Mérignac
La fédération de la Libre Pensée et l’amicale des anciens Guerrilleros espagnols co-organisaient en fin de semaine, à Mérignac, un colloque sur l’instruction publique en Espagne. Deux projections étaient proposées au Merignac-Ciné, suivies d’une conférence de clôture à l’auditorium de la médiathèque de Mérignac.
Alors que le gouvernement socialiste de José Luis Zapatero vient de céder sa place au Partido Popular de Mariano Rajoy, l’instruction publique espagnole reste profondément menacée. Gabriel García Voltà, docteur en histoire, livre son analyse du système éducatif du pays. Pour lui, le véritable problème du système espagnol se caractérise par le clivage social qu’il entretient : d’un côté l’École privée bénéficie d’un niveau extrêmement élevé, alors que d’un autre côté l’École publique perd de sa notoriété. Depuis quelques années, outre les suppressions massives de postes d’enseignants, l’institution publique traverse une crise profonde qui remet en cause son fonctionnement global : « trop d’élèves redoublent, l’école publique n’arrive pas à assurer le niveau qu’elle devrait avoir ». Et face à cette marginalisation de l’École publique, les Espagnols qui peuvent se le permettre préfèrent intégrer leurs enfants dans le privé : « si j’avais des enfants à mettre à l’école en Espagne, je les mettrais dans le privé », avoue Gabriel García Voltà.
Il faut aussi comprendre la religion garde une place largement dominante dans l’enseignement. Et c’est ici que Gabriel trouve l’origine du malaise qui frappe le système éducatif espagnol : « quelque soit sa religion, chaque espagnol paie chaque année environ 200€ à l’Église catholique via ses impôts ». Or, comme en France, l’Église catholique reste étroitement liée à l’École privée. Aussi, cette dernière bénéficie d’un soutien de l’État qui, ajouté au prix qu’elle requiert, lui permet de distancer l’École publique espagnole. Et qu’il ait été socialiste ou qu’il soit aujourd’hui de la droite conservatrice, le gouvernement espagnol ne s’en inquiète pas puisque « tous ses membres ont leurs enfants dans des écoles privées ». Enfin, l’ancien enseignant compare le système français au système espagnol : « l’École publique française est incomparable à l’École publique espagnole, je n’ai jamais trouvé le même niveau en Espagne », note-t-il. Et c’est justement ce qui alarme les enseignants français, le système éducatif, longtemps exemplaire, tend à perdre de son prestige. Aussi, en France, de la même manière qu’en Espagne, quand les écoles privées sous contrat reçoivent des aides financières de l’État alors que le budget de la fonction publique est ponctionné, les enseignants s’insurgent et s’inquiètent quant à l’avenir de l’Instruction publique.

Ecrit par Nicolas Pastor
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