Annie Guibert, présidente du Centre Contre les Manipulations Mentales (CCMM), était invitée mardi dernier au club de la presse pour présenter son « Livre noir de l’emprise psycho-spirituelle », véritable réquisitoire contre la montée des dérives sectaires au sein de l’Église catholique. 17 témoignages authentiques rassemblent un ensemble de preuves accablantes sur un phénomène dangereux soutenu officieusement par le clergé.
« Des sectes dans l’Église catholique ! »
Il est très difficile de donner un âge aux communautés religieuses. Il est toutefois plus facile d’en citer, comme la très équivoque communauté des Béatitudes, fondée en 1973 à Montpellier. Alors dès 1976, un premier ouvrage s’interroge sur ces organisations qui prospèrent. Et en 1996 trois auteurs dénoncent « des sectes dans l’Église catholique » avec un nouveau livre polémique, Les naufragés de l’esprit (éditions du Seuil). Aujourd’hui, Annie Guibert, présidente du CCMM, lance un ultime signal d’alarme et demande un arrêt des dérives sectaires que soutient toujours l’Église catholique.
- Annie Guibert et Maître Daniel Picotin lors de la conférence de presse
- photo Bordeaux Gazette - Bernard Lamarque
Grace à 17 véritables histoires, elle rend compte d’un authentique témoignage sur les conséquences du contrôle spirituel mené par des « directeurs de conscience » pseudos-psychanalystes.
« Pour Jeanne, se séparer de son mari était inévitable, parce que cela lui avait été dicté »
Annie Guibert raconte les malheureuses aventures de familles éventrées, de couples déchirés et de vie abandonnées. Elle retranscrit l’histoire de Jeanne, mère de famille victime de psychogénéalogie — théorie selon laquelle les événements ou traumatismes vécus par les ascendants d’un sujet conditionneraient ses troubles psychologiques — qui se sépare de son mari après des sessions au sein de la maison Agapè. Elle nous rend compte aussi du témoignage de Gisèle, infirmière aux Béatitudes qui confesse de la libre utilisation des psychotropes dans ces communautés. En résumé, Annie Guibert blâme sévèrement ; elle garde toutefois espoir, non pas dans une réformation mais dans une éradication de ces dérives. La présidente du CCMM se veut très claire, « nous ne sommes pas contre l’Église, nous interpellons les autorités ecclésiales ». Enfin, l’auteur rappelle que le vide juridique autour des professions psychanalytiques n’a pu qu’aider à la démocratisation de ces pratiques « charlatanesques ». Elle précise que la récente modification juridique risque de conduire à une simple transformation dans la dénomination des praticiens, ce serait la naissance de « coachs » comportementaux.
Extrait vidéo de la conférence de presse :
Ecrit par Nicolas Pastor