Bordeaux

La Base sous-marine de Bordeaux se prépare à accueillir l’un des plus grands toits solaires de France

Alors que la Ville de Bordeaux poursuit sa transition énergétique, un nouveau chantier emblématique s’apprête à débuter : la solarisation du toit de la Base sous-marine. Présenté comme l’un des projets phares de l’Alliance de Bordeaux pour l’énergie solaire, ce programme prévoit l’installation de panneaux photovoltaïques sur 22 000 m² de toiture, pour une production annuelle estimée à 3,4 GWh, soit l’équivalent de la consommation de 770 foyers. Le chantier, confié à BoucL Énergie – filiale du groupe EverWatt spécialisée dans l’autoconsommation collective – doit démarrer début 2025, pour une livraison prévue fin 2025 ou début 2026.



Ce projet s’inscrit dans une dynamique plus large initiée par le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, avec pour objectif d’atteindre 41 % d’autonomie énergétique municipale d’ici 2026. La Ville met en avant un modèle local de production et de consommation d’électricité verte, fondé sur la création de “boucles énergétiques”. Concrètement, les entreprises et associations situées dans un rayon de 1 km autour du site pourront bénéficier de l’énergie produite via des contrats à prix fixe, sans changement de fournisseur. Une quinzaine d’acteurs économiques locaux, parmi lesquels la Banque Alimentaire de Bordeaux et de Gironde, se sont déjà engagés à participer à cette boucle.

Solarisation du toit de la Base sous-marine
Au micro Claudine Bichet 1ère adjointe à la Mairie de Bordeaux

La Ville souligne également le faible impact environnemental du chantier. Les panneaux solaires seront acheminés par héliportage, méthode jugée cinq fois moins émettrice de CO₂ qu’un transport par grue. Le coût total de l’opération s’élève à 5,88 millions d’euros, hors frais financiers, avec une participation du Fonds européen de développement régional.

Toutefois, cette initiative ne fait pas l’unanimité. Dans un communiqué diffusé le 1er juillet, Fabien Robert, conseiller municipal d’opposition, dénonce “un grand gâchis” et un projet “étriqué, mal conçu et verrouillé pour 30 ans”. Il pointe notamment l’écart entre la surface totale exploitable du toit, estimée à 36 000 m², et la surface effectivement équipée : 22 000 m². Un chiffre qu’il juge en contradiction avec l’exigence initiale de “maximisation” définie dans le cahier des charges. “Pourquoi se contenter d’une couverture partielle quand on dispose d’un potentiel unique en France ?”, interroge-t-il.

Solarisation du toit de la Base sous-marine

Autre point d’achoppement : la solidité de la structure. Selon Fabien Robert, les panneaux seraient posés sur une dalle secondaire sous-dimensionnée, en contradiction avec les recommandations techniques qui privilégiaient un appui sur les pare-bombes. Il alerte également sur une absence de prise en compte de la surcharge neige dans les calculs de résistance, ainsi que sur une étanchéité jugée insuffisante pour garantir la préservation du bâtiment classé.

Enfin, l’opposant municipal critique le verrouillage contractuel de 30 ans qu’impliquerait ce projet, qui, selon lui, rendrait impossible toute autre affectation de la toiture à moyen terme. Il propose en alternative un projet d’agriculture urbaine biologique qui aurait pu, selon ses estimations, générer jusqu’à 800 000 euros de recettes annuelles pour la Ville. “Nous aurions pu conjuguer énergie solaire et production alimentaire urbaine. Pourquoi ne pas avoir étudié cette voie ?”, écrit-il, regrettant une “décision bâclée” prise sous contrainte électorale.

Face à ces critiques, la municipalité ne s’est pas exprimée publiquement dans l’immédiat. De son côté, BoucL Énergie met en avant un projet “coopératif, local et responsable”, qui entend répondre à la fois aux enjeux climatiques et aux besoins économiques des acteurs du territoire.

Solarisation du toit de la Base sous-marine

Alors que les premiers travaux sur la Base sous-marine doivent débuter début 2025, le projet de solarisation s’impose déjà comme un sujet emblématique des choix politiques menés par la municipalité actuelle. S’il incarne aux yeux de l’équipe de Pierre Hurmic une illustration concrète de l’engagement écologique de la Ville, il cristallise aussi les critiques d’une opposition qui dénonce un manque d’ambition, des défauts techniques et une vision jugée verrouillée du site pour les trois prochaines décennies.

À moins d’un an des élections municipales de 2026, cette controverse pourrait bien préfigurer les lignes de fracture à venir entre les candidats. Le devenir des grands équipements municipaux, la transition énergétique, l’articulation entre écologie et usage du patrimoine, mais aussi la méthode de gouvernance et les critères de transparence des appels d’offres s’annoncent comme autant de thèmes potentiellement clivants. Le toit de la Base sous-marine, par sa visibilité symbolique autant que technique, pourrait ainsi devenir l’un des marqueurs de la campagne électorale qui s’annonce à Bordeaux.

Ecrit par Jean-Sébastien Dufourg

Créateur du site Bordeaux Gazette et Président de l’association.


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