à des sorties sur le fleuve. Il était bien réglé avec soit sortie amont soit sortie aval et son plaisir était de suivre les travaux du pont Simone Veil quand il allait côté rives d’Arcins. Il se déplaçait en choisissant bien ses heures de sorties pour profiter de la marée soit à l’aller soit au retour de son périple de même quand il se rendait sur l’aval où il allait selon les jours jusqu’à Saint Louis de Montferrand ou voire un peu plus loin. Maintenant on n’apercevra plus sa silhouette sur le fleuve et Bordeaux-Gazette adresse ses condoléances attristées à ses filles Julie et Mélody, son fils Julien, sa compagne Marie-Claire ainsi qu’à son frère Jean-Louis, ses sœurs Mireille, Gisèle, Sylvie et leurs familles
photo de une : Gérard Lajournade filmé par FR3

Ecrit par Bernard Lamarque
Co-fondateur de Bordeaux Gazette
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