Bordeaux
Du premier rang d’orchestre au dernier du « poulailler » la salle est bondée ; tous âges et diversité du public confondus. Jusqu’au salut final ou rappels nombreux, applaudissements nourris et standing ovation démontrent - et c’est encourageant - combien le beau et bon spectacle, tous talents confondus, reste et doit demeurer absolument nécessaire sur nos scènes de théâtre.
« Une toute jeune fille de 15 ans, geisha de Nagasaki, Cio-Cio-San , - rejetée par sa famille après avoir renié pour lui sa religion et ses traditions - est offerte en mariage à un fougueux capitaine américain de passage, Pinkerton. Il sait très bien que cette union ne l’engagera à rien car elle n’est pas reconnue aux yeux de l’administration américaine ... Cette dernière prend très au sérieux ce mariage et lorsque l’officier repart, elle donne naissance à un petit garçon et attend désespérément le retour de son mari. Celui - ci revient aux bras de sa nouvelle épouse américaine pour reprendre l’enfant... » telle est l’intrigue de cet Opéra. Les couleurs fleuries du Japon, la nature et la grâce teintées d’exotisme se sont forcément imposées dans ce décor métallique entrelacé de passerelles et autres praticables pouvant évoquer les entrailles d’un paquebot. Tout comme la maison de l’héroïne faite de petits espaces comme revêtus de tatamis. L’ensemble est un puzzle mouvant de paravents colorés et fleuris, en éventail, pour mieux souligner les reflets d’une maison de poupée. Cette œuvre magistrale flirte sans cesse avec nos émotions et brosse le portrait de l’une des plus déchirantes héroïnes du répertoire lyrique. D’où l’engouement qu’elle suscite à chacune des représentations programmées. D’autant que la musique de Giacomo Puccini qui sertit son portrait est d’une bouleversante somptuosité. Magique !
- André Heyboe , Karah Son et Virginie Verrez
Karah Son, la soprano sud-coréenne qui incarne le rôle titre, fragile et puissante à la fois, transcende par son engagement physique et vocal. Ses aigus d’une grande pureté et ses graves idéalement tenus en font une Cio-Cio-San idéale. L’ensemble de la distribution est au même niveau d’excellence, notamment le ténor italien Riccardo Massi, - B.F Pinkerton - qui s’est imposé comme l’un des plus demandés au niveau international. La mezzo-soprano française Virginie Verrez - Suzuki - étoile montante de la scène lyrique et le baryton André Heyboe - Sharpless, le Consul - sont, comme l’ensemble de la distribution, toutes et tous présents et engagés dans leur personnage et leurs parfaites lignes de chant idéalement tenues. Un régal ! Le metteur en scène Yoshi Oïda, acteur et écrivain japonais, né en 1933 à Kōbe est titulaire d’une maîtrise en philosophie de l’Université de Keio. Il se fait d’abord connaître au Japon en 1953 : télévision, cinéma et théâtre contemporain. Invité en France par Jean-Louis Barrault en 1968, il y travaille avec Peter Brook. Il a joué la sobriété dans cet opéra. Sa scénographie, sa direction d’acteurs est douce, colorée mais soudainement réaliste. Un rendu saisissant laissant entrevoir le choc entre deux cultures tellement éloignées et si différentes, l’Orient et l’Occident. Il nous rend complices, malgré nous, d’un jeu dramatique et mortel d’une incroyable force et d’une redoutable efficacité. Paul Daniel, premier chef d’orchestre et directeur artistique du royal philharmonique de Galice puis de 2013 à 2021, chef du brillant Orchestre national de Bordeaux Aquitaine, conduit et fait entendre avec précision, légèreté, sensibilité, subtilités harmoniques, en étroite complicité avec ses musiciens, la partition tellement précise et nuancée de Puccini. L’ensemble du spectacle est soutenu par tous les talents confondus et subtils du Chœur de l’opéra dirigé par Salvatore Caputo.
- Karah Son
MADAME BUTTERFLY Pour la première fois en France au Grand Théâtre de Bordeaux
►Mardi 15 nov. 2022 à 20H00
►Jeudi 17 nov. 2022 à 20H00
►Samedi 19 nov. 2022 à 20H00
►Lundi 21 nov. 2022 à 20H00
Durée : 2 h 50 (1 entracte)
Paul Daniel est premier chef d’orchestre et directeur artistique de l’Orchestre royal philharmonique de Galice.
MISE EN SCÈNE : YOSHI OÏDA Yoshi Oïda est un acteur, metteur en scène et écrivain japonais, né en 1933
à Kōbe. Oïda a une maîtrise en philosophie de l’Université de Keio. Il se fait d’abord connaître au Japon en 1953 : télévision, cinéma et théâtre contemporain. Invité en France par Jean-Louis Barrault en 1968, il y travaille avec Peter Brook.
CIO-CIO SAN : KARAH SON (SOPRANO) Karah Son est diplômée en chant à l’Université Yonsei de Séoul, sa ville natale. Elle a ensuite complété sa formation musicale en obtenant un diplôme du Conservatoire de musique Vivaldi de Novara (Italie) et en fréquentant l’Académie du Teatro alla Scala de Milan sous la
direction de Mirella Freni.
SUZUKI : VIRGINIE VERREZ (MEZZO-SOPRANO) Avec une voix décrite par le New York Times comme « argentée [et] aux teintes sombres », « séduisante sur toute sa tessiture », la mezzo-soprano française Virginie Verrez est une étoile montante de la scène lyrique.
KATE PINKERTON : MARIE CHAGNON (MEZZO-SOPRANO) Diplômée d’une licence mention très bien à l’unanimité du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, Marine Chagnon termine en 2022 son master dans la classe d’Elène Golgevit.
B.F PINKERTON : RICCARDO MASSI (TENOR) Riccardo Massi s’est imposé comme l’un des ténors italiens les plus demandés au niveau international, remportant de vifs succès pour ses interprétations des héros de Puccini et de Verdi.
SHARPLESS : ANDRÉ HEYBOER (BARYTON) Depuis ses débuts au Capitole de Toulouse en 2005, André Heyboer s’est produit notamment sur les scènes françaises d’Avignon, Dijon, Lille, Limoges, Marseille, Massy, Montpellier, Reims, Saint-Etienne, Toulon, Toulouse, Tours, Opéra-Comique, Opéra National de Paris, Théâtre des Champs Élysées... et internationales d’Amsterdam, Hong Kong, Monte-Carlo, Sao Paulo, Prinzregententheater de Munich, Theater an der Wien, Palau de les Arts à Valencia, Festival de Salzbourg
ET AUSSI : Philippe Do, Goro ; Jean-Vincent Blot, Le Bonze ; Ugo Rabec, Commissaire Impérial ; Le prince Yamadori, Etienne de Bénazé ; Jean-Pascal Introvigne, Yakusidé ; Loïck Cassin, l’officier du registre ; Christine Lamicq, mère de Cio-Cio San ; Héloïse Derache, la cousine Amélie ; De Broissia, la tante

Ecrit par Pierre Chep
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