Bordeaux
A l’initiative du Club d’Affaires Franco-Allemand et son Président Pierre-Louis Deroubaix, l’ambassadeur d’Allemagne en France, Mme Susanne Wasum-Rainer, a donné une conférence-débat à l’Institut Goethe sur les relations-franco allemandes et les défis actuels de l’ Union Européenne dont la crise de la dette qui agite le monde politico-financier.
C ’est M. Hans-Werner Bussmann, nouveau consul général à Bordeaux, ayant exercé entre autre au Caire et au Cap, qui a souhaité la bienvenue à Mme Wasum-Rainer en évoquant brièvement son parcours. Tous les deux ont été impressionnés par la beauté de la ville de Bordeaux. Docteur en droit international, Mme Wasum-Rainer a dirigé pendant 12 ans le service juridique du Ministère des Affaires étrangères à Berlin après avoir été en poste auprès des Nations Unies à Genève.
- Madame l’Ambassadeur Susanne Wasum-Reiner
- Photo Bordeaux-Gazette- Jean-christophe Aronoff
Elle commence son intervention en évoquant les nombreuses festivités organisées à Paris et à Berlin lors du cinquantième anniversaire du Traité de l’Elysée, mais aussi dans de nombreux Instituts Goethe et Instituts Français dans le monde entier. Ce traité scelle depuis 50 ans un partenariat unique entre deux pays au sein de l’UE. Cette célébration maintes fois commentée dans la presse française et Outre Rhin fut couronnée par une séance commune des députés français et allemands dans le bâtiment du Reichstag (qui abrite le Bundestag). Dans ce bâtiment, construit par le descendant d’une famille huguenote française, l’ architecte Paul Wallot a résonné pour la première fois la Marseillaise ! Les liens qui se sont tissés entre les Français et les Allemands après une période difficile de réconciliation d après- guerre n’ impliquent pas uniquement les acteurs politiques, Chefs d’ Etat et Ministres, mais aussi la société civile. Des personnalités telles Alfred Grosser et Joseph Rovan, en vertu de leur bi culturalité avaient déjà jeté des ponts bien avant 1963. Environ 2200 jumelages existent entre des villes et villages Français et Allemands, incitant voyages, rencontres, festivités et cours de langues. Je cite comme exemple le jumelage entre Bègles et Suhl (Thuringe) et entre Andernos et Sandhausen ( Bade-Württemberg).
- Gertrud De Blay, Pierre-Louis Deroubaix et Hans-Werner Bussmann, concul d’Allemagne à Bordeaux
- Photo Bordeaux-Gazette-Jean-christophe Aronoff
Grâce au soutien de l ’Office Franco-Allemand de la Jeunesse créé en 1963, plus de 8 millions de jeunes des deux pays, toutes couches sociales confondues, de l’ apprenti à l’étudiant ont pu participer à des échanges, des cours de langues ou des rencontres à thème bi – ou parfois tri-nationales. ( Un organisme équivalent existe en Pologne). Des nombreuses filières universitaires binationales existent chapeautées par l’Université Franco-Allemande à Saarbrücken. Plus de 80% des population des deux pays ont aujourd’hui une image positive du pays voisin (contre 30-40% dans les années 60), image qui véhicule également les éternels stéréotypes ( Les Français sont des bons vivants, créatifs, séducteurs, élégants, gourmets, mais aussi râleurs et grévistes, les Allemands sont disciplinés, efficaces, travailleurs, écolos, mais aussi ennuyeux , rigides et pas très sexy), les nombreux couples franco-allemands qui vivent en Aquitaine peuvent témoigner du contraire ! Malgré un partenariat solide et des concertations régulières et rencontres informelles des acteurs politiques des deux pays, l ’Allemagne ne prétend pas être un modèle pour la France et vice versa. L’ Allemagne a connu une industrialisation précoce et sa réussite économique est basée sur une prédominance de l’ exportation et un tissu de PME performants ainsi qu ’une culture de consensus plutôt que protestataire. En France, l’ Etat joue un rôle important, son économie repose surtout sur les grandes entreprises, l’ agriculture reste un facteur non négligeable.
60% des exportations allemandes vont à l’ extérieur de la zone euro, tandis que la majorité des produits français est exportée dans le marché européen.
Quel rôle le partenariat franco-allemand peut-il jouer dans la résolution de la crise de la dette qui va de pair avec prise de confiance vis-à vis des hommes politiques ? (l’Italie et l’Espagne sont actuellement les exemples les plus flagrants).
- Photo Bordeaux-Gazette- Jean-christophe Aronoff
La monnaie unique visait ouvertement à faire faire avancer l’Europe en ouvrant les marchés et en créant une liberté économique. L’ Europe unifiée et pacifiée conjugue liberté politique, liberté économique et cohésion sociale. Or, dès le début, l’ union monétaire ne correspondait pas à la zone monétaire optimale décrétée par les traité de Maastricht. L’ Union Européenne risque de se diviser en un noyau dur et une périphérie molle. L’ écart entre les états membres s est croisé et les ajustements ne sont jamais suffisants. L’ adoption de l’ Euro qui a certes constitué une étape décisive dans l ’unification européenne doit être suivie d’ une plus grande intégration économique et financière. Ceci nécessite une surveillance de la politique financière « de l’intérieur » pour favoriser un processus d ’harmonisation structurelle. Un renforcement de la politique budgétaire commune est indispensable. L’assainissement des finances publiques n’ est pas une obsession allemande, mais une nécessité économique. Ce n est pas en s ’endettant plus qu’on résoudra une crise de l’ endettement. Réduire la dette signifie aussi assumer la responsabilité vis-à -vis des générations suivantes qui auront à la rembourser. L’ attribution du Prix Nobel de la paix à l’ UE constitue une reconnaissance, mais aussi de grandes responsabilités. Les valeurs qui nous unissent : la dignité de la personne, la liberté individuelle et celle de la parole, un Etat de droit, la démocratie participative et la protection des minorités nous unissent bien plus solidement que la gestion des crises ne saurait nous diviser. Chaque génération doit renouveler son engagement pour l’ Europe.
La prochaine conférence du Club d ’Affaires Franco- Allemand intitulée « La Chine : notre défi commun » aura lieu le 4 mars à 18h à l Institut Goethe et sera animée par M. Jörg Wuttke, représentant en chef de BASF China et Président du Groupe de travail Chine de l’ OECD.

Ecrit par Annette Trübestein
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