Au risque de sombrer dans un pessimisme chronique, alors que dans notre société la tolérance est censée régner ou du moins essayer de régner, force est de constater que la confusion de la pensée gagne du terrain un peu plus tous les jours. Chacun d’entre nous semble bien tout savoir et avoir des idées sur tout ...

A propos de la Cathédrale de Paris, les bavardages abondants et en tous genres, rarement de grande qualité, assénés par de nombreux commentateurs d’occasion, mériteraient certainement un peu plus de mesure et même de réflexion, tant les ignorants comme souvent ne goûtent que rarement aux charmes et enseignements de l’humilité et de la mesure. Ainsi tant en ce qui concerne le bâtiment que sa reconstruction partielle nous entendons de multiples avis de la part de commentateurs qui n’ont le plus souvent aucune notion en matière d’architecture sacrée et pour qui la cathédrale est au mieux un monument au pire un tas de pierres pas trop mal assemblées.

Depuis les temps les plus anciens, les hommes ont cru le cosmos plus vaste que le monde formant leur environnement connu. Le ciel est ainsi souvent considéré comme le royaume de la perfection et une grande partie de l’architecture sacrée vise à reproduire sur terre cette perfection. L’architecture sacrée, on ne peut plus allégorique et symbolique, n’implique pas nécessairement l’existence d’architectes au sens professionnel moderne, mais celle de Compagnons et de Maîtres maçons. Or si les plans de construction étaient connus depuis l’Egypte et la Babylonie antique, et si les principes d’une longue tradition architecturale sont précieusement conservés dans des traités, il ne faut pas oublier que chaque temple est le fruit de la pensée, de l’organisation et de la dévotion, et que la beauté des édifices sacrés est en grande partie l’œuvre d’artisans anonymes. En définitive, ils sont créés par l’ensemble d’une société ou, comme beaucoup le croyaient et le croient encore, par les dieux eux-mêmes révélant en rêve aux hommes les plans sacrés dont le fameux nombre d’or.

Rien à voir avec le geste architectural contemporain fort attendu et annoncé par certains dont notre Président, à « l’assaut du conservatisme », pour la reconstruction de la cathédrale. Espoir assez curieux d’une société en quête de génie prétendant inventer l’avenir sans vraiment bien connaître et respecter le passé, voire en le résumant sans beaucoup d’attention ni de considération et ce souvent sans connaissances bien affirmées.

Une société où tout le monde sait tout et où tout se vaut, société qui semble croire avoir tout compris, peut-elle raisonner autrement ? A chacun son interprétation, tel l’écrivain alpiniste Sylvain Tesson qui nous dit non sans originalité : « Peut-être que l’époque ne méritait pas cette flèche. Elle ne s’est pas effondrée. Elle s’est soustraite au carnaval. »

Histoire d’alimenter la confusion, confondre innovation à tout prix et créativité, respect du patrimoine, respect du message des bâtisseurs de cathédrales et conservatisme est tout à fait consternant !

Ecrit par Dominique Mirassou


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