Christine Peyrissac, propriétaire des lieux, animée par une réelle vocation « organise des événements qui permettent de découvrir la diversité des expressions artistiques contemporaines. Des expositions collectives alternent avec des micro-expositions dans la vitrine consacrées à une œuvre ». Pendant ces trois semaines de juin sur la vitrine de Rez-de- chaussée, l’œil est attiré par une des œuvres d’Alexis Varnier basée sur une photographie sérigraphiée sur plexiglass. Deux corps, ou une face et un dos, m’invitent à la douceur et à la mélancolie de la rencontre ou du couple. Peut-être n’était-ce pas l’intention de l’artiste, mais qu’importe cette œuvre à toute mon attention ?
Parlons de l’artiste Alexis Varnier. Il est né parisien mais il est aujourd’hui un bordelais des Chartrons. Devenu photographe en 1993, il fonde le studio AK, et devient correspondant de presse cinéma au Canada jusqu’en 2000. L’occasion pour lui de découvrir de nombreuses métropoles et leurs quartiers urbains divers soit "gentrifiés" soit lieux à l’abandon reconquis par des populations écartées ou en quête de nouvelles expressions ou encore d’une reconstruction société multiforme. Depuis 2004, il s’oriente vers les arts plastiques tout en ne lâchant pas la photographie mais en lui donnant une autre dimension, la 3 ème que l’on découvre avec les œuvres exposées chez Rez-de-Chaussée.

Ce projet de travailler la photographie pour la transposer sur du plexiglass, Alexis l’a imaginé il y a 6 ans afin de se rapprocher, notamment, du street art. « J’ai toujours trouvé intéressante une constante du street art : mettre en perspective une action dans un lieu en perpétuelle évolution, la superposer à un univers dense », nous explique-t- il. Alexis Varnier souhaite aussi revaloriser le travail du photographe portraitiste. Un long processus conduit à la réalisation de ses œuvres. Une photographie est travaillée sur un ordinateur pour décomposer l’image. Elle sera ensuite sérigraphiée point par point de façon différentielle pour chacune des 4 feuilles de plexiglas. La superposition de ces 4 plaques ainsi imprimées donne un effet de 3D. Les œuvres ici exposées vont par paire, travaillant sur l’impression différentielle d’un même portrait ou image, des émotions des ambiances différentes sont exprimées nostalgie, joie, etc. Le travail d’Alexis Varnier se différencie ainsi « de l’image de soi qui est partout et nulle part, mise en mémoire numérique » et souvent oubliée ne laissant que des traces toutes égales, la sur-expression des portraits numérisés, « selfisés, snapschatés ou encore facebookés à outrance, conduisant à une indifférence voire à une uniformisation totale de nos identités. Alexis Varnier travaille aussi sur commande pour réaliser des portraits à la demande, c’est ainsi qu’en complément de ses œuvres un studio de prise de vue opérationnel est installé à l’entrée de Rez-de- chaussée. La visite de cette exposition peut être l’occasion de bénéficier de son ou ses portraits sur un média singulier.