Bordeaux
Marie Quillet a suivi pour Bordeaux Gazette, deux soirée du FIFIB et elle nous fait part de son ressenti sur ces deux soirées. Elle s’attarde sur la soirée du 15 qui est une nouvelle rubrique du Festival.
La soirée du 14 Octobre du FIFIB se déroula sous le signe de la musique française. Mais ici, point de Jacques Brel, d’Edith Piaf ou de CloClo. Cette soirée était dédiée à la French Touch. Mouvement musical 100 % made in France, ce qui deviendra la French Touch est née dans le début des années 90 et donnera naissance aux Daft Punk, Justice, Air et bien d’autres… Mais, si vous désirez en savoir plus sur cette petite révolution musicale, alors jetez-vous sur Touche Française.
Touche Française est une petite websérie de 12 épisodes réalisée par François Tatin et écrite par Guillaume Fédou, disponible sur le site Arte Creative.
Marquant le début de cette soirée, la série retrace la vie de la French Touch, passant au peigne fin chacun de ses plus grands groupes et DJ.
Petite cerise sur le gâteau, les titres les plus emblématiques du mouvement sont reprit de façon très originale à chacun des épisodes. Vous vous surprendrez à dodeliner de la tête aux rythmes de morceaux aussi indémodables qu’entraînants. On en ressort avec un doux sentiment de nostalgie et un grand sourire aux lèvres.
Si le 14 Octobre est la soirée de l’électro, c’est avec du Philip Catherine que l’on est accueillit pour la soirée du 15 Octobre. S’en suit une présentation franchement sympathique de ce que l’on va voir : une sélection de 9 courts-métrages du Festival du Film de Fesses (ou FFF pour les initiés). Avec un tel nom de festival et son objectif visible de décomplexer le sexe à l’écran, autant vous dire que l’ambiance est des plus joyeuse. Et cette ambiance presque bonne enfant perdurera durant toute la projection des courts-métrages. Sans plus attendre donc, passons à la revue de ces neuf petits films.
Préhistoric Cabaret de Bertrand Mandico
Une femme, habillée d’un tailleur rouge percé d’une ouverture au niveau de ses fesses, présente une mini-caméra d’un genre nouveau à des hommes assient à la table d’un cabaret. Elle clame que cette technologie permet de voir au-delà des organes. S’en suit bien évidemment une démonstration de la dite-caméra. S’insérant l’objet en elle par l’ouverture anale de son tailleur, la femme fait son show comme une strip-teaseuse, non sans se délecter de la jouissance qu’elle éprouve. Le tout est étonnamment drôle à voir, la mise en scène servant parfaitement cette vision grotesque que le cabaret peut avoir de la sexualité. Paroxysme atteint lorsque la caméra ressort par la bouche de la femme. Cependant, la fin laisse un goût amère. Cette femme se retrouvant seule et délaissée par son public comme le serait une prostituée après avoir vendu son corps à son client.
Cyprienne d’Angèle Beraud
Des corps entrelacés bougeant au rythme effréné d’un rapport charnel sur des chuchotements. Ainsi pourrait-on décrire ce court-métrage. Si la direction artistique fait ressembler les images à des peintures en noir blanc, certes magnifiques, cette même direction artistique a de quoi déranger. D’une part car les chuchotements sont difficilement audibles et retirent donc une partie de la compression de l’œuvre. Et d’autre part, non pas des moindre, par de violents flash blancs lumineux s’invitent en plein milieu du film. Le tout fait plus ressembler Cyprienne à un test de Rorschach à faire défaillir un épileptique.
Family Business de Mud
Ou l’art de faire passer le jardinage pour quelque chose de sexuel. Oui, oui, vous avez bien lu. Dans ce film, on suit un homme et une femme, jamais totalement montrés, qui jardinent de façon clairement phallique. Tantôt elle caresse le manche de son marteau, puis il caresse la chaussure à talon, le confondant avec un clitoris, et enfin ils creusent et retournent la terre… Le tout se termine symboliquement par des graines plantées dans le sol et dont une, se retrouve à pousser dans le nombril du personnage masculin. C’est rigolo, symbolique et proche de la nature. Bref, c’est frais et ça montre que l’on a tous un esprit pervers.
Prawn Orgy de Momoko Seto
Une dizaine de crevettes, étendues l’une derrières l’autre sur une table, bougent d’avant en arrière sur des bruits d’orgies avant de changer de sens pour recommencer de plus belle. C’est court, c’est simple, c’est absurde. Un ovni hilarant auquel personne ne s’attendait.
Flowers and Bottoms de Christos Massalas
Une succession de fesses et de fleurs. Tantôt dedans, tantôt à côté, on y retrouve tout type de fleurs dans tout plein de situations possibles et imaginables. Le tout, pour finir sur un homme, laissant un message à une femme, demandant si elle a bien reçu les fleurs qu’il lui a envoyé. Bien qu’intéressant, ce film aurait gagné à être raccourcit un peu. Car là, au détriment de ce qu’il veut faire passer, il en devient long et un peu ennuyeux, à tel point que la finalité arrive comme un cheveux sur la soupe. Cheveux dont on préférait qu’il soit le début plutôt que la fin.
Daphné ou la belle plante de Sébastien Laudenbach et Sylvain Derosne
La vie d’un arbre assimilé à une strip-teaseuse qui raconte en off son travail. Au fur et à mesure que l’arbre vit puis se fait découper, la femme raconte son métier, son rapport à la sexualité et l’amour. Les hommes, symbolisés par les burins travaillant le bois illustrent ceux qui la regardent et la payent. L’arbre devient sculpture et la femme termine son histoire en concluant que l’amour ne tue pas et que, lorsque l’on sait ça, alors on peut tout faire, on est invincible, on ne craint rien. Un beau message porté par des images et une animation absolument magnifiques.
Jennifer & Tiffany de Momoko Seto
Après les crevettes, c’est au tour d’une huître et d’une moule de rencontrer les plaisirs charnels. Le réalisateur reprend ici la même recette que pour Prawn Orgy. Des bruits de relations et jouissances féminines sur une moule taquinant une huître. On s’étonne, on s’amuse et on comprend alors étrangement pourquoi l’organe féminin est parfois comparé un fruit de mer.
While the Unicorn is watching me de Shanti Masud
L’après-midi d’un homme qui, allongé dans son lit, se met à fantasmer sur une orgie masculine bachique. Plus précisément, il en vient à se souvenir de ce qui semble être son amant favori et finit par jouir. Il y a comme un petit air de Satyricon de Fellini dans ce film, tant dans l’esthétique que dans une certaine mise en scène. Impossible de savoir si c’est fait exprès ou pas mais c’est toujours plaisant à voir.
Fanfreluches et idées noires d’ Alexis Langlois
Un délire sous acide lubrique. C’est la seule chose qui me vient à l’esprit pour expliquer ce film. Avec ses 28 minutes, il est le plus long de tout les court-métrages de cette soirée. Dans un appartement vide, des gens rentrent de façon joyeuse. Ces personnes ne semblent avoir rien en commun. Il y a des jeunes, des moins jeunes, une vieille dame tricotant, un jeune homme qui passe son temps à lire, une fille qui ne fait que parler de ses problèmes de cœur, et j’en passe. Tout ce beau monde s’amuse, rit et s’envoie en l’air. Soudain, ils se disputent de la nourriture comme dans chiens affamés. Puis, après une danse grotesque, tout le monde s’écroule et s’endort devant un film d’horreur angoissant. Mélange de tout et de rien, ce film mériterait largement d’être coupé par moment. Il s’étire en longueur pour pas grand chose et laisse une impression de mélancolie et de tristesse indéfinissable.
Cette nuit rose se termine donc sur une note douce-amère.
Et pourtant, ça n’enlève rien à l’amusement et l’intérêt éprouvé durant ces 9 petits films. Les spectateurs se sont livrés à de véritables montagnes russes d’émotions, allant du rire à l’incompréhension.
Au final, c’est ce que l’on retiendra de ces deux jours : le plaisir décomplexé d’être ensembles, de découvrir, de partager des choses avec des inconnus avant de finalement retourner à nos petites vies.
Jusqu’à la prochaine soirée du FIFIB.

Ecrit par Marie Quillet
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