Les bons et les méchants ???
Tout se passe comme une véritable guerre, guerre sans pitié entre pro et anti où toute tentative de mesurer et d’échanger des arguments est dès le départ vouée à l’échec.
Avec d’un côté un camp du bien, de l’ouverture, de l’amour du prochain, de la générosité, position occupée par bon nombre d’élites intellectuelles et politiques, le plus souvent de gauche, qui tirent sans vergogne un bénéfice moral important d’un positionnement, par ailleurs sans aucune contraintes ni exigences personnelles.
En face c’est le camp des réacs, des égoïstes, des mauvais sujets, qui rassemble le plus souvent des français de modeste condition qui vivent au plus près les aléas de cette cohabitation inter-ethnique, mais aussi des personnalités assez vite suspectées par les « bons », de xénophobie, de racisme et de fascisme, avant même d’avoir pu s’exprimer. Difficile dans ces conditions et dans un tel climat d’envisager d’aborder raisonnablement cette question.

Quel débat ???
Si la partie économique prédomine sans cesse dans tout débat concernant l’immigration, ses effets sociaux, religieux et politiques sont le plus souvent mis de côté alors qu’ils sont de loin les plus importants. Contrairement à ce que disent certains adeptes du tout économique, une situation de plein emploi, par ailleurs fort peu probable, ne résoudrait pas les problèmes essentiels. De même que la complexité de l’analyse ne saurait se résumer à une approche morale, d’autant que l’ampleur du sujet, les trop nombreuses pseudo-analyses partisanes ne font que masquer la réalité d’aujourd’hui et ce qui est certainement beaucoup plus important, celle de demain.
Allons-nous encore dans ce domaine continuer à fermer les yeux sans nous soucier de l’avenir de notre société et de nos enfants, sans être capables d’affirmer que, si la diversité nous enrichit et s’avère même dynamisante et indispensable, les conditions dans lesquelles elle s’organise, l’équilibre des civilisations, doivent être repensés par des êtres responsables et cultivés pour qui l’histoire enseigne que c’est la préservation des identités de chacun qui est source de richesse pour tous.

Identité malheureuse ou heureuse ???
Alain Finkielkraut, auteur de l’ « Identité malheureuse », tout en ne faisant pas du modèle européen un modèle idéal, s’inquiète pour l’identité des nations européennes au point de se demander si, dans un monde qui proscrit l’élitisme culturel au nom de l’égalité, il est encore possible d’hériter et de transmettre.
Alain Juppé, adepte ou du moins en quête de l’ « Identité heureuse » souhaite, tout en combattant le communautarisme, un pouvoir fort et déterminé ainsi qu’une politique d’immigration clairement définie afin de réussir l’intégration tout en préservant l’identité de la France et son évolution.
La différence entre un état des lieux lucide mais quelque peu pessimiste du philosophe et la détermination de l’homme politique décidé à agir nous prouve bien que la complexité du sujet mérite beaucoup mieux que les querelles démagogiques et totalement improductives auxquelles nous assistons, et que l’angélisme de certains ne sera d’aucun secours.
Contrairement à la pensée commune, tout ne saurait être résolu grâce à la soi-disant « bien pensance » et à la bonne volonté, bien au contraire…. Regarder les choses en face, ne céder ni à la peur ni à la fureur, arrêter d’énoncer des platitudes évasives, en un mot, avoir du courage, devient urgent. L’immigration musulmane conduit logiquement et inévitablement à un remodelage de l’Occident, il est peut-être temps de s’y intéresser avec responsabilité et sens de la mesure, car maîtriser cette évolution avant que les passions irraisonnées ne s’en chargent ne serait pas un luxe !!!