FN, Union nationale, Unité, Alain Juppé …

Lors de la deuxième soirée des élections régionales, à peine les derniers bulletins comptabilisés, la télévision nous offrait un énième débat stérile, avec cette fois comme protagonistes, Cécile Duflot et Rachida Dati. De quoi constater que la leçon exprimée par les urnes risquait une nouvelle fois de ne pas être retenue tant, sur le plateau, nulle remise en question ne semblait au programme.



Le FN et les exclus.

Selon nombre de commentateurs, nos partis de gouvernement n’ont pas pris conscience de l’état dans lequel se trouvent les français les plus pauvres, pas plus que de l’état de la France des campagnes, des villages et petites villes. Extrême fragilité sociale, absence de perspectives d’emploi, précarité, revenus très bas, dévalorisation de leurs biens quand ils en possèdent, pauvreté culturelle, absence d’avenir pour leurs enfants. Monde rural parsemé de fractures sociales et culturelles dont les derniers défenseurs se battent de plus en plus vainement sur fond d’individualisme et de chômage. Impossible à ce jour de détacher ces populations du vote FN et difficile à leurs adversaires politiques de s’en plaindre, tant ils ne s’en sont guère préoccupés, tant les paroles se sont substituées aux actes, tant, quoi qu’elles s’en défendent, « les élites » de droite et de gauche ont failli face à ce grave problème.
François Hollande
Les postures du gouvernement

Ajouter à ce triste tableau social, à cette pauvreté sans grand espoir, les problèmes de sécurité, d’immigration, de terrorisme, d’enseignement, de fiscalité, de justice, d’affaires politico financières, de politiciens cumulards, de clientélisme politique etc … permet de comprendre que faute d’une reprise en main énergique et déterminée du pouvoir, le pays pourrait fort bien connaitre de nouveaux et douloureux soubresauts. Reprise en main d’autant plus douteuse que, divisé par une profonde fracture idéologique, entre frondeurs et socio-libéraux, le parti socialiste quant à lui, ne semble pas à l’évidence capable de prendre des mesures fortes et cohérentes d’ici à 2017, si ce n’est quelques postures, de quoi sans aucun doute, affermir encore un peu plus les positions du FN, alors que les primaires toutes proches et autres préoccupations et prétentions électorales présidentielles des uns et des autres ne devraient rien arranger à l’affaire.

Subtilités électorales ….

Le recul du FN est-il pour autant souhaité par toute la classe politique ?
A l’évidence non, tant les traditionnelles combinaisons, manœuvres et autres subtilités électorales, laissent apparaître qu’un FN fort et qu’une Marine Le Pen présente au second tour de la présidentielle
sont bien sûr ardemment souhaités par certains candidats, dont notre Président actuel. Pas vraiment à ce jour plébiscité par le peuple français, François Hollande trouverait sans aucun doute, dans cette hypothèse, les conditions les plus favorables à sa réélection …..

Message compris ?

Difficile de croire, après leurs premières réactions, que nos politiques aient compris le message des élections régionales et que leur principal souci soit de bien « entendre » les Français. A quelques exceptions près, la énième déclaration : « nous avons compris le message », reste toujours aussi peu convaincante.

Alain Juppé et NKM à Bordeaux
photo Mireille Rajoely

Juppé et l’Unité

Quant à l’improbable magie des « hommes neufs » et aux velléités de gouvernement d’union nationale, élan émotionnel louable, se réclamant du bon sens, de la fraternité et de l’humanisme, elles oublient seulement ou méconnaissent les leçons de l’histoire, mais aussi et surtout que le FN s’est jusqu’alors développé en raison des multiples consensus mous entre droite et gauche et que le pays, désireux d’être dirigé, n’a nul besoin qu’une « union sacrée » aux idées disparates et incompatibles, vienne en se heurtant à ses propres contradictions, ajouter à la confusion.

A ce propos, Alain Juppé parle d’ « Unité », plutôt que d’ « Union Nationale », d’autant que le Maire de Bordeaux est très certainement à ce jour, un de nos rares hommes politiques, si ce n’est le seul, à pouvoir l’incarner. En mesure de conjurer toutes les tentations extrémistes et de rassembler le plus grand nombre de français autour d’un projet fédérateur crédible, il est aujourd’hui le candidat à la présidentielle clairement préféré de nos compatriotes et semble bien parti pour le rester jusqu’au bout. Son expérience du pouvoir et son souhait d’œuvrer dans l’apaisement ne devraient pas être des qualités superflues pour tous ceux qui souhaitent que le pays retrouve sa cohésion et son énergie.

Les magiciens annonçant le grand soir, promettant des changements rapides, radicaux et des lendemains qui chantent, n’ont que trop gouverné notre pays, avec les résultats que nous connaissons. Il est certainement grand temps de ne plus nous laisser berner et de confirmer, mais aussi d’accepter, la fin du règne des marchands d’illusions.

© Photo Une Rémi Noyon

Ecrit par Dominique Mirassou


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