Portets

L’acte d’écrire est, par définition, une activité solitaire. Henry de Montherlant n’échappa pas à la règle qui veut que les grands auteurs s’installent dans des lieux généralement incommodes (une île pour Yourcenar, un petit bureau en contrebas pour Mauriac, debout sur un méchant pupitre pour Alain Peyrefitte) ou répondent à des rituels stupides avant de se mettre à écrire comme cirer toutes les chaussures de la famille pour Marguerite Duras. L’inspiration est, pour chaque écrivain, chose volage et mystérieuse. La caresser, l’apprivoiser demande une certaine adresse, comme savoir ruser avec soi-même pour que le travail inconscient de la création puisse s’accomplir. Henry de Montherlant n’échappait pas à la règle, lui qui chassait les petits garçons avant de se mettre à écrire, puis qui se lançait dans des pages hautement morales que ses cabrioles auraient désavouées. Et pourtant, aussi vrai que son personnage, Mr de Coantré était mort vierge, Montherlant s’est toujours senti seul et n’a jamais parlé que de cela : solitude des Célibataires, solitude des Jeunes filles délaissées, solitude du soldat au combat, solitude de l’exilé, solitude de l’homosexuel, solitude de l’académicien qui méprise ses pairs, solitude de l’aristocrate fauché, solitude, solitude, solitude...
Florence Mothe, le dimanche 8 septembre, à 17 h au château de Mongenan, entraînera donc ses auditeurs sur une île déserte. Elle leur recommandera d’emporter quelques bons livres, de Montherlant, naturellement, et leur apprendra comment ne jamais s’ennuyer avec soi-même, jusqu’au moment où l’on se découvre un vieillard orphelin.
Renseignements : château de Mongenan, 05 56 67 18 11.
Visite tous les jours de 14 h à 18 h y compris dimanche et fêtes,
entrée 10 €,
conférence suivie de la dégustation gourmande des vins du domaine.
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