Comme l’analyse fort bien Jérôme Fourquet dans son ouvrage, « L’Archipel français », la France qui fut durant très longtemps « la fille aînée de l’Eglise » est désormais rentrée dans le post-christianisme.
Avec moins de 5% de pratiquants, un Dieu mort pour l’immense majorité des Français et pour couronner le tout, un clergé pas vraiment exemplaire, la France est en train d’essayer d’exister sans religion ni transcendance, en quête d’un projet commun entrainant et rassembleur sans aucun lien avec la foi.
Depuis longtemps certes, l’éthique républicaine s’est affranchie de toute transcendance et de toute morale d’inspiration divine, de toute illusion disent les purs rationnels, sans pour autant cependant obtenir des résultats très convaincants.
Chacun allant de sa propre religion ou du moins de son propre credo, de son propre gourou, de sa propre pureté supposée, de son propre engagement, de sa propre secte, de son veganisme radical, ne fait que confirmer que la fameuse ère post chrétienne qui commence est bien celle d’une confusion et d’un morcellement accrus au sein de notre société. Que ce soit en matière d’obsessions, de luttes grandes et petites, de haines, de dispersions, qu’elles soient sociales, économiques ou ethniques, la machine s’emballe.
Les « ringards » ou qualifiés comme tels, diront que sans Dieu et donc sans Père commun il n’y a pas de fraternité et que l’Eglise catholique permettait d’unir et de lier les individus. Les « progressistes » diront qu’enfin tout va pouvoir aller beaucoup mieux dès lors que nous serons débarrassés de l’insupportable chape de plomb que faisait peser l’église sur le peuple depuis trop longtemps.
Sauf que …. Les plus modérés d’entre nous, très peu enclins à se construire contre qui que ce soit, pas plus pleinement enthousiasmés par la foi religieuse que par nos libérateurs « laïco-progressistes », constatent que sans transcendance (vision religieuse), voire même sans illusion (qualificatif progressiste), il est fort peu probable que l’égocentrisme et l’avidité de l’homme désormais tempérés par aucune médiation, nous conduisent vers un avenir plus harmonieux.
S’acharner depuis des siècles, à trouver et à dénoncer les causes des dysfonctionnements de notre société dans le champ de pensée du voisin … tout en s’apercevant que lorsque le voisin haï est quasiment mort, rien ne va vraiment mieux, pourrait peut-être inciter l’homme à en déduire qu’il lui faut en grande partie chercher la solution à l’intérieur de lui-même.
Tâche entreprise depuis toujours par quelques isolés que nous avons coutume de qualifier de sages sans pour autant beaucoup nous en inspirer …. De quoi en toute lucidité désespérer des progrès d’une humanité qui semble plutôt actuellement encline à s’autodétruire.
Il est si doux de décréter que le mal c’est toujours l’autre !

Ecrit par Dominique Mirassou
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