Bordeaux
« Matteo ». Pendant des années, c’est sous cette enseigne que Samuel Maingeau a tenu un restaurant rue de la Merci. L’affaire tournait bien. Beaucoup se seraient contentés d’en profiter tranquillement. Mais Sam, comme tout le monde l’appelait, trouvait un peu limité de servir des plats de pâtes qui faisaient le bonheur des filles qui fréquentaient son établissement mais le laissaient un peu sur sa faim sur le plan de la création culinaire.
L’ ami Sam décida de tout quitter pour entreprendre un tour du monde. Mais un tour du monde un peu particulier : grâce à la complicité de Jean-Pierre Xiradakis, il put rencontrer des chefs dans toutes les villes qu’il visita, il put rencontrer des chefs réputés. Non pour leur piquer des recettes mais pour trouver des pistes à explorer pour inventer des mariages du goût innovants ou inattendus. De retour sur les bords de la Garonne, Samuel fait un petit passage à « L’Orangerie » du Jardin Public, puis , en mars 2012, il décide d’ouvrir un nouveau restaurant.
- Elvis Sam
- photo Antoine Lebègue
Après « Matteo » ce sera « Elvis » ; et la rue des Piliers de Tutelle au lieu de celle de la Merci. Un nom qui surprend quand on découvre la sobre élégance de la petite salle : 28 couverts, pas un de plus. Pourquoi ce nom ? « Pour des souvenirs personnels », répond simplement Samuel. Il est vrai que des souvenirs, les murs de la salle en sont pleins avec de superbes photos qu’il a prises au cours de son tour du monde. Toutefois, ce n’est pas par une note d’exotisme que les convives sont accueillis. La première étape, au bar, leur permet de choisir le vin qui accompagnera le repas. Samuel Maingeau propose une sélection de crus intéressants pour leur rapport qualité/prix. Une sélection somme toute assez réduite mais qui ne se limite pas aux seuls bordeaux. Ainsi en blanc sec un joli Mercurey se prêtera à de nombreux accordes du goût. Pour que les clients puissent choisir en toute connaissance, ils leur offrent une petite dégustation, qu’il agrémente d’explications. Courtes s’il voit que ses interlocuteurs en savent plus que lui su la question ; détaillées, s’il sent qu’ils désirent en savoir plus sur le vin ou sur son producteur. Il n’hésite pas non plus à dire comment il a découvert ces vins. Parfois dans une manga comme le château Poupille, dans les Côtes de Castillon. Instant de convivialité, le choix du vin est une excellente entrée en matière. La suite ne déçoit pas avec une service parfait qui a su trouver le ton juste avec ce qu’il faut de classe et de simplicité. Puis la vraie surprise est dans l’assiette : un zeste d’huile d’olive et quelques herbes aromatiques bien choisies transforment le goût du magret ; la ventrèche sublime la salade de pommes de terre de l’île de Ré. Subtiles et innovantes, les alliances des saveurs prouvent que Sam a su tirer le meilleur de ses rencontres de chefs autour du monde. Plus encore que les photos accrochées aux murs , le contenu des assiettes est une invitation au voyage. Même si le dessert fétiche de Samuel Maingeau, le petit suisse au nutella, ramène au temps de « Matteo ».
ELVIS
13 Rue Piliers de Tutelle
33000 Bordeaux
05 56 81 85 79
Du mardi au samedi
Menus à 16 (midi) et 19 €

Ecrit par Antoine Lebegue
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