L’Amateur de vin passe toujours par Bordeaux. Quelque soit son goût ou son portefeuille. Bordeaux offre le plus grand choix de vin de qualité à tous les prix. Avec un peu de patience et de curiosité, on découvre "son petit Bordeaux" de tous les jours, autour de 5 euros ou le vin de grande classe pour des grandes occasions.
Le savoir et le pouvoir des vins
Le « goût bordelais » a évolué depuis les années 70.
J’entends par là, les critères d’élaboration d’un vin à Bordeaux.
De vins fins et élégants jusqu’en 1982 (avec une couleur plutôt claire, le « Claret » anglais connu depuis longtemps, on est passé à des vins très colorés, concentrés et puissants. Le climat, la technique, la mode, les aspirations, le marché ont fait cette évolution, elle existe n’y revenons pas.
En revanche le "goût bordelais" à changé de façon irrémédiable sous l’influence de critiques américains (dont les choix de cravates laissent parfois perplexe…). J’admire les USA, mais j’observe que certains vignerons bordelais travaillent « pour la critique américaine ». Les "Us" sont peuplés de français, cuisiniers, couturiers, réalisateurs, artistes, professeurs, chercheurs, vignerons etc.. : le goût américain en a-t-il subi la moindre influence ???
- photo Bordeaux Gazette - Bernard Lamarque
Les grands Bordeaux sont des produits de luxe ; le luxe est en Amérique et en Asie, mais l’esprit de luxe habite encore la France.
Pourquoi aller chercher aux Us un goût que l’on ramène à Bordeaux et que l’on transforme ? La production d’un grand vin ne peut pas se baser sur ces Bordeaux « Retour des Isles » qui s’amélioraient pendant la traversée des voiliers au XVIIIème. Un grand vin c’est avant tout une forte personnalité et non un produit de masse standardisé.
Les bordelais possèdent à la fois : le savoir et la tradition, les pays émergeants possèdent le pouvoir. Le savoir est invisible et complexe. Il nécessite patience, temps, curiosité, remise en cause, échange.
Le pouvoir est à ce jour entre les mains de riches étrangers, capable de s’offrir en grandes quantités de vins rares et chers. Mais le producteur à également le choix de produire, suivant tel ou tel critère de qualité. Concernant l’amateur, certains particuliers achetaient des Crus Classés, de bonne notoriété à prix abordables jusqu’en 2000 , 2005 ; période de début de l’envolée des prix.
La demande augmentant, par l’émergence de mode et par la spéculation, les tarifs n’ont cessé d’augmenter, pour atteindre des sommets vertigineux.
Je connais très peu de français qui achètent de prestigieux grands vins de Bordeaux aujourd’hui. Les belles cartes de restaurants se tarissent au détriment des grands Bordeaux.
Mais comment allons-nous transmettre ce patrimoine du goût, à nos descendants ?, si
1 la qualité évolue
2 le prix est inabordable.
Je propose de créer à Bordeaux une véritable œnothèque de vénérables bouteilles, l’arche de Noé vinicole, pour préserver ces vins de tradition, rares, des spéculateurs, pour les faire découvrir un jour.
Sinon comme certains animaux en voie de disparition, la disponibilité des grands Bordeaux sur certains millésimes seront éteints à jamais.
Toutes les bonnes volontés seront les bienvenues :
email : phenixbordeaux@wanadoo.fr
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé à consommer avec modération.

Ecrit par Emmanuel Blanc
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