Les politiques ont souvent la plume facile pour écrire leurs mémoires, à part que, souvent se sont des "nègres" qui font le "boulot", mais dans cet ouvrage il ne s’agit pas de mémoires mais d’une espèce de pêche aux souvenirs qui s’apparente à l’exercice du divan. C’est Hervé Mathurin qui a endossé le rôle de l’analyste et Jacques Respaud celui de l’analysé avec droit de regard sur ses réponse pour après soit les amender, soit les repréciser voire les expliquer. Laissons la parole à l’équipe éditoriale de la collection qui motive son choix de collection pour "Ma vie, mon œuvre" des Dossiers d’Aquitaine Editions : Ces adjoints fondés de pouvoir, bras droits et seconds rôle, une fois leur action terminées, disparaissent des écrans radars. Plus le moindre mot dans la presse écrite, plus la moindre interview dans les médias télévisées. Et pourtant, ces auxiliaires, ces lieutenants, ces suppléants ont parfois beaucoup plus œuvré que le chef en titre qui souvent se contente de récolter les fruits mûrs d’une campagne. Ces hommes ou ces femmes, pour la plupart, sincères et fréquentables, engagés dans des combats quotidiens aux dépens souvent de leur vie familiale ou de leur avancement personnel, méritent plus qu’une attention polie. Voilà en ce qui concerne l’exposé des motifs.

Voyons ce que dit Hervé Mathurin de Jacques Respaud : "Mais au gré de nos diverses rencontres, j’avais découvert un homme politique comme je les aime : présent sur le terrain, travailleur , peu porté sur l’esbroufe et bien entendu honnête. De surcroît, sa présence au cœur de l’actualité bordelaise bien avant l’arrivée d’Alain Juppé, en faisait un témoin précieux de la vie politique de ces trente dernières années, l’un des rares encore en activité à avoir été élu sous le mandat de Jacques Chaban-Delmas. Il y avait donc matière à de riches entretiens, car telle était ma seule exigence, engager un dialogue avec l’homme et non écrire à sa place". Le livre fourmille de détails et de précisions sur aussi bien la vie personnelle de Jacques Respaud que sur sa vie politique avec une chronologie des faits suffisamment précise pour que l’on puisse reconstituer près de 30 ans de la vie politique bordelaise avec les noms qui ont éclairé cette période, Chaban en premier lieu et puis François Xavier Bordeaux et il cite " Les discussions en Conseil entre Chaban et François Xavier Bordeaux étaient pires qu’entre Juppé et Matthieu Rouveyre ou Jacques Respaud ." Il éclaire les rapports complexes que le PS bordelais a toujours eu avec ses militants et ses leaders. Au fil des pages des noms apparaissent comme Catherine Lalumière avec l’irruption de Gilles Savary dans le paysage politique bordelais en 1994, plus près de nous Michèle Delaunay, Emmanuelle Ajon, Vincent Feltesse et bien d’autres, c’est une source de renseignements pour ceux qui s’intéresse à la vie politique de Bordeaux à travers aussi une riche iconographie qui illustre l’ouvrage.

Si Jacques Respaud est celui qui débute cette collection , c’est qu’il entretien depuis fort longtemps des bonnes, voire d’excellentes relations de voisinage avec les dossiers d’Aquitaine qui invités, ont assisté à la première galette républicaine de Jacques Respaud (vous apprendrez ce que c’est et d’où çà vient, en lisant le livre), mais déjà le second tome de la collection est prêt à paraître et le troisième est en gestation avec toujours la même démarche d’un élu ayant un lien fort avec son territoire et interviewé par Hervé Mathurin comme il se doit. Ainsi c’est un livre promenade entre la vie publique de l’homme et la vie personnelle de Jacques qui sans langue de bois évoque ses amitiés et ses réticences vis à vis de certains. Un document pour mieux connaitre l’homme et les événements de la période qu’il a traversé et en ce qui concerne l’avenir il croit fort peu en la réussite d’un Vincent Feltesse pour la mairie de Bordeaux.
Jacques Respaud
un socialiste de terrain
Les dossiers d’Aquitaine
ISBN 978-2-84622-264_8
128 pages
20€