Bordeaux
Cette pièce inachevée de Georges Feydeau peu ou pas connue, si peu ou pas jouée a intrigué cette joyeuse et talentueuse bande de gais lurons qui s’en sont emparée pour la triturer, la malaxer et la torturer …
« John, domestique de Paulette, cocotte peu agréable avec les gens de maison, essaie de convaincre ses collègues, Isidore et Philomèle de se rebeller quand leur maîtresse arrive. Son amant d’un soir Snobinet, un comédien du théâtre Sarah Bernhardt, est encore dans la chambre quand soudain Serge, qui entretient Philomèle, arrive de manière impromptue de Monte-Carlo. Snobinet essaie de se cacher comme il peut. Il termine sous une table, Serge étant persuadé qu’il s’agit du chien de la maison. Serge découvre qu’il a été trahi, mais son courroux est de courte durée : il apprend à Paulette qu’il est ruiné. Il va falloir qu’ils trouvent d’autres arrangements… Des amis de Paulette arrivent pour le déjeuner quand un message est remis au domestique Isidore. Il vient d’hériter de cent millions… Toutes les relations sociales se trouvent bouleversées par cette nouvelle. » Ils ont réussi ! Tous les spectateurs de théâtre habitués de cet auteur savent combien sa mécanique est bien huilée dans un désordre orchestré au millimètre. Et justement gripper tout çà pour en démonter le mécanisme est le pari osé et pas si mal réussi du Collectif les bâtards dorés qui présentaient leur version hier soir dans la salle Vitez du TNBA noyée de fumée … et de quelques toux « asthmées » … !!
Un Monsieur Loyal de bazar à trois sous, pétomane de surcroit, nous sort la grosse artillerie lourde d’un sacré boulevard démonté – car au fur et à mesure du détricotage – de l’histoire dans laquelle la pelote de laine toujours plus provocatrice s’emmêle, les murs tombent, comme les pantalons et les millions du titre. La provocation intelligemment déculottée de cette pantalonnade dans laquelle les sexes se perdent et se confondent avec des concours de pets mal dissimulés par les portes qui claquent échappent souvent à nos sens mais dérident bien nos zygomatiques et c’est heureux. L’histoire de ce délire rocambolesque qui ne finit pas et la reprise de sous-titres obligés étirent une fin d’histoire médiévale ou l’homme en armure « sorti d’où ? » au milieu des laser, lasse ou laisse un peu sur leur faim des spectateurs conquis, ébahis, intrigués, surpris … Mais indéniablement et assurément une très belle équipe chic et choc qu’il faut avoir à l’œil. Ils n’ont pas fini de nous étonner !!
D’après l’œuvre de Georges Feydeau
Texte, conception et mise en scène Collectif les bâtards dorés
Avec Romain Grard Lisa Hours Ferdinand Niquet-Rioux Jules Sagot Manuel Severi
Son : John Kaced Lumière et scénographie : Lucien Valle
Costumes : Marion Moinet
Régie Générale : Constantin Guisembert
jusqu’au 22 février - Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine
Ecrit par Pierre Chep