Bordeaux
De plus en plus de Bordelais s’arment de sacs à poubelles et de gants afin de s’adonner à des « clean walk ». Des volontaires choisissent de ne pas rester stoïque face à l’accumulation de déchets, ils se rassemblent et nettoient les rues de la métropole.
« Le dimanche, avec les enfants, on prend des sacs-poubelles et on nettoie la forêt et les rues autour de chez nous. C’est devenu une sortie familiale ! » s’amuse Marjorie, 45 ans. Depuis quelques mois, l’agent de recouvrement effectue régulièrement des « Clean walk », ou ramassage en français. Il s’agit d’initiatives citoyennes : un regroupement de personnes s’organise, et ensemble, ils nettoient des lieux publics pour lutter contre les déchets sauvages. À Bordeaux, ces actions se popularisent de plus en plus depuis la rentrée dernière. L’une des causes ? Les confinements de 2020, durant lesquels beaucoup, comme Marjorie, ont découvert ou redécouvert les vertus de la promenade quotidienne, et, avec elle : un constat. Les rues ne sont pas toujours propres.
Sur Facebook, quelques groupes bordelais consacrés au nettoyage citoyen ont vu le jour. Les utilisateurs y publient des appels à se réunir, des photos de leurs marches, de leurs récoltes, ou encore des images de rues et forêts polluées de déchets. « Je nettoie ma ville #Bordeaux » est l’un de ces groupes. Fondé fin novembre par Amandine Philippe et son conjoint, Maxime Munier, il a très vite rencontré un succès. « Durant le premier confinement, nous nous baladions régulièrement à Bordeaux Lac, et avions été choqué par la quantité de déchets. » explique Amandine. Après quelques mois, ils prennent l’initiative d’acheter des pinces et de nettoyer par eux-mêmes ce qu’ils peuvent. « Ceux qui nous voyaient faire nous félicitaient et nous demandaient si nous faisions partie d’une association, ou d’un collectif, et s’ils pouvaient se joindre à ce mouvement. Alors nous avons créé la page Facebook ». « Un excellent moyen d’inciter et de motiver ceux qui n’osaient pas faire des clean walk jusqu’à maintenant, ou qui ne voulaient pas le faire seul » estime Marjorie.
- Immondices abandonnés
Pour organiser une clean walk*, rien de plus simple. Les membres du groupe postent un message, proposant à qui le veut de les rejoindre telle date, dans tel quartier de Bordeaux. Certains ont investis dans des outils, qu’ils mettent à disposition lors des marches. Amandine et Maxime se sont munis de pinces, d’autres possèdent des filets, essentiel pour nettoyer la Garonne ou le lac. L’indispensable est le sac-poubelle. « En à peine une heure, mes enfants et moi en remplissons plusieurs » déplore Marjorie, « Beaucoup estiment que les déchets qui sont dans la rue ne les
concernent pas, que ce n’est pas à eux de les ramasser. C’est dommage, si tout le monde jetait à la poubelle ce qu’il y a autour de soi, le paysage serait bien différent ». Les déchets les plus ramassés par les volontaires dans les rues, ou dans les paysages plus ruraux, sont, le plus souvent des bouteilles, canettes, mégots de cigarette, mais aussi des couches, serviettes ou encore des chaussettes. « Une fois, nous avons passé des heures à retirer autour d’un banc, des capsules de bouteille de bières et des cigarettes, ancrées dans le sol. » regrette Amandine.
« Dans ma rue, j’ai vu la différence avant confinement et après confinement. » raconte Marie-Amélie, étudiante Bordelaise. « Les poubelles débordent, il y a des canettes partout, des sacs de nourriture à emporter. » Ses amies hochent la tête. « Et c’est dans tout Bordeaux. Quand je me promène sur les quais, ça me fait mal au cœur de voir des pigeons essayer de manger du plastique ou de voir un coup de vent emporter des déchets dans la Garonne. » explique Nolwenn. Mathilde elle, a même envoyé un courrier à la mairie de Bordeaux afin de se plaindre de la mauvaise gestion des déchets. Aucune réponse de la ville.
*promenade de nettoyage
Ecrit par Amandine Dargenton