Bordeaux
A la surprise de certains, mais pas d’Alain Juppé qui en a fait un des piliers de son équipe municipale, Fabien Robert a été nommé dès le lendemain des élections au poste d’Adjoint à la Culture, tout en conservant la responsabilité de la mairie de quartier Nansouty-Saint-Genès. Bordeaux Gazette l’a rencontré pour faire le point, moins de trois mois après sa nomination.
Avez-vous été surpris par cette nomination ?
Alain Juppé m’avait demandé de réfléchir à une délégation thématique depuis plusieurs mois. Ce que j’ai fait et, avec le départ de Dominique Ducassou, j’ai proposé au Maire de m’impliquer sur cette délégation pour laquelle j’ai une appétence naturelle. Le 24 mars au matin, le lendemain de la victoire, dans son bureau, il m’a proposé de devenir son adjoint en charge de la Culture et du Patrimoine.
Votre prédécesseur Dominique Ducassou vous a-t-il donné quelques conseils ?
Dominique m’a soutenu oui et je crois que cela a influé sur le choix du Maire. J’ai toujours eu de bonnes relations avec Dominique pour qui j’ai beaucoup de respect : pendant 12 ans, il a été très investi et loyal à l’égard d’Alain Juppé. Nous avons en commun la pratique de la trompette…
Adjoint à la culture et Maire-adjoint de quartier, n’est-ce pas un peu lourd à porter ?
C’est en effet une lourde responsabilité mais je suis bien entouré (on ne fait pas de la Politique tout seul…) et j’ai pris mes dispositions pour être pleinement impliqué. Je suis un élu de terrain, j’aime le contact, je n’ai pas l’intention de rester dans mon bureau…
Qu’attend de vous Alain Juppé ? Avez-vous une feuille de route ?
Je suis actuellement dans une phase d’écoute, je dois rendre une feuille de route publique à la rentrée. Je ne veux pas pour le moment dévoiler le fond mais elle aura 3 objectifs :
écrire le récit de la politique culturelle bordelaise et en faire partager l’ambition.
rendre lisible une politique culturelle transversale et en fait l’un des éléments majeurs de la construction de la ville de demain, prenant en compte l’hétérogénéité de nos sociétés, tout en visant à reconnaître la diversité des cultures. Seule une telle visibilité suscitera l’adhésion.
permettre à Alain Juppé de présenter sa politique culturelle municipale et d’en faire l’un des piliers de son projet 2014 / 2020.
Où en êtes-vous de vos contacts avec les responsables culturels ? En tirez-vous déjà des enseignements ?
L’exceptionnelle attractivité de Bordeaux s’explique par sa qualité de vie. Le projet urbain en cours libère les énergies et redonne confiance à toute une population. Cette renaissance entraine une multiplication des projets mais aussi des attentes culturelles de la part de toutes les générations, bordelaises ou néo bordelaises.
Ce contexte spécifique à notre ville est un atout néanmoins bouleversé par une quintuple mutation :
économique : l’argent public rare
social : l’emploi artistique fragilisé
institutionnel : la création de la métropole et la réforme territoriale
sociétale : l’émergence de nouveaux modèles d’action culturelle transversaux et collaboratifs
identitaire : la tentation d’un repli sur soi face à une mondialisation mal comprise
Notre politique culturelle doit être réinterrogée à la lumière de ces changements, voire de ces menaces que nous devons transformer en opportunités. A la charnière entre deux mandatures, la ville doit analyser sereinement les forces et les faiblesses de son offre culturelle afin de faire faire des choix et de les afficher/assumer. Pour se faire, la ville de Bordeaux se dote d’une feuille de route.
Où en est l’idée d’organiser un grand événement culturel à Bordeaux ?
Joker… RDV en fin d’année.
Le cadre municipal n’est-il pas souvent trop étroit pour réaliser certains projets ?
Le cadre municipal de la politique culturelle est formé par les nombreux et remarquables établissements que nous comptons sur notre territoire. Il ne faut pas l’oublier et faire évoluer leurs actions pour demeurer en phase avec les nouvelles formes de création et attirer des publics toujours plus différents. Mais bien sûr, l’immensité du tissu culturel associatif et privé est une force avec laquelle je travaillerai pour bâtir la feuille de route.
La culture, domaine réservé de la gauche, qu’en pensez-vous ?
Je n’y crois pas un seul instant ! C’est une vieille idée, de la politique à l’ancienne… Et si la gauche le pense, cela explique peut-être le marasme dans lequel elle plonge la France au niveau national.
Le développement de la culture dans les quartiers est-il pour vous une priorité ?
OUI !!! Alors que l’offre culturelle est longtemps restée liée aux centres des villes, elle tend aujourd’hui à se développer dans tous les quartiers de la ville et de l’agglomération.
Bordeaux n’échappe pas à cette tendance. En quête d’identité et de singularité, les quartiers développent désormais d’authentiques évènements exigeants et innovants : Chahuts, Grand Parc en Fête, Festival Nomades, Queyries fait son cirque… La ville doit mieux articuler cette échelle de quartier avec sa politique culturelle globale.
Quelle est pour cette mandature, votre ambition culturelle pour notre cité ?
RDV lors de la présentation de la feuille de route…
Propos recueillis par Dominique Mirassou

Ecrit par Dominique Mirassou
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