Bordeaux
C’est au cœur de Bordeaux que nous avons rencontré le candidat Front de Gauche, Olivier Dartigolles. En pleine campagne électorale, il s’est rendu avec son équipe au contact de la population bordelaise, un samedi matin au marché des Capucins. A cette occasion, il nous a accordé un moment d’entrevue.
Olivier Dartigolles, 45 ans, politiquement impliqué dans son département : les Pyrénées-Atlantiques mais aussi au niveau national au sein de son parti, il est le candidat régional de la liste d’union Front de Gauche et Parti communiste. Enseignant en histoire de profession, son engagement politique ne date pas d’hier, il adhère dès 1987 au PCF puis en devient secrétaire départemental en 2000. Il a par la suite occupé plusieurs postes importants au sein de sa famille politique : élu au Comité exécutif national chargé des questions relatives à la jeunesse, puis porte-parole du PCF, et en 2008 il devient aussi membre de la direction collégiale dans laquelle il est chargé de la communication. Par ailleurs, le représentant régional de la liste « L’humain d’abord » n’en est pas à sa première expérience électorale. En 2008, suite à une alliance avec la liste PS au second tour, il est élu conseiller municipal de Pau. En 2012, il était codirecteur de la campagne de Jean-Luc Mélenchon, puis il était également candidat dans la 1ère circonscription des Pyrénées-Atlantiques aux élections législatives suivant la présidentielle. Enfin, il s’est présenté aux élections municipales de Pau en 2014, remportées par le MoDem.
Aujourd’hui, nous vous proposons de découvrir ce que le candidat et son équipe proposent pour notre nouvelle grande région, et leur vision de cette nouvelle échelle.
Un grand non à la grande région
« Pure folie, pur non-sens », telle est la vision de l’application de la loi NOTRe à la région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes d’Olivier Dartigolles, il rappelle d’ailleurs que la région sera aussi grande que le Portugal. Le candidat du Front de Gauche dénonce avec conviction cette réforme. Selon la tête de liste, « on assiste à un retour en arrière », cette réforme tourne clairement le dos aux grandes lois de décentralisation des années 1980. Il ne croit pas à l’unité régionale dans un si grand territoire, « quels sont les liens entre le Nord-Poitou et l’Adour ? » questionne-t-il.
Olivier Dartigolles persiste et signe, cette réforme contribuera à éloigner la prise de décision, il cite l’exemple des transports scolaires : avant quand ils dépendaient du département tout se passait très bien, pourquoi déléguer à la région, échelle bien supérieure, « cette réforme casse les territoires de la République, la politique publique va au privé, cette mise en concurrence va à l’opposé de la solidarité et l’égalité » Comme le candidat qualifie la réforme, « la recentralisation » va à l’encontre de la proximité et « asphyxie le financement des communes ». L’inquiétude concernant la métropole bordelaise est aussi au centre des discussions. La tête de liste ne cache pas sa pensée, la métropole bordelaise, cette « immense intercommunalité » va accroître les inégalités des territoires. Cela va à l’opposer de son projet, il souhaite que quelque soit l’endroit, on puisse avoir accès à la même qualité de vie et de service public, et pas uniquement dans la métropole bordelaise.
« Le gouvernement dit oui quand l’opinion publique dit non », c’est ainsi que le candidat FDG décrypte le fond du problème de la réforme. Selon Olivier Dartigolles, la solution est de ne pas s’appuyer sur la loi NOTRe pour organiser le territoire, « Il ne faut pas accepter la défaite, nous avons encore le choix ». Cela passera notamment par la construction d’une politique en acceptant pas « l’Aquitaine XXL » : demander plus d’aides aux CESR, créer des comités locaux de suivi pour les bassins d’emplois afin de vérifier si les entreprises jouent le jeu, organiser des conférences semestrielles notamment avec les maires pour savoir si tout fonctionne correctement, et enfin prendre en considération l’expertise syndicale et citoyenne. « Le domaine régional n’est pas limité à la commission permanente, il faut faire entrer la société civile, porteuse de solutions ».
« L’humain d’abord »
« L’humain avant la finance », cette phrase caractérise le cœur du programme de la liste Front de Gauche/PCF. Pour Olivier Dartigolles « il n’y a aucune fatalité dans la politique d’austérité », et il compte bien le prouver avec la politique régionale, notamment en refusant les dégâts sur l’environnement social. Économiquement parlant, la liste propose un programme alternatif à l’austérité. Leur programme veut vraiment s’attaquer au « pouvoir de l’argent » dans le but de construire une société égalitaire et respectueuse « de tous les humains ». Selon le candidat, cela passe indéniablement par un renouvellement de la classe politique « un grand bol d’oxygène » dit-il. Il cite d’ailleurs les exemples de l’Espagne et de la Grèce qui ont vu arriver au pouvoir des gouvernements bien à gauche. C’est pourquoi la liste FDG se veut être représentative de la société actuelle : plus de jeunes, de syndicalistes, de diversité... c’est cela la société. Sur leurs prospectus on peut lire « redonner aux citoyens le droit de décider ». En effet, comme vu précédemment au sujet de l’organisation de la région, le programme de la liste FDG souhaite mettre-en-place une réelle collaboration avec la population. En somme, ils souhaitent « rassembler tous les citoyens qui veulent une véritable alternative sociale, démocratique et écologique ».
L’écologie au programme
L’un des grands axes du projet de la liste menée par Olivier Dartigolles c’est aussi la transition écologique. « L’état est encore irresponsable » déclare le candidat à propos de l’écologie, avant d’ajouter « la dette verte est plus importante que la dette publique ». C’est pour cela qu’avec son équipe il souhaite créer une « région exemplaire » en la matière. Comment cela se traduirait ? Olivier Dartigolles nous énonce quelques propositions concrètes. Tout d’abord, mettre-en-place une politique d’aide aux entreprises respectueuses de l’environnement et des pénalités à celles qui polluent le plus. Mais aussi, en parallèle renforcer les critères environnementaux sur l’équilibre de la biodiversité. La liste FDG souhaiterait également établir une Taxe Carbone régionale, mais uniquement sur les grands transits internationaux. Cela rejoint la préoccupation du candidat vis-à-vis de « l’attaque du ferroviaire public », il qualifie la région de « couloir à camion qui casse les lignes du quotidien ». La tête de liste dénonce d’ailleurs les « Bus Macron » selon lui, le maillage ferroviaire de la région est un « maillage de qualité », rien ne justifie correctement la mise-en-place de ces bus. D’autre part, il évoque l’application de circuits courts pour les Lycées par exemple. Enfin, il défend une agriculture familiale et paysanne, fondamentalement opposée à ce qu’il définit comme « l’agrobusiness ».
Le constat est clair : la liste FDG a décidé de faire de l’écologie l’un des quand sujets qu’ils défendent. Le candidat avait d’ailleurs proposé une alliance à la liste écologiste de Françoise Coutant, cette dernière et son équipe avaient refusé pour défendre un projet qui leur est propre au premier tour. Olivier Dartigolles respecte et comprend ce choix, mais regrette tout de même de ne pas avoir eu un programme commun.
Selon la tête de liste FDG, il y a une forte convergence entre les enjeux sociaux et la défense de l’environnement. Les deux partis, FDG et EELV, proposent tout deux des réponses nouvelles aux grands enjeux du XXIe siècle. « La gauche est trop divisée, mais un rassemblement rouge/vert est possible » affirme le candidat, il y en a d’ailleurs eu dans son département, les Pyrénées-Atlantiques aux dernières élections, et il y en a aussi pour ce scrutin (Nord-Pas-de-Calais, Rhône-Alpes...).
Pour l’instant, l’objectif de la liste « L’humain d’abord » est de faire le meilleur score possible au premier tour, afin de pouvoir être bien représentés à l’échelle régionale et être partie prenante. Pour le second tour, rien n’est pour l’instant envisagé mais le candidat met en avant le fait qu’il a des plus fortes affinités politiques avec Françoise Coutant qu’avec Alain Rousset.

Ecrit par Nadia Soulé
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