Pessac

Daran à Pessac : un retour attendu entre mémoire et renaissance

Trente ans après Huit Barré et un exil fécond au Québec, Daran revient en Gironde. Le samedi 20 septembre 2025, la salle Sortie 13 à Pessac accueillera ce rendez-vous singulier : un concert en power-trio qui mêlera répertoire historique et titres de son dernier album Grand Hôtel Apocalypse.



Un retour bordelais inscrit dans une histoire longue

À Bordeaux, le nom de Daran résonne depuis longtemps. Les plus anciens se souviendront peut-être encore d’un concert donné à la fin des années 1990, autour de l’album Déménagé, au regretté Cricketers, bar emblématique du quai de Paludate aujourd’hui disparu. Plus récemment, en octobre 2019, il foulait la scène de l’INOX, invité par l’association Bordeaux Chanson, seul avec sa guitare pour une soirée intimiste. Son passage à Pessac marquera cette fois un retour en formation resserrée, mais électrique, à l’heure où sa discographie franchit de nouveaux caps.

L’année 2024 a vu paraître Grand Hôtel Apocalypse (novembre), douzième album studio, sept ans après Endorphine (2017). Écrit et enregistré entre Montréal, la Bretagne, le Mexique et la Californie, l’album donne à entendre un rock sans apprêts, bâti autour d’une guitare, d’une basse et d’une batterie. Cette sobriété instrumentale rappelle l’énergie brute de ses débuts, tout en offrant des textes d’une grande densité.

De Huit Barré à l’exil québécois

Daran s’était révélé au grand public au milieu des années 1990 avec Huit Barré, dont nous célébrons les trente ans. Ce disque, porté par des chansons devenues emblématiques, à l’image de Dormir Dehors, a marqué toute une génération. Depuis, l’artiste a exploré plusieurs chemins, oscillant entre rock rugueux et ballades plus intimes.

Son départ pour Montréal, au début des années 2010, a ouvert une nouvelle phase. Dans les entretiens qu’il a donnés, il explique combien ce changement de continent a transformé son regard et nourri sa musique. Le Québec l’a confronté à d’autres paysages, d’autres rythmes de vie, et cette distance a redéfini son rapport à la scène française.

Des textes ciselés avec Pierre-Yves Lebert

Depuis Pêcheur de Pierres (2002), Daran travaille avec Pierre-Yves Lebert. De cette collaboration est née une écriture où les images poétiques se frottent à une lucidité parfois âpre. Dans Grand Hôtel Apocalypse, on entend la révolte face aux chaos du monde mais aussi des élans d’intimité.

Dans Grand Hôtel Apocalypse, chanson-titre, Daran poursuit son exploration des failles humaines, oscillant entre l’intime et le collectif et dresse un décor chaotique où l’on danse encore « sur les décombres », comme pour conjurer l’effondrement du monde. Dans Tu fais semblant, il met à nu les masques de l’âge adulte, confrontés au miroir implacable de l’adolescence qui rappelle ce que l’on a renié ; Je n’ai jamais vu personne adopte la forme d’une litanie universelle pour affirmer que, malgré la diversité des destins, l’amour demeure une évidence partagée ; Je voulais te dire déploie une liste de confidences impossibles, où l’aveu se heurte au silence ; Ou encore, Plus jamais nous martèle par anaphore la rupture définitive d’un lien. Entre aveux impossibles, obsessions intimes et fresques collectives. L’album trouve sa cohérence dans une écriture rythmique et incantatoire qui épouse la voix grave et éraillée de Daran, donnant naissance à une œuvre de maturité, lucide mais jamais désespérée.

Une voix et une présence singulières

Ce qui frappe, depuis toujours, c’est la voix de Daran. Grave, légèrement éraillée, elle conserve une intensité singulière. Elle n’impose pas, elle insiste, parfois sur le fil, parfois comme une confession arrachée. En concert, cette voix devient le centre d’un dispositif scénique dépouillé.

La tournée actuelle se déploie en power-trio. Pas d’artifices : les instruments branchés directement dans les amplis, une énergie brute. Cette esthétique sans fioritures souligne la matière vocale. Loin des relectures nostalgiques, il s’agit plutôt de revenir à l’os, à l’essentiel, en cohérence avec un album qui scrute la liberté, la perte et la quête de soi.

Un artiste aux multiples visages

Outre ses propres albums, Daran a composé pour d’autres : Florent Pagny, Johnny Hallyday, ou encore la regrettée Maurane, avec qui il partagea le titre Dernier Voyage. Autant de collaborations qui rappellent que son écriture et sa musique circulent au-delà de ses disques.

Une carrière discrète, loin des circuits commerciaux

Malgré une discographie riche et des collaborations marquantes, Daran est resté fidèle à une forme de retrait. Loin des logiques commerciales et des grandes machines médiatiques, il poursuit un chemin singulier, concentré sur l’exigence de ses chansons. Ce choix de discrétion explique en partie pourquoi sa trajectoire, jalonnée de succès et de rencontres artistiques, se vit davantage dans la durée que dans l’éclat de l’instant. Son concert de Pessac s’inscrit dans cette continuité : un rendez-vous qui privilégie la sincérité de la scène à la recherche d’effets.

Infos pratiques
Date : samedi 20 septembre 2025
Lieu : Sortie 13, Pessac
Accès : tram B, arrêt France Alouette (puis 10 min à pied)
Billetterie : Lien

Ecrit par Jean-Sébastien Dufourg

Créateur du site Bordeaux Gazette et Président de l’association.


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