Bordeaux
En ce temps là (1988-1995) Alain Lombard était Directeur de l’ONBA et SARASTRO vivait sous d’autres cieux …. Je lis et j’entends ces jours-ci, que ce fût alors comme un âge d’or pour l’ONBA, notamment parce-que c’est à cette époque que l’orchestre de Bordeaux devint orchestre « National ».
C’est dire si Alain Lombard était espéré et attendu. Son entrée sur scène fut accompagnée de cris de joie du public, tout en sympathie, acquis sans façons à l’ancien Directeur. Celui-ci, dès que les acclamations lui permirent d’accéder au podium, abaissa sa baguette, sans plus attendre, sur l’Adagio pour cordes de Samuel Barber. J’avoue n’avoir pour cette œuvre de 9 minutes qu’un intérêt mitigé. Je la trouve bien sombre, voire geignarde, mais enfin, elle est célébrissime et elle permit aux cordes de l’ONBA de faire valoir leur belle sonorité et leur legato. Deux rappels seulement du public, probablement anesthésié par l’atmosphère funèbre de cet Adagio.
- Alain Lombard
- retedue.rsi.ch
Heureusement, suivait tout de suite après la 1ère Rhapsodie Roumaine de Georges Enesco (celle-là je l’adore !) et son orchestration brillante dans le foisonnement d’airs folkloriques, s’achevant sur une « hora » endiablée et joyeuse. Succès assuré pour l’orchestre et le Chef, hourras frénétiques pour les cordes virtuoses et l’excellent alto solo. Après l’entracte où chacun y alla de son enthousiasme, le plat de résistance constitué par la 4ème Symphonie de Tchaïkovski, elle aussi fort célèbre au même titre, d’ailleurs, que la 6ème dite Pathétique.
En tous les cas, sans grand risque d’insuccès tant les thèmes sont connus, que ce soit le premier mouvement, sa fanfare colérique, son quatuor romantique, l’andantino et son basson mélancolique (excellemment joué par le soliste), le pizzicato en forme de scherzo et, pour conclure, le final fougueux, attirant, en apothéose, les vivats, exclamations et autres bravos. Du coup des « bis » avaient été prévus et le chef sans dételer, nous servit deux danses hongroises de Brahms ( 2ème et 5ème ), multipliant les manifestations de joie d’un public heureux de ces retrouvailles dans un Auditorium en délire dans lequel Alain Lombard dirigeait pour la première fois.
Concert honnête, orchestre égal à sa réputation, Chef d’orchestre jouant sur le velours dans des œuvres « payantes », auréolé d’un retour médiatique …….. ce ne pouvait être autre chose qu’une agréable soirée.

Ecrit par Sarastro
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