Si la comparaison des programmes des candidats constitue un des éléments décisifs du choix de l’électeur, le duel annoncé, lors de la primaire de la droite, entre Alain Juppé et Nicolas Sarkozy a tourné depuis plusieurs mois, à l’affrontement de deux tempéraments.
Nicolas Sarkozy
Sûr de lui en toutes circonstances, pugnace, combattant convaincu par lui-même, tel est Nicolas Sarkozy.
On ne peut plus énergique, toujours en mouvement, assumant sans aucun problème ses contradictions et erreurs, l’ancien Président, par son ton, par sa gestuelle, certains parlent même d’exhibitionnisme, envahit ses interlocuteurs. Tant par ses idées que par son éclaboussante personnalité, Nicolas Sarkozy, tend à convaincre les électeurs au point de sembler souvent les enjoindre d’adhérer à son opinion.
Soucieux de conquérir et de plaire à tout prix, Nicolas Sarkozy est souvent décrit par nombre de commentateurs comme le candidat perpétuel, celui qui a toutes les qualités du candidat performant. Nature de candidat certes, mais absolument pas de président de la République selon de nombreux observateurs pour lesquels l’inlassable énergie de Nicolas Sarkozy se transforme vite en agitation et l’hyperactivité en dispersion irréfléchie et brouillonne.
- Nicolas Sarkozy et Alain Juppé
- Photo Bernard Lamarque (Archive Bordeaux Gazette)
Alain Juppé
Concernant Alain Juppé, nous ne sommes pas très loin du parfait contraire, sa retenue, son économie de mots, sa froideur toute relative, sa sérénité, sa sobriété, son style tant sur le fond que sur la forme, sont loin d’en faire un candidat prêt à passer à l’abordage.
Pas vraiment désireux de faire rêver, fuyant la démagogie, maître de ses émotions, c’est la raison qui préside à son programme, Alain Juppé n’est pas là pour lever une troupe mais pour rassembler les français et les faire adhérer à une ambition commune claire. Pas de promesses donc, mais des propositions précises que les Français verront appliquées en cas de victoire du candidat.
Clarté pour les uns, ascétisme politique pour les autres, trop pudique, pas assez passionné ni passionnant, tels sont les reproches faits à un Alain Juppé qui a depuis longtemps décidé de s’interdire les promesses faciles et les rêves sans lendemain.
Entre la posture passionnée et mobilisatrice de l’actif et très souvent agité candidat Sarkozy et l’attitude tout en maîtrise et en lucidité d’un Alain Juppé qui tant sur le fond que sur la forme incarne les qualités d’un président, l’affrontement de ces deux personnalités oh combien antagonistes ne manque pas de contraste.
A ce jour, les Français semblent majoritairement opter pour la sobriété présidentielle d’Alain Juppé, laissant augurer que les attaques incessantes ne séduisent plus les Français et que conformément à l’histoire de notre Vème République, un ex président n’est jamais revenu au pouvoir.
Ecrit par Dominique Mirassou