La vieille Ford T transformée en camionnette et chargée de barriques, le bus Renault de 1935 couleur bordeaux : « Ca y est, ça recommence. » C’est ce qu’à dû se dire plus d’un habitué des expos de voitures anciennes en arrivant sur l’esplanade des Quinconces le samedi 17 février ou le dimanche 18.
Mais le soleil déjà printanier de cet avant-dernier week-end de février s’est vite chargé de balayer toute pensée négative.

Il faut être bien équipé pour rouler avec cette Austin

photo Bordeaux Gazette - Bernard Lamarque

Non cette Traversée de Bordeaux en véhicules anciens n’a pas été une expo comme une autre. Peut-être grâce au cadre, en plein air ; plus probablement du fait qu’elle a regroupé cinq manifestations en une : une expo, une vente aux enchères, un rallye avec quelque 20 autos, motos et autres engins roulants, une bourse et un village ; ensuite parce qu’elle s’est ouverte aux modèles de collection plus récents et même à l’aviation ; enfin, et surtout, car l’impression de « déjà vu » s’est évanouie quand le visiteur s’est trouvé face à face avec la Maratuech, un prototype lot-et-garonnais de voiture-avion digne de Zantafio ; ou devant des modèles rares, tel ce coupé Oldsmobile de 1948 qui replongeait tout droit dans le rêve américain des Forties et des Fifties. Un modèle impressionnant. Pourtant, il retint moins l’attention des passants que les sympathiques petites 4 CV Renault. « C’est la voiture de ton grand-père ! » Les commentaires qu’elles suscitaient montraient que plus qu’une simple expo de jolies carrosseries et de belles mécanique, la manifestation fut une vraie machine à remonter le temps. Une occasion d’évoquer des souvenirs personnels ou familiaux devant les enfants. Si la vente aux enchères fut sans surprise, avec le triomphe, attendu, d’un très beau cabriolet Mercedes 190 de 1961 (80.000 € quand même, la crise n’est pas pour tout le monde), la « traversée » fut aussi une ambiance, à la fois classe et décontractée. Rien à voir avec un salon figé. La présence d’un parking-expo pour les visiteurs arrivant avec des véhicules non inscrits mais intéressants créait un mouvement permanent et faisait de la manifestation un salon à écouter autant qu’à voir. Pour entendre des bruits de moteur. MG, Jaguar, Mercedes, chaque marque pour ne pas dire chaque modèle a son bruit.

Coupé Ford 1930

photo Bordeaux Gazette - Bernard Lamarque

Mais les sons du salon ne se limitent pas aux seuls bruits des moteurs. En prêtant un peu l’oreille, on entendait ici des anciens évoquer le permis à l’époque où les directions assistées n’existaient pas. Là des policiers en képi se taillaient un vif succès en racontant des anecdotes du temps les gardiens et officiers de paix ne se donnaient pas des allures de shérifs US. Sous le chapiteau de la vente aux enchères, les visiteurs reconstituaient toute l’histoire de certaines voitures, « repartie aux Etats-Unis en telle année et revenue en Europe cinq ou dix ans plus tard. » Le succès de la manifestation a été facilité par la météo printanière. Mais il doit aussi beaucoup au fait que les organisateurs, Jacques Guérin et François Vincent ont su tirer les leçons des expériences passées. Notamment pour le rallye qui ne s’est pas borné à un tour en ville mais s’est sentie pousser des ailes et a fait une incursion jusqu’à l’aérodrome de Saucats. Très réussie, cette troisième Traversée de Bordeaux d’hiver est de bonne augure pour le prochain Bordeaux Auto Retro, qui migrera de la Foire aux Quinconces en juin prochain (le 7, 8 et 9).
En attendant les passionnés d’autos anciennes pourront tenter leur chance lors du Burdijouets de printemps (le 14 avril au pavillon du Pin Galant à Mérignac). Peut-être trouveront-ils une Mercedes 190 miniature plus accessible que la vraie.