Bordeaux
Michel Jarraud, le Dr Dan Johnson, Patrice Geoffron et Jean-Robert Pitte font partis des intervenants du 1er Symposium international de Vinexpo, co-organisé par le Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine qui se déroulera mardi 14 mai 2019 à l’occasion de l’édition 2019 Vinexpo.
Les alertes du GIEC*
Si les conditions climatiques sont aujourd’hui idéales pour les vignes dans certaines régions, le changement climatique pourrait redistribuer la répartition géographique des régions productrices de vin dans le monde. Le 1er symposium international de Vinexpo qui se tiendra mardi 14 mai prochain à Bordeaux, organisé en partenariat avec le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, réunit des chercheurs et producteurs du monde entier pour présenter les solutions mises en œuvre et les stratégies d’adaptation disponibles et en cours d’expérimentation. « Je ne prends en considération que des éléments incontestables, des certitudes », prévient Michel Jarraud, secrétaire général émérite de l’Organisation Météorologique Mondiale . Pour ce climatologue réputé internationalement, les chiffres des organisations mondiales sont suffisamment démonstratifs des tendances lourdes du changement climatique de notre planète. La publication en septembre 2018 du dernier rapport du GIEC* ne laisse aucun doute.
- Michel Jarraud
Une diversité de situations
La dégradation est déjà fortement avancée puisque la COP 21 de Paris fixait un objectif de réchauffement de 1,5 à 2° d’ici à 2100 à condition de prendre rapidement des mesures énergiques de réduction des émissions. « Il faut savoir que nous avons déjà 1° derrière nous. Si rien n’est fait, on peut s’attendre à un réchauffement global de 3,5° à 4°, voire plus à la fin du siècle », alerte Michel Jarraud. Avec le végétal le plus sensible aux variations climatiques, la filière vitivinicole est depuis longtemps engagée dans des stratégies d’adaptation pour continuer à maintenir une production de qualité. Si certaines régions/terroirs sont déjà en alerte, d’autres prennent déjà de plein fouet de nouvelles conditions climatiques extrêmes. « L’Australie est le continent le plus sec de la planète, Antarctique excepté », explique le Dr Dan Johnson directeur général de l’AWRI The Australian Wine Research Institute. « Les questions climatiques animent depuis longtemps les débats dans un pays qui a subi dans les années 90 une période sans précipitations connue sous le nom de - Sécheresse du Millénaire -. Cela fait plus de 30 ans que nous employons le terme changement de climat. Des programmes « développement durable » ont cependant été lancés au niveau des industries et en particulier par les entreprises viti-vinicoles ».
- Jean-Robert Pitte
Une capacité de résilience millénaire
Dans une étude exclusive réalisée pour ce 1er Symposium international de Vinexpo, Patrice Geoffron, Directeur de l’équipe Energie-Climat à Paris-Dauphine, a analysé les conséquences économiques potentielles du changement climatique sur la filière vitivinicole dans une optique internationale. « La viticulture a amplement démontré, au cours des millénaires, sa résilience, avec une capacité d’adaptation sans égale parmi les activités agricoles », rappelle Patrice Geoffron. « Mais les menaces de dérèglements climatiques de notre siècle imposent un défi d’un autre ordre, sans équivalent durant la longue histoire mondiale du vin, dès lors que cette menace mettra à l’épreuve l’ordre socio-économique du monde et non pas seulement l’équilibre des agrosystèmes viticoles. La question n’est pas uniquement de savoir comment sélectionner techniques viticoles et cépages, conclue-t-il, mais quelle place trouvera le vin dans des sociétés du XXIème siècle plus instables, voire chaotiques ». Le géographe, Jean Robert Pitte, Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences politiques et morales, est aussi convaincu des capacités de résilience et d’imagination de l’humanité. Mais pour ce spécialiste de la gastronomie et Président de l’Académie des vins, l’avenir du vin repose aussi sur de nouvelles méthodes déjà en cours d’élaboration. « Rien n’est perdu si le réchauffement du climat se poursuit », rassure Jean-Robert Pitte. « d’ailleurs, jamais au cours de la longue histoire de la viticulture, on n’a produit autant de bons vins de terroir sous toutes les latitudes ».
*GIEC Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Intergovernmental Panel on Climate Change - IPCC en anglais)

Ecrit par La rédaction
Recherche
Sur le même sujet
Bordeaux Gazette Annuaire
