Noël
Dans le silence d’une crèche
Peut-être que certains se souviennent encore d’un temps où la fête de Noël n’était pas une fête commerciale, celle de la course au sapin, aux cadeaux et aux repas arrosés.
Peut-être que certains ont machinalement installé chez eux en plus de l’arbre décoré, une petite crèche. Elle est sans doute le dernier vestige de ce temps-là, d’un temps où l’on invitait le temps à se suspendre dans une attente. Dans une étable, on trouve un boeuf paisible, un âne tranquille, quelques bergers ayant delaissé leurs troupeaux pour entourer de futurs parents, et pour ceux qui savent voir, quelques anges. Qu’attendent-ils ? Un petit enfant, un enfant qui va naître dans une mangeoire. On peut se joindre à cette petite troupe, allumer une petite bougie, cesser toute occupation et attendre. Attendre un enfant à naître dans une étable, voilà qui nous donnera l’occasion de faire silence, loin du flot incessant des paroles mondaines qui ont la prétention de nous dire ce que nous devons penser, ce que nous devons revendiquer, ce que nous devons craindre. Un enfant à naître dans une mangeoire, il n’est ni pour ceci, ni contre cela, il ne hait personne, ne méprise personne ; il n’a rien à défendre, il ne ment pas, n’attaque personne, ne violente personne. Il s’apprêtre à naître là où il reste de la place pour lui, à peu près nulle part, entre un boeuf et un âne. Nulle part, ce n’est pas très grand.
D’ailleurs, au milieu de tous les objets de nos maisons, cette petite crèche n’est pas très grande non plus. Mais en contemplant la crèche, en se joignant à ceux qui l’attendent, on peut agrandir ce nulle part. Et peut-être alors que la lumière de la petite bougie allumée va venir éclairer un petit coin dans le nulle part de notre coeur encombré, un petit coin à l’abri de la médiocrité, des vanités et des bassesses de ce monde. Et nous pourrons alors choisir de demeurer près de ce petit enfant et lui laisser nous enseigner ce qui manque à ce monde perdu.
Ecrit par Marc